Dans une allocution musclée, la première ministre albertaine Danielle Smith a dévoilé un plan ambitieux pour protéger sa province contre ce qu’elle considère comme des politiques fédérales hostiles, tout en ouvrant la porte à un référendum potentiel sur la souveraineté en 2026.
Visiblement exaspérée par les résultats des récentes élections fédérales, Smith a annoncé la création d’une équipe spéciale de négociation pour établir un « Alberta Accord » avec le gouvernement fédéral, visant à garantir l’autonomie économique de la province.
Les quatre demandes de l’Alberta
La première ministre a présenté quatre revendications majeures que son équipe de négociation portera à Ottawa:
- Un accès garanti aux ports des trois côtes canadiennes pour l’exportation des ressources albertaines
« L’Alberta exige un accès garanti à des corridors et à des ports donnant sur les côtes du Pacifique, de l’Arctique et de l’Atlantique pour l’exportation internationale de son pétrole, de son gaz, de ses minéraux critiques et de ses autres ressources, en quantités déterminées par le libre marché, et non par les diktats et les caprices d’Ottawa. » - L’abrogation de toutes les lois fédérales interférant avec le développement des ressources provinciales
« Le gouvernement fédéral doit mettre fin à toute ingérence fédérale dans le développement des ressources provinciales en abrogeant la Loi anti-pipeline (C-69), l’interdiction des pétroliers, le règlement sur l’électricité carboneutre, le plafonnement des émissions pétrolières et gazières, le mandat de véhicules carboneutres, ainsi que toute loi ou tout règlement fédéral prétendant encadrer les émissions industrielles de carbone, les plastiques ou la liberté d’expression commerciale des entreprises du secteur de l’énergie. » - L’interdiction pour Ottawa d’imposer des taxes ou restrictions sur l’exportation des ressources albertaines sans consentement provincial
« Le gouvernement fédéral doit s’abstenir d’imposer des taxes ou des restrictions à l’exportation des ressources de l’Alberta sans le consentement du gouvernement de l’Alberta. » - L’égalité des transferts fédéraux per capita avec les trois autres grandes provinces (Québec, Ontario, Colombie-Britannique)
« Le gouvernement fédéral doit verser à l’Alberta les mêmes transferts fédéraux et paiements de péréquation par habitant que ceux reçus par les trois autres plus grandes provinces, soit le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique. Nous n’avons aucun problème à ce que l’Alberta continue de subventionner les plus petites provinces selon leurs besoins, mais rien ne justifie que des économies aussi grandes et puissantes que celles de l’Ontario, du Québec, de la Colombie-Britannique ou de l’Alberta se subventionnent entre elles. Ce n’était jamais l’objectif de la péréquation, et cela doit cesser. »
« L’Alberta n’a pas déclenché ce combat, mais soyez assurés que nous le terminerons — et que nous en sortirons plus forts et plus prospères que jamais, » a déclaré Smith dans un passage particulièrement virulent.
Un panel sur l’avenir de l’Alberta
Parallèlement aux négociations, Smith présidera un « Alberta Next panel » composé d’experts juridiques, universitaires et économiques pour discuter de l’avenir de la province au sein du Canada. Les conclusions de ce panel pourraient mener à un référendum provincial en 2026.
Bien que Smith ait clairement indiqué que son gouvernement ne proposera pas lui-même un vote sur la séparation, elle a ouvert la porte à l’inclusion d’une telle question si une pétition citoyenne recueillait suffisamment de signatures.
Qu’on soit bien clairs dès le départ : notre gouvernement ne soumettra pas au vote une question sur la séparation du Canada dans le cadre du référendum.
Cependant, si une pétition citoyenne menée avec succès parvient à recueillir le nombre requis de signatures pour demander l’ajout d’une telle question au référendum, notre gouvernement respectera le processus démocratique et inclura cette question au bulletin de vote du référendum provincial de 2026.
Danielle Smith
Relations tendues avec Ottawa
Smith n’a pas mâché ses mots concernant le nouveau premier ministre Mark Carney, tout en laissant entrevoir une possible collaboration : « Lors de ma première conversation avec lui depuis l’élection, il a tenu des propos encourageants sur un changement d’orientation de son gouvernement quant aux politiques anti-ressources. Toutefois, les Albertains sont du genre à croire que les actions parlent plus fort que les paroles. »
La première ministre a accusé les gouvernements libéraux successifs d’avoir lancé « un véritable raz-de-marée de lois, de politiques et d’attaques politiques dirigées directement contre l’économie libre de l’Alberta » au cours des dix dernières années, coûtant selon elle « environ un demi-billion de dollars en investissements » à la province et que « cette perte ne cesse de croître chaque jour ».
Un appel à l’unité albertaine
Malgré la fermeté de son discours, Smith a conclu par un appel à l’unité entre Albertains, quelle que soit leur position sur la souveraineté. Elle a défendu tant ceux qui souhaitent l’indépendance que ceux qui restent attachés au Canada, les qualifiant tous de « loyaux Albertains ».
« Peu importe ce que chacun de nous pense de cette question ou du chemin à privilégier, nous, en tant qu’Albertains, devons pouvoir en débattre et en discuter respectueusement avec nos amis, les membres de notre famille et nos voisins, » a-t-elle souligné.
Cette déclaration marque une escalade significative dans les tensions entre l’Alberta et le gouvernement fédéral, tout en posant les jalons d’une possible reconfiguration de la fédération canadienne.
Today, I will be addressing Albertans on our province’s path forward with the federal government following a meeting with the Alberta government caucus. x.com/i/broadcasts/1…