Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a tenu une conférence de presse hier à Plessisville pour dénoncer la crise qui frappe les commerces de proximité québécois. Accompagné du regroupement des tabagistes du Québec, il propose cinq mesures concrètes et réclame une commission parlementaire d’urgence.
Une hécatombe silencieuse dans nos villages
Les chiffres sont alarmants : « Dans les dix dernières années, dans la circonscription d’Arthabaska où on se trouve […] il y a au moins un dépanneur à tous les ans qui ferme. À la grandeur du Québec, c’est presque un par jour », a révélé Éric Duhaime lors de son allocution au marché Blenay.
La situation est dramatique : le Québec est passé « de plus de 10 000 dépanneurs tabagistes, épiceries, biéristes, à aujourd’hui, on vient de baisser en bas de 5 000 ». Plus de la moitié des commerces de proximité ont disparu en quelques décennies.
Les exemples locaux ne manquent pas. Duhaime a énuméré les fermetures récentes qui ont marqué la région : le dépanneur Maryse à Saint-Valère en 2016, celui de Sainte-Sophie-d’Halifax en 2020, Alimentation-Denis à Victoriaville en 2022, et plus récemment, le dépanneur Saint-Louis à Plessisville en 2024.
Un maire inquiet croisé par hasard
L’urgence de la situation s’est manifestée de façon saisissante lors de la visite de Duhaime. « Juste avant de venir ici, j’étais de l’autre côté de la rue à Fromagerie Victoria […] Et je suis arrivé face à face avec le maire de Saint-Pierre-Baptiste », raconte-t-il.
Ce dernier lui a confié ses préoccupations : « Nous autres, on a un dépanneur. Jojo est rendue à 70 ans. Elle a essayé de vendre son dépanneur. Il n’y a personne que ça lui tente de travailler 14 heures par jour, 7 jours par semaine. » Une réalité qui menace la vitalité même du village.
Cinq mesures pour contrer l’hémorragie
Le PCQ propose un plan d’action en cinq points :
1. L’abolition de la taxe carbone : « Depuis plusieurs semaines, le Parti conservateur du Québec est le seul parti à dénoncer le fait que les automobilistes québécois paient 25 sous de plus le litre que partout ailleurs au Canada », souligne Duhaime.
2. Une escouade accès-vapotage : Calquée sur le modèle accès-tabac, elle viserait à lutter contre le marché noir qui prolifère depuis les nouvelles réglementations.
3. L’assouplissement des interdictions de saveurs : Pour permettre la vente de quelques saveurs de fruits et éviter que seul le marché noir réponde à cette demande.
4. L’autorisation de vente des produits de cessation tabagique : « Présentement, c’est en vente libre dans les pharmacies […] Mais malheureusement, les dépanneurs n’ont pas le droit de vendre », déplore le chef conservateur.
5. L’assouplissement des règles pour les bières de microbrasserie : Pour soutenir les commerces spécialisés comme celui où se tenait la conférence.
Le regroupement des tabagistes sort du silence
Michel Poulin, porte-parole du regroupement des tabagistes du Québec, a apporté son soutien à Duhaime. « Pour vous parler franchement, nous les tabagistes, on se sent comme les dindons de la farce », a-t-il déclaré.
Depuis l’interdiction des saveurs de vapotage en novembre 2023, « les tabagistes honnêtes qui s’abstiennent de vendre des saveurs interdites voient leurs revenus diminuer, alors que ceux qui contournent la loi s’accaparent tout le marché en évitant de remettre les taxes et en vendant à n’importe qui, n’importe quoi, qu’il soit adulte ou non ». Le regroupement réclame depuis un an et demi la création d’un programme « Accès-vapotage » inspiré du modèle Accès-tabac existant, mais leurs « appels restent sans réponse ».
Formé en février 2024, ce regroupement représente 400 tabagistes québécois qui militent « pour plus d’équité commerciale, de clarté réglementaire et un soutien dans la lutte contre le marché noir ».
Un timing savoureux
La conférence de presse précède de 48 heures l’inauguration de la première « journée québécoise de l’achat local » par le gouvernement Legault. « Ils vont mettre 4,5 millions de dollars de votre argent pour faire un coup marketing », critique Duhaime, qui estime que « ça prend plus que des slogans et des belles conférences de presse ».
Le cœur battant de nos communautés
Au-delà des chiffres, Duhaime rappelle l’importance sociale de ces commerces : « Nos commerces de proximité comme celui où on se trouve aujourd’hui, c’est souvent le cœur d’une ville ou d’un village. C’est ce qui fait qu’il y a de la vitalité, qu’il y a de la vie dans nos régions. »
Le Parti conservateur du Québec se positionne ainsi comme le défenseur de ces entrepreneurs qui « font partie de ceux que j’appelle le Québec qui se lève tôt, qui travaille très fort et qui nourrit l’ensemble des Québécois ».
Une stratégie politique qui mise sur la proximité et le concret, dans un contexte où l’avenir de milliers de commerces – et des communautés qu’ils desservent – reste incertain.