Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Pablo Rodriguez, a remis sa démission mardi après-midi, mettant un terme à un mandat de seulement 187 jours à la tête de la formation politique. Cette décision survient dans la foulée de multiples allégations concernant le financement de sa course à la chefferie, dont des révélations récentes sur un stratagème présumé de prête-noms.
Une annonce en huis clos
Contrairement aux usages habituels, M. Rodriguez n’a pas officialisé son départ lors d’une conférence de presse publique. L’annonce a été faite directement aux députés libéraux lors d’une réunion du caucus tenue virtuellement le 17 décembre 2025.
Selon des sources internes, le caucus, initialement prévu en matinée, avait été repoussé à 14h00, laissant présager des développements majeurs alors que plusieurs élus s’apprêtaient à demander des comptes à leur chef. Devant la perte d’appuis significative au sein de sa députation, M. Rodriguez a choisi de se retirer.
Les allégations de financement illégal
La position de M. Rodriguez était devenue précaire à la suite de révélations publiées par le Journal de Montréal concernant une activité de financement tenue le 12 avril 2025. Selon les informations rapportées, l’homme d’affaires Emanuel Cabral aurait mis en place un système de prête-noms lors de cet événement.
Le stratagème allégué impliquait le remboursement en argent comptant de dons effectués par carte de crédit. Une vingtaine d’employés et de proches de M. Cabral auraient ainsi reçu des enveloppes contenant 500 $ chacune après avoir contribué à la campagne de M. Rodriguez. Cette pratique contrevient directement à la Loi électorale du Québec.
Des documents confirment que l’événement était sous la responsabilité de Geneviève Hinse, l’ancienne directrice de cabinet de M. Rodriguez, bien que l’entourage de l’ex-chef ait affirmé qu’il n’avait aucune connaissance de ces irrégularités.
Un contexte de crise
Ce départ s’inscrit dans une séquence difficile pour le PLQ. Le 10 décembre dernier, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) confirmait le déclenchement d’une enquête criminelle formelle concernant les allégations de financement douteux au sein du parti.
La crise interne avait éclaté au grand jour en novembre, marquée par un conflit ouvert entre M. Rodriguez et la députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, concernant le congédiement de Mme Hinse. M. Rodriguez avait alors exclu Mme Rizqy du caucus, une décision qui a divisé les militants et les élus.
La suite pour le Parti libéral
Le départ de Pablo Rodriguez ouvre la porte à une nouvelle course à la direction au PLQ, à moins d’un an des élections générales prévues en octobre 2026. L’exécutif du parti devra déterminer les modalités de cette élection, qui pourrait se dérouler sur une période écourtée de quatre à six semaines.
D’anciens candidats à la chefferie, dont Charles Milliard et Karl Blackburn, sont pressentis pour tenter de nouveau leur chance. De son côté, la députée Marwah Rizqy a confirmé qu’elle ne serait pas candidate à la succession.


