Dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient, le conflit entre les États-Unis et les rebelles houthis du Yémen a pris une nouvelle dimension cette semaine. Jeudi matin, Israël a intercepté un missile lancé depuis le Yémen, marquant une escalade significative dans cette crise régionale qui s’intensifie sous l’administration Trump.
Le missile intercepté par Israël
Tôt ce jeudi 20 mars, l’armée israélienne a annoncé avoir intercepté avec succès un missile lancé depuis le Yémen. Des sirènes d’alerte ont retenti dans plusieurs régions d’Israël, notamment à Tel-Aviv et Jérusalem. Selon les forces de défense israéliennes, le missile a été intercepté avant de pénétrer dans l’espace aérien israélien, conformément aux protocoles établis.
Le groupe houthi a rapidement revendiqué la responsabilité de cette attaque, affirmant avoir visé l’aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv avec un missile balistique. Un porte-parole du groupe, s’exprimant lors d’une diffusion télévisée, a promis d’intensifier les attaques contre Israël en réponse aux opérations militaires américaines en cours au Yémen.
Les services d’urgence israéliens ont confirmé qu’aucune blessure grave n’a été signalée suite à cet incident.
L’offensive américaine au Yémen
Cette attaque survient dans un contexte d’intensification des frappes américaines contre les positions houthies au Yémen. Depuis le 15 mars 2025, les États-Unis ont lancé une vaste opération militaire contre ce groupe soutenu par l’Iran.
Les frappes américaines, qui représentent l’action militaire la plus importante au Moyen-Orient depuis que Donald Trump a repris la présidence en janvier, ont ciblé de nombreuses installations à travers le Yémen, notamment :
- La province de Saada, considérée comme un refuge de longue date pour les dirigeants houthis
- La capitale Sanaa, où des frappes ont touché le quartier d’Al-Jarraf près de l’aéroport
- Le port de Hodeida sur la mer Rouge
- Plusieurs autres gouvernorats, dont Al-Bayda, Taiz, Ibb, Dhamar, Hajjah et Marib
Selon les médias contrôlés par les Houthis, plus de dix frappes américaines ont visé divers sites, notamment le district d’Al-Safra à Saada, qui abrite des installations de stockage d’armes et des camps d’entraînement. Ces installations sont considérées comme l’une des bases militaires les plus importantes et les mieux fortifiées du groupe.
Bilan humain et réactions
Le bilan humain de cette campagne militaire s’alourdit. Selon le ministère de la santé contrôlé par les Houthis, au moins 53 personnes ont été tuées, dont cinq enfants et deux femmes, et 98 autres blessées depuis le début des frappes américaines. À Sanaa, huit frappes ont eu lieu, dont une sur une zone résidentielle qui a tué 15 personnes et en a blessé neuf autres.
Contrairement aux opérations menées sous l’administration Biden, ces frappes visent directement les dirigeants houthis. Le conseiller à la sécurité nationale américain, Michael Waltz, a déclaré que les frappes avaient « éliminé » plusieurs chefs houthis. « C’était une réaction décisive qui a spécifiquement ciblé plusieurs dirigeants houthis et les a éliminés, » a-t-il précisé lors d’une apparition sur ABC’s « This Week ».
Le président américain Donald Trump a durci le ton, menaçant les Houthis d’annihilation complète. « Ils seront complètement anéantis ! » a-t-il déclaré dans une mise à jour sur les réseaux sociaux. Trump a également averti l’Iran d’arrêter de supporter les Houthis.
De leur côté, les responsables houthis ont prévenu qu’ils intensifieraient leurs attaques en représailles aux opérations américaines. Jamal Amer, un responsable houthi, a déclaré à Reuters depuis Sanaa : « Nous constatons désormais que le Yémen est en guerre contre les États-Unis et que cela signifie que nous avons le droit de nous défendre par tous les moyens possibles. Une escalade est donc probable. »
Contexte régional et implications
Ce conflit s’inscrit dans une crise régionale plus large. Les Houthis, qui font partie de « l’Axe de la Résistance » soutenu par l’Iran, ont mené plus de 100 attaques contre des navires en mer Rouge depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas fin 2023. Ces attaques ont perturbé le commerce international et ont poussé les États-Unis à lancer une coûteuse initiative pour intercepter les missiles.
Les Houthis affirment agir en solidarité avec le peuple palestinien à Gaza. Ils avaient temporairement suspendu leurs attaques en mer Rouge pendant une trêve à Gaza, mais les ont reprises début mars après le blocus israélien sur l’aide humanitaire dans la région.
L’équilibre des pouvoirs le long de l’axe iranien semble se déplacer vers les Houthis au Yémen, qui ont émergé comme le groupe armé non étatique le mieux équipé et financé aligné avec l’Iran dans le nouveau paysage sécuritaire, suite au déclin des capacités défensives et offensives du Hezbollah.
La situation reste extrêmement volatile, avec des risques d’escalade supplémentaire dans une région déjà instable. Alors que les États-Unis s’engagent dans une campagne militaire soutenue contre les Houthis, l’avenir du Yémen et la stabilité régionale demeurent incertains.