Terry Gene Bollea, alias Hulk Hogan, est décédé jeudi matin dans sa résidence de Clearwater, en Floride, des suites d’un arrêt cardiaque. L’icône du catch professionnel laisse derrière lui un héritage aussi colossal que controversé.
Un départ brutal mais prévisible
Les secours ont été dépêchés au domicile du lutteur vers 9h51 jeudi matin après un appel signalant un « arrêt cardiaque ». Selon TMZ Sports, plusieurs voitures de police et des ambulances étaient stationnées devant la résidence, et l’icône a été transportée sur civière vers l’ambulance.
Cette issue tragique ne constituait malheureusement pas une surprise totale. Encore en juin dernier, des rumeurs persistantes circulaient sur l’état de santé déclinant d’Hogan, alimentées notamment par Bubba The Love Sponge, animateur radio floridien, qui avait affirmé lors d’une diffusion en direct que Hogan était « à l’hôpital » et « pourrait s’en sortir ».
L’épouse d’Hogan, Sky, avait alors tenté de rassurer en déclarant que son cœur était « fort » alors qu’il se remettait de chirurgies. Un représentant avait confirmé en juin qu’il n’y avait « aucune raison de paniquer » et que les affirmations selon lesquelles il était « sur son lit de mort » étaient infondées.
Un corps usé par des décennies de spectacle
La mort d’Hogan illustre cruellement le prix physique exigé par une carrière dans le divertissement sportif. L’homme qui mesurait 6 pieds 8 pouces et pesait 320 livres à son apogée avait subi plus de 25 chirurgies au cours de sa vie.
« J’ai subi environ 25 chirurgies ces dernières années… dont des chirurgies du dos, » avait-il confié lors de l’émission IMPASIVE en septembre 2024. « J’en ai eu 10 au dos, les deux hanches remplacées, les épaules — tout ». Cette confession brutale révélait l’ampleur des dégâts infligés par des décennies à malmener son corps gigantesque dans les rings du monde entier.
L’architecte de la révolution du catch
Difficile de mesurer l’impact phénoménal d’Hogan sur l’industrie du divertissement. Avant lui, le catch professionnel demeurait cantonné aux salles de bingo et aux chaînes d’accès public. Grâce à son charisme et ses biceps de 24 pouces qu’il appelait ses pythons, il a transformé ce spectacle marginal en empire multimilliardaire.
Son arrivée à la World Wrestling Federation en décembre 1983 marque le début de l’ère « Hulkamania ». Sa victoire pour le championnat WWF en janvier 1984 contre The Iron Sheik au Madison Square Garden déclenche un phénomène culturel sans précédent. Les rituels précombat — main portée à l’oreille pour écouter la foule, déchirement calculé du maillot jaune et rouge — deviennent des moments télévisuels cultes.
L’apogée survient à WrestleMania III en 1987, quand 93 173 spectateurs au Pontiac Silverdome assistent à son affrontement légendaire contre André the Giant. Ce combat reste gravé dans l’histoire comme l’un des moments les plus marquants du divertissement télévisé américain.
Une seconde vie controversée
Loin de se contenter des rings, Hogan diversifie habilement sa marque personnelle. Il incarne Thunderlips dans Rocky III aux côtés de Sylvester Stallone, lance des dessins animés du samedi matin, et engendre une montagne de produits dérivés — jouets, vêtements, et autres gadgets.
La série de téléréalité « Hogan Knows Best » sur VH1 au milieu des années 2000 expose sa vie familiale avec son ex-épouse Linda et leurs deux enfants, Brooke et Nick. Mais le vernis craque en 2007 : un grave accident de voiture impliquant son fils Nick à Clearwater entraîne des accusations de conduite imprudente. La même année, Linda entame une procédure de divorce, mettant fin à plus de vingt ans de mariage.
L’ombre au tableau
Malgré son statut d’icône, Hogan n’échappe pas aux controverses qui ternissent ses dernières années. Sa réputation subit plusieurs coups durs qui transforment l’image du héros tout-américain en personnage plus complexe.
Ces écueils n’effacent cependant pas son influence révolutionnaire sur l’industrie du divertissement. « Hulk a transformé le catch professionnel en un divertissement familial. Avant lui, ce sport s’adressait à un public assez restreint. Ses mises en scène dans le ring étaient magnétiques pour les enfants et leurs parents, et il a propulsé le sport ».
Un héritage indélébile
La WWE a rendu un hommage sobre, mais éloquent : « La WWE est attristée d’apprendre le décès de Hulk Hogan, membre du Temple de la renommée. L’une des figures les plus reconnaissables de la culture populaire, Hogan a aidé la WWE à atteindre une reconnaissance mondiale dans les années 1980 ».
Double intronisé au Temple de la renommée de la WWE — d’abord en solo en 2005, puis comme membre du New World Order en 2020 — Hogan restera l’homme qui a fait du catch professionnel un phénomène planétaire. Champion WWF à six reprises, il a dominé huit des neuf premiers WrestleMania.
Son dernier coup d’éclat remonte à 2024, quand il électrise la Convention nationale républicaine en arrachant dramatiquement sa chemise pour révéler un t-shirt Trump/Vance. Un geste théâtral qui résume parfaitement l’homme : jamais à court d’effets, toujours capable de captiver l’attention.
Terry Gene Bollea, né le 11 août 1953 à Augusta en Géorgie, s’éteint donc à 71 ans, emportant avec lui une époque où le spectacle pur pouvait encore transformer un gamin de Port Tampa en légende mondiale. Son décès marque symboliquement la fin d’une ère où les géants du ring régnaient en maîtres absolus sur l’imaginaire populaire américain.
