Alors que les parents québécois jonglent déjà avec leurs horaires depuis deux jours, la situation pourrait se compliquer davantage dans le réseau des Centres de la petite enfance (CPE). Les quelque 13 000 travailleuses et travailleurs des CPE affiliés à la CSN votent aujourd’hui, mercredi 19 mars, sur un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. Le résultat de ce vote est encore inconnu au moment d’écrire ces lignes.
Cette consultation survient au terme de deux journées de débrayage, les 18 et 19 mars, qui ont touché plus de 400 CPE à travers la province et affecté environ 50 000 enfants. La CSN, qui représente plus de 80% des travailleuses syndiquées dans les CPE, maintient la pression sur le gouvernement Legault après presque deux ans sans convention collective.
Des revendications précises
Les syndiqués des CPE ont des demandes claires sur la table. Ils réclament notamment « une charge de travail moins lourde, une meilleure rémunération, des primes de disparité régionale pour les employées de certaines régions éloignées et des mesures pour améliorer la qualité des services aux enfants ». Le syndicat insiste particulièrement sur l’importance de ratios éducatrice/enfants « bien balisés et respectés ».
Lucie Longchamp, vice-présidente responsable des secteurs privés de la FSSS-CSN, a souligné que « le gouvernement n’a pas les moyens de laisser la situation se dégrader dans les CPE » et qu’il « peut compter sur le prolongement de l’entente avec le fédéral qui lui assure un financement supplémentaire de près de 10 milliards jusqu’en 2031 ».
On ne peut pas se permettre de continuer à avoir autant de mal à embaucher et à garder notre monde dans les CPE. Les familles attendent des places avec impatience.
Lucie Longchamp, vice-présidente responsable des secteurs privés de la FSSS-CSN
Position du gouvernement
De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a affirmé lundi sur le réseau social X que les négociations s’étaient intensifiées au cours de la fin de semaine et qu’une entente était « possible rapidement ». Elle a toutefois précisé que « le cadre établi lors de cette ronde de négos ne sera pas remis en question: c’est une question d’équité envers tous les autres syndicats qui ont déjà conclu des ententes ».
Les négos/CPE se sont intensifiées en fds avec la CSN et une entente est possible rapidement. Or, le cadre établi lors de cette ronde de négos ne sera pas remis en question: c’est une question d’équité envers tous les autres syndicats qui ont déjà conclu des ententes. #polqc
Le gouvernement a déjà conclu des ententes avec d’autres organisations syndicales concernées par la négociation nationale, soit des syndicats affiliés à la CSQ et la FTQ. Ces ententes prévoient des augmentations de salaire de 17,4% sur cinq ans, similaires à celles obtenues par les employés de l’État.
Les alternatives pour les parents
Face à cette situation d’incertitude, de nombreux parents pourraient se tourner vers d’autres options de garde d’enfants. Au Québec, plusieurs alternatives aux CPE existent, notamment les garderies privées subventionnées et non subventionnées.
Les garderies privées subventionnées offrent, comme les CPE, des places à contribution réduite (9,10$ par jour). Contrairement aux CPE qui sont dirigés par un conseil d’administration constitué majoritairement de parents, ces garderies sont administrées par un propriétaire. Elles détiennent également un permis du ministère de la Famille et respectent l’ensemble des dispositions de la Loi et des règlements sur les services de garde éducatifs à l’enfance.
Les garderies privées non subventionnées, quant à elles, fixent leurs propres tarifs journaliers, mais les parents peuvent bénéficier du remboursement anticipé des frais de garde, ce qui réduit considérablement les coûts réels.
Une autre option populaire est le service de garde en milieu familial reconnu, où une responsable de service de garde (RSG) peut accueillir entre 6 et 9 enfants selon qu’il y ait une ou deux éducatrices.
Un conflit qui s’enlise
Alors que les manifestations se sont déroulées hier dans plusieurs villes du Québec, notamment Saint-Jérôme, Montréal, Québec, Trois-Rivières, Rouyn-Noranda, Gatineau, Baie-Comeau, Rimouski, Sherbrooke et Joliette, la tension monte d’un cran avec le vote d’aujourd’hui.
Si le mandat de grève générale illimitée est adopté, la pression sur le gouvernement s’intensifiera considérablement, tout comme les maux de tête des parents québécois qui devront trouver des solutions de garde alternatives à plus long terme.
Les résultats du vote seront annoncés dès que possible, et pourraient bien déterminer la suite des négociations entre le gouvernement et les représentants des travailleurs des CPE.