Jeudi, août 14, 2025

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Le courage de Caron : ouvrir la porte à la droite souverainiste

Mathieu Bock-Côté a récemment qualifié d’« absurde » l’idée de Jean-François Caron d’ouvrir le camp indépendantiste aux électeurs de droite. Absurde, vraiment? Ce qui est surtout absurde, c’est de croire que le rêve d’un Québec libre se réalisera en excluant d’emblée tous ceux qui n’adhèrent pas au catéchisme social-démocrate péquiste (forme de post-agrocatholicisme depuis plus d’un demi-siècle). Caron, lui, a le courage de dire tout haut ce que bien des souverainistes pensent tout bas : on ne gagnera jamais un référendum sans rallier toutes les forces vives, y compris celles d’une droite décomplexée. À quoi bon l’indépendance si c’est pour la réserver à un seul courant de pensée, confiné dans son petit temple idéologique?

En défendant l’inclusion de la droite souverainiste, le Prof Caron rappelle une vérité incontournable : le camp du Oui doit être aussi large que le peuple du Québec lui-même. Cela signifie accueillir à bras ouverts le fédéraliste désabusé qui rêve secrètement d’autonomie, le libertarien light qui en a assez d’Ottawa, et l’entrepreneur nationaliste qui veut un pays pour prospérer. Fermer la porte à ces gens sous prétexte qu