Lundi, mars 24, 2025

Les Plus Populaires

À lire aussi

Guerre commerciale Canada–États-Unis : Stop aux tarifs absurdes qui ruinent tout le monde!

Un conflit qui persiste au détriment de chacun

Depuis plusieurs années, les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis se durcissent avec l’émergence d’une « guerre commerciale ». Elle se manifeste par des droits de douane et des contre-mesures imposés par chacun des gouvernements, touchant notamment l’acier, l’aluminium, l’automobile ainsi que les produits agricoles et forestiers. Si, à première vue, cet affrontement semble opposer deux puissances cherchant à protéger leurs industries, la portée des mesures prises démontre qu’il ne s’agit pas d’un authentique libéralisme économique.

De nombreux observateurs pointent un paradoxe : malgré leur engagement à long terme envers le commerce ouvert, les deux pays se lancent dans des politiques protectionnistes qui nuisent à diverses branches de l’économie. Finalement, ce sont les contribuables qui assument le coût réel, via des hausses de prix ou une perte de compétitivité. Par ailleurs, l’idée d’un Canada ou d’États-Unis totalement libéraux ne résiste pas à l’examen, tant l’usage de subventions, de quotas ou de tarifs reste répandu de part et d’autre.

Un paradoxe protectionniste accentué sous Trump

Les tensions commerciales, notamment sous la présidence de Donald Trump, reflètent la volonté de chaque pays de soutenir ses industries clés. Trump a même affirmé que les États-Unis peuvent « se passer facilement » des produits canadiens, une rhétorique qui montre la persistance d’un protectionnisme encore perceptible à Washington.

Or, l’augmentation des tarifs et les mesures de rétorsion contredisent le principe fondamental de libre circulation des biens et des services. Jugées « absurdes » par nombre de spécialistes, ces pratiques perturbent un marché nord-américain historiquement très intégré et violentent parfois l’esprit des accords comme l’ACEUM (ex-ALENA) ou les règles de l’OMC. Dans ce contexte, il est crucial de comprendre la sensibilité du Québec à ces tarifs et de rappeler pourquoi le libre-échange demeure le moyen le plus efficace pour protéger consommateurs et travailleurs.

Le Québec est-il réellement moins impacté par les taxes américaines ?

Des analyses produites par divers organismes (Chambre de commerce du Canada, laboratoires de recherche économique) classent les villes canadiennes en fonction de leur exposition aux mesures tarifaires américaines. À première vue, certains rapports indiquent que l’Ontario, l’Alberta et le Nouveau-Brunswick sont plus à risque que le Québec, en raison de la nature de leurs échanges avec les États-Unis.

  • Ontario : fortement industrialisée, elle entretient des liens étroits avec les États-Unis dans l’automobile et l’acier. Des centres manufacturiers comme Windsor, Oshawa, London ou Hamilton exportent massivement vers le marché américain.
  • Alberta : son économie s’appuie sur le pétrole, le gaz et l’élevage bovin, très dépendants des exportations vers les États-Unis. Toute barrière douanière la touche directement.
  • Nouveau-Brunswick : centré sur le bois d’œuvre, le papier et les produits de la mer, il exporte largement vers les États-Unis.

Le Québec, lui, présente une plus grande diversité sectorielle. Montréal se distingue par la finance, les services professionnels, les technologies et l’aéronautique (relativement épargnée par les tarifs sur l’acier ou l’aluminium). La ville de Québec mise sur le tourisme, l’administration et divers sièges sociaux. Son profil d’exportations dépend donc moins des biens manufacturés destinés directement aux États-Unis.

Cependant, la province n’est pas à l’abri. Des régions comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean (industrie de l’aluminium, où plus de 80 % de la production part aux États-Unis), Trois-Rivières (port traitant l’aluminium, les produits forestiers et agroalimentaires) ou Drummondville (spécialisée dans la fabrication de meubles et produits en bois) figurent parmi les plus exposées du pays. Ainsi, si l’exposition globale du Québec semble moindre, certaines localités sont gravement touchées.

Comparaison des secteurs exposés au risque : Québec, Ontario, Alberta

Québec

  • Aluminium : secteur phare, particulièrement vulnérable aux tarifs imposés par les États-Unis.
  • Bois d’œuvre : la querelle sur le bois d’œuvre perdure depuis des années et frappe durement le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique.
  • Secteurs manufacturiers divers : Drummondville, par exemple, dépend fortement des exportations vers les États-Unis (meubles, autres produits transformés).
  • Résilience partielle : la métropole et la ville de Québec, axées sur les services, l’aéronautique et le tourisme, sont mieux protégées des surtaxes immédiates.

Ontario

  • Automobile : Windsor (en face de Détroit) et Oshawa sont des centres d’assemblage et de fournisseurs de pièces. Des tarifs pénaliseraient fortement l’emploi local et la chaîne nord-américaine.
  • Acier : Hamilton, cœur de l’industrie sidérurgique, subit les taxes américaines et voit sa compétitivité s’affaiblir.

Alberta

  • Pétrole et gaz : secteur vital ; tout droit de douane supplémentaire affecte durement son économie déjà soumise aux variations mondiales des cours de l’énergie.
  • Élevage : bovin et porcin, d’importance capitale pour la province, sensible aux barrières tarifaires qui renchérissent l’exportation des produits carnés.

