Un chef affaibli, mais déterminé à rester
Malgré une chute marquée dans les sondages et une contestation croissante au sein de son propre parti, François Legault affirme toujours son intention de demeurer chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) jusqu’aux élections de 2026. En juin 2025, le premier ministre a déclaré qu’il comptait être candidat au prochain scrutin, sans poser de condition à la poursuite de son mandat à la tête du gouvernement et de la formation politique.
Cette position publique s’inscrit en rupture avec les déclarations antérieures de François Legault, qui avait déjà évoqué l’idée de ne pas faire plus de deux mandats, laissant planer la possibilité d’un départ avant la fin de la législature actuelle.
Des sondages défavorables et un climat interne tendu
L’environnement politique dans lequel évolue le chef caquiste est de plus en plus défavorable. Les sondages publiés en 2025 montrent une CAQ reléguée derrière le Parti québécois et le Parti libéral du Québec, et parfois même au quatrième rang, derrière le Parti conservateur du Québec, avec des appuis qui descendent autour de 11% à l’échelle nationale. Dans certains modèles de projection, cette érosion se traduit par la possibilité que la formation perde une large majorité de ses sièges, voire qu’elle soit totalement absente de l’Assemblée nationale si la tendance se maintient jusqu’en 2026.
Dans ce contexte, des députés caquistes, cités anonymement dans les médias, reconnaissent que François Legault devra « réfléchir à son avenir » dans les prochains mois. Des élus et stratèges internes s’interrogent ouvertement sur la capacité du chef à renverser la tendance, ce qui alimente en coulisses le débat sur une éventuelle transition à la direction du parti.
Une fenêtre de démission évoquée pour 2025–2026
Selon des informations relayées par différents médias et analystes politiques, une fenêtre jugée critique pour un éventuel départ de François Legault s’étendrait de la fin de l’année 2025 au début de 2026. L’hypothèse la plus souvent avancée est celle d’une décision annoncée durant ou peu après la période des Fêtes, afin de permettre l’organisation d’une course à la chefferie et l’installation d’un nouveau chef suffisamment tôt avant l’élection générale prévue à l’automne 2026.
Certains commentateurs mentionnent aussi la possibilité d’une annonce au printemps 2026, ce qui raccourcirait toutefois le calendrier pour le successeur et pourrait limiter sa capacité à imposer son leadership avant l’entrée officielle en campagne. Dans tous les scénarios, le paramètre central demeure le temps nécessaire pour mener une course interne, organiser un congrès et repositionner la marque politique de la CAQ auprès de l’électorat.
L’usure du pouvoir et les facteurs de départ
Plusieurs éléments structurels alimentent l’hypothèse d’une démission éventuelle. Après plus de sept ans au pouvoir, la CAQ fait face à une fatigue de l’électorat, à des niveaux élevés d’insatisfaction et à un contexte budgétaire qui limite la capacité du gouvernement à offrir des mesures populaires avant la prochaine élection. Des chroniqueurs soulignent que les marges de manœuvre financières restreintes empêchent le premier ministre de recourir à des gestes spectaculaires susceptibles de changer rapidement la dynamique politique.
De plus, l’entourage politique de François Legault s’est transformé. Certains alliés clés ont quitté la scène ou se sont faits plus discrets, renforçant l’impression d’un chef plus isolé qu’au début de son ascension. Dans ce contexte, plusieurs analyses évoquent la possibilité qu’une « sortie honorable », avant une éventuelle défaite électorale majeure, puisse apparaître comme une option rationnelle pour le premier ministre et son parti.
Un frein majeur : l’absence de dauphin incontesté
Malgré ces pressions, un élément central milite en faveur du statu quo : la CAQ ne dispose pas d’un successeur évident capable de rallier les différentes composantes de la coalition. Le parti regroupe à la fois des élus issus des milieux nationalistes et d’anciens libéraux fédéralistes, ce qui rend délicate toute transition à la direction.
Des noms reviennent régulièrement dans les spéculations, notamment celui de Simon Jolin-Barrette, souvent associé à l’aile nationaliste, ou ceux de Geneviève Guilbault, Sonia LeBel et d’autres figures perçues comme plus proches de l’aile fédéraliste. Toutefois, aucun de ces candidats potentiels ne s’impose clairement dans l’opinion publique, et une lutte ouverte pourrait accentuer les lignes de fracture internes.
Un parti qui s’est déjà préparé à la succession
Les révélations récentes sur la préparation, dès 2023, d’un projet de règles détaillées pour une éventuelle course à la chefferie illustrent que la CAQ a déjà envisagé concrètement le scénario d’un départ de François Legault en cours de mandat. Des documents internes, dont le contenu a été présenté dans un segment radiophonique, décrivent un mécanisme de vote préférentiel à plusieurs tours, avec obligation pour le futur chef d’obtenir la majorité absolue des voix.
Ce projet, élaboré par plusieurs responsables du parti, n’a jamais été officialisé par l’exécutif national, mais il fournit une base opérationnelle qui pourrait être activée rapidement si le chef annonçait son retrait. Il démontre également que, malgré les déclarations publiques de François Legault, l’organisation a déjà réfléchi à la gestion de l’après-Legault et aux conséquences d’une course de succession sur la cohésion de la coalition.
Un avenir encore incertain
À ce stade, aucune décision formelle de démission n’a été annoncée, et François Legault continue de répéter qu’il entend mener sa formation en vue des élections de 2026. Cependant, la combinaison de sondages défavorables, de pressions internes et de scénarios déjà esquissés pour une course à la chefferie maintient ouverte la question de son avenir à la tête de la CAQ.
Les prochains mois, en particulier la période couvrant la fin de 2025 et le début de 2026, seront déterminants pour l’évolution de ce rapport de force entre un chef qui souhaite demeurer en poste et un parti qui doit arbitrer entre loyauté, survie électorale et gestion de sa propre succession, dans un contexte où certains modèles vont jusqu’à envisager une CAQ réduite à zéro siège en 2026 si la chute dans l’opinion se confirme.


