Samedi, octobre 25, 2025

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Depuis des années, le Parti socialiste est un parti politique de piètre envergure. Il s’est fait dépasser à gauche par Jean-Luc Mélenchon. Ce parti sera-t-il en mesure de rebondir et redevenir une force politique comme ce fut le cas dans le passé? L’observateur de la politique française Ghislain Benhesa a accepté de répondre à mes questions.

Entretien

Simon Leduc : Quel est l’état de la situation chez le Parti socialiste français?

Ghislain Benhessa : « Il est pris en étau entre le centre macroniste, où plusieurs socialistes ont joint ses rangs, et la France insoumise de Jean-Luc Melenchon. Celui-ci est allé chercher le soutien de la gauche qui est en rupture avec l’ordre établi. Donc, les socialistes sont victimes de leur social-démocratie. Il faut savoir que le PS n’a jamais vraiment tranché entre le socialisme et la sociale démocratie. Il y a toujours eu deux lignes idéologiques à l’intérieur du PS qui ont cohabité. Il y a les sociaux-démocrates à la sauce François Hollande, qui est une gauche de gouvernement, et une gauche radicale qui soutient maintenant M. Mélenchon. Alors, le PS est devenu une force politique avec des élus à tous les paliers politiques, mais un tiers parti sur le plan électoral comme les Républicains à droite.

Le bloc centriste du président Macron est en perte de vitesse dans les sondages. Pensez-vous que le PS pourrait reprendre une partie de l’électorat de centre gauche qui a soutenue le président sortant depuis 2017?

Ghislain Benhessa : « Emmanuel Macron n’a jamais été aussi impopulaire auprès des Français. Aujourd’hui, le macronisme est crépusculaire et son avenir semble vraiment sombre. Les socialistes vont tenter de récupérer une partie des électeurs déçus de Macron en prévision de la prochaine présidentielle. Mais, la France insoumise est bien implantée sur le front gauche. Le PS se cherche une direction et il préfère appuyer des candidats insoumis que de ceux de la macronie lors d’élections législatives. C’est la formule officielle du PS. Il y a encore des accords électoraux potentiels avec les LFI. Or, si le macronisme meurt, peut-être que la gauche classique va se recentrer afin de pouvoir séduire une partie des progressistes modérés qui soutenaient Macron.

Le premier secrétaire du PS Oliver Faure est du côté du Nouveau front populaire dominé par les LFI. Si le camp centriste disparaît, il faut se demander si M. Faure va rester un satellite des LFI, dans le front de gauche, ou s’il voudra que le PS redevienne un parti puissant en récupérant les ruines de la macronie. Dans ce scénario, le PS pourrait aspirer au pouvoir comme auparavant.

Quels sont les noms qui circulent dans le camp socialiste en vue de la prochaine élection présidentielle?

Ghislain Benhessa : « Tout d’abord, il y a Olivier Faure qui est le premier secrétaire du PS. Autrefois, la personne qui occupait cette fonction était le leader de la gauche. Par exemple, dans les années 80, François Mitterrand a été président de la République (1981-1995) et premier secrétaire du PS en même temps. M. Faure est un jeune homme politique qui n’est pas encore une figure charismatique dans les milieux français. Selon moi, ce dernier n’est pas un ténor de la gauche politique française. Il n’a ni le charisme ni l’autorité naturelle capable d’imposer le PS à la hauteur de Mélenchon et des insoumis. Mélenchon est devenu le patron de la gauche en vampirisant une partie de la partie dure. M. Faure vit sous l’aile du dragon qui est le leader de la gauche radicale. Oliver Faure sera-t-il en mesure de s’émanciper de Mélenchon et ainsi se faire une stature qui lui permettrait de rivaliser avec les LFI? Pour l’instant, ce n’est pas le cas.  

En ce moment, il y a deux clans au sein de la gauche française. Il y a les LFI qui représentent la gauche dure et un mouvement progressiste moderne, européen et urbain qui essaient de se démarquer. Cette dernière est adulée par les médias de masse. Raphaël Glucksmann émerge comme l’éventuel leader de cette gauche urbaine.

M. Glucksmann est un adolescent sympathique. C’est-à-dire qu’il est un fil de bourgeois. Son père, André Glucksmann, est un philosophe français proche de Bernard Henri Lévy. Ce dernier est un philosophe pro-américain et il a soutenu Nicolas Sarkozy en 2007. Son fils est né dans ce milieu et il a étudié dans les bonnes écoles françaises. Cet homme politique a été très déçu du clan Sarkozy et il a rejoint la gauche. C’est un homme de gauche mondialiste qui est très favorable à l’Union européenne. Il a dit qu’il se sentait plus à l’aise à New York qu’en Picardie (une région de France). Son milieu culturel est la gauche très mondialiste et il est très enraciné dans cette idéologie. Il se voit plus comme un citoyen du monde que Français. Il considère que le RN est une menace pour la France. Pour lui, le péril français est davantage le RN que la menace islamiste. Il représente une gauche très européenne, pro mondialisation, urbaine et très hostile au RN. Raphaël Glucksmann a participé à l’élaboration d’un mouvement politique qui s’appelle Place Publique qui est favorable à l’UE, à la démocratie participative et à une gauche transnationale ouverte sur le monde.

Il est député européen depuis 2019 à la tête d’une gauche moderne. C’est un progressiste de centre gauche mondialiste. Il représente assez bien une gauche macroniste qui est partie chez Macron en 2017. Ce dernier obtient environ 15 % des voix dans les sondages, car c’est une roue de secours pour les macronistes déçus de Macron. Glucksmann est un visage d’une gauche moderne, centriste et rajeunie. Elle est populaire dans les zones urbaines et chez les médias de masse. S’il devient candidat du PS lors de la prochaine présidentielle, il sera en mesure de séduire l’électorat urbain, mais il aura de la difficulté d’obtenir des appuis de la France périphérique et des zones rurales. Son manque d’expérience en politique française (il n’a jamais occupé de postes électifs en France) pourrait lui nuire dans sa possible quête de l’Élysée. Il aura fort à faire pour combattre Jean-Luc Mélenchon qui est déjà très bien implanté à gauche. »

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Simon Leduc
Simon Leduc
Titulaire d'un Baccalauréat en science politique a l'Université de Montréal. Il est chroniqueur et journaliste pour Libre Média, le Podcast Ian et Frank et de Québec Nouvelles. Vous pouvez le suivre sur Facebook.

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