Les mirages du protectionnisme : ni le Canada ni les États-Unis ne sont de vrais libéraux

Malgré des discours officiels insistant sur le libre-échange, aucun des deux pays ne se conforme pleinement aux principes du libéralisme classique (baisse ou suppression des droits de douane, limitation de l’intervention de l’État dans les échanges).

  • États-Unis : sous l’administration Trump, une politique protectionniste visant à défendre l’acier et l’automobile a été mise en place, justifiée parfois par la « sécurité nationale ».
  • Canada : traditionnellement libre-échangiste (ALENA, puis ACEUM), il a répliqué aux tarifs américains par ses propres mesures protectionnistes, révélant une approche moins « ouverte » que ne le laissent entendre les déclarations officielles.

Au final, les deux gouvernements cherchent à préserver des intérêts sectoriels en pénalisant le marché intérieur et en dégradant la compétitivité. Les consommateurs paient la note via la hausse des prix, tandis que les entreprises exportatrices subissent des représailles.

Les droits de douane et les contre-mesures : des actions jugées « stupides »

Aux yeux de nombreux experts, la multiplication des tarifs et des contremesures flirte avec l’absurde. L’ACEUM et l’OMC sont censés réguler les différends commerciaux, mais les décisions unilatérales — sous prétexte de « sécurité nationale » ou de défense d’intérêts — entraînent protestations et ripostes en cascade.

  • Saisine de l’OMC : le Canada a contesté plusieurs fois les surtaxes américaines, notamment sur le bois d’œuvre, et a souvent obtenu gain de cause.
  • Spirale descendante : les représailles canadiennes, bien qu’alignées sur les pratiques américaines, nourrissent un cycle d’escalades nuisible à tous, minant la confiance dans le commerce international.

Le choix du libre-échange : pourquoi il devrait être privilégié

Dans un système de libre-échange authentique, les biens et services circulent sans taxes ni barrières inutiles. Les consommateurs choisissent selon la qualité et le prix, stimulant la compétitivité et l’innovation.

  • Pour le Canada :
    • Bénéficier de l’entrée de produits américains à bas coût.
    • Mieux rentabiliser ses secteurs compétitifs (aluminium, bois, aérospatiale, services) en misant sur l’innovation.
    • Respecter les accords internationaux et combattre le dumping ou les subventions illégales sans recourir systématiquement aux tarifs.
  • Pour les États-Unis :
    • Abandonner un protectionnisme coûteux à long terme.
    • Préserver une chaîne d’approvisionnement nord-américaine intégrée (ex. l’automobile) et éviter de déstabiliser le marché.
    • Reconnaître les interdépendances entre économies voisines.

La déclaration de Trump (« nous n’avons pas besoin de leurs marchandises ») fait fi des liens tissés au fil des décennies, où la frontière est franchie plusieurs fois par les composants avant l’assemblage final d’un même produit.

DONC : une invitation à adopter une approche réaliste et cohérente

Toutes les provinces canadiennes subissent, à des degrés divers, les répercussions de cette guerre commerciale. Si l’Ontario, l’Alberta et le Nouveau-Brunswick apparaissent particulièrement vulnérables, le Québec n’est pas épargné : certaines régions (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Trois-Rivières, Drummondville) figurent parmi les plus exposées du pays.

Au-delà de la cartographie des risques se pose la question de la cohérence politique : ni le Canada ni les États-Unis ne se comportent en véritables libéraux, en dépit des accords internationaux. Les droits de douane et les menaces tarifaires déforment la concurrence et renchérissent les coûts pour les consommateurs, tout en fragilisant le tissu industriel.

Pour ce qui est des gouvernements fédéraux et provinciaux, ils ont tous intérêt à abolir en priorité les tarifs interprovinciaux. Le protectionnisme dans un même État est encore plus idiot qu’un pays contre un autre.

Quant aux discours de Donald Trump et au climat protectionniste, ils révèlent une tendance profonde à protéger certains secteurs malgré la forte intégration des chaînes d’approvisionnement. Prétendre pouvoir se passer complètement d’un voisin économique est illusoire quand la frontière est si poreuse et les échanges si denses.

Pour finir, l’utilisation répétée de taxes et de représailles ne fait que renforcer l’« absurdité », en violant l’esprit des accords régionaux et de l’OMC. Cette escalade compromet la stabilité des relations commerciales et nuit aux travailleurs et consommateurs de chaque côté de la frontière. Pour une croissance durable, un véritable engagement en faveur du libre-échange demeure la meilleure voie.

YouTube
Rejoignez notre communauté !

Ne manquez aucune de nos vidéos et plongez dans nos podcasts captivants ! Abonnez-vous dès maintenant à notre chaîne YouTube et activez la cloche pour rester informé des dernières sorties.

Patreon
Contenu exclusif pour vous !

Accédez à des épisodes inédits, des coulisses et des bonus exclusifs en rejoignant notre communauté sur Patreon. Votre soutien nous aide à créer encore plus de contenu de qualité !

PayPal
Soutenez-nous avec un don !

Aidez-nous à continuer à produire du contenu de qualité en faisant un don via PayPal. Chaque contribution, grande ou petite, fait une énorme différence pour notre projet !

Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

Du Même Auteur