L’élection provinciale ontarienne du 27 février 2025 a vu le Parti progressiste-conservateur (PC) de Doug Ford remporter une troisième majorité consécutive, un exploit inédit depuis plus de 60 ans.
Les principaux partis
Avant de parler des résultats, il est important de présenter les principaux joueurs avec leurs positions. Bien qu’il y ait 20 partis politiques d’inscrits, j’aborderai seulement les partis ayant récolté au minimum 4% du vote.
- Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC – Doug Ford) : Centre-droit, pro-business, axé sur la réduction des impôts, le développement des infrastructures et une opposition aux tarifs douaniers américains pour protéger l’économie ontarienne.
- Nouveau Parti démocratique (NPD – Marit Stiles) : Gauche, mise sur l’augmentation des dépenses publiques en santé et en éducation, la justice sociale et des politiques environnementales strictes.
- Parti libéral de l’Ontario (Bonnie Crombie) : Centre-gauche, prône une intervention accrue de l’État dans les services publics (santé, éducation), une régulation plus stricte en matière environnementale et économique, ainsi qu’une fiscalité plus élevée pour financer ces initiatives.
- Parti vert de l’Ontario (Mike Schreiner) : Écologiste, priorise la lutte contre le changement climatique, une économie durable et une gouvernance plus transparente et participative.
Une victoire décisive
Les résultats préliminaires indiquent que le PC a remporté 80 sièges sur 124 à l’Assemblée législative. Cette victoire, bien que moins importante que celle de 2022, assure à Doug Ford un contrôle solide du gouvernement pour les quatre prochaines années.
« Ensemble, nous avons fait l’histoire. Ensemble, nous avons obtenu un mandat fort et historique pour un troisième mandat majoritaire », a déclaré Ford lors de son discours de victoire à Toronto.
Le NPD, dirigé par Marit Stiles, conserve son statut d’opposition officielle, tandis que le Parti libéral, sous la direction de Bonnie Crombie, semble avoir atteint le seuil des 12 sièges nécessaires pour obtenir le statut de parti officiel – avec ses 14 sièges selon les résultats encore non officiels.
Un pari risqué qui a payé
Ford a déclenché cette élection anticipée dans un contexte économique incertain, notamment face à la menace de tarifs douaniers imposés par l’administration Trump aux États-Unis. Cette stratégie audacieuse visait à obtenir un mandat fort en profitants de sondages favorables, alors que sa popularité était en déclin, atteignant son plus bas avant l’annonce des potentiels tarifs américains.
Des promesses ambitieuses, mais à quel prix?
Le programme électoral des PC comprend des engagements importants, notamment 40 milliards de dollars pour soutenir les travailleurs, les entreprises et les communautés touchés par les tarifs, ainsi que 14 milliards de dollars d’incitations pour la fabrication de véhicules électriques et de batteries.
Cependant, ces promesses soulèvent des questions sur leur financement et leur impact sur le déficit provincial. Les critiques soulignent que Ford pourrait utiliser ces fonds pour favoriser certaines entreprises au détriment d’autres, créant potentiellement un terrain fertile pour le favoritisme et le copinage politique.
Un bilan mitigé en matière de services publics
Malgré sa victoire, le gouvernement Ford fait face à des critiques syndicales concernant son bilan en matière de financement des services publics. Selon certaines sources, les dépenses de l’Ontario pour des programmes comme la santé, l’éducation et les services sociaux sont 21% inférieures à la moyenne des autres provinces.
Cette situation aurait conduit à des problèmes dans le système de santé, avec une augmentation significative des patients traités dans les couloirs des hôpitaux, passant de 826 en juin 2018 à 2,000 en janvier 2024. Alors qu’il disait vouloir corriger cet enjeu lors de sa campagne en 2018.
Une opposition divisée
L’opposition était divisée entre le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Parti libéral et le Parti vert. Ce qui a permis au Parti progressiste-conservateur (PC) de Doug Ford de remporter une majorité des sièges avec seulement 42,97 % des voix, obtenant 80 des 124 sièges disponibles.
Le NPD, dirigé par Marit Stiles, a recueilli 18,55 % des suffrages, ce qui s’est traduit par 27 sièges. Les libéraux, sous la direction de Bonnie Crombie, ont obtenu 29,95 % des voix mais seulement 14 sièges. Le Parti vert, mené par Mike Schreiner, a reçu 4,83 % des votes, conservant ainsi ses 2 sièges.
Ce déséquilibre entre le pourcentage de votes et le nombre de sièges s’explique par le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour.
Et pour le Canada?
Le gouvernement Ford prévoit également de réduire les barrières commerciales interprovinciales en supprimant les exemptions spécifiques restantes en Ontario et en encourageant les autres provinces à faire de même. Il envisage de reconnaître les normes réglementaires et les certifications de chaque province et territoire, et de permettre la vente directe aux consommateurs de produits alcoolisés avec les provinces consentantes.
En conclusion, cette victoire historique de Doug Ford ouvre la voie à quatre années supplémentaires de gouvernement progressiste-conservateur en Ontario. Reste à voir comment il gèrera les défis économiques à venir et s’il tiendra ses promesses ambitieuses tout en maintenant l’équilibre budgétaire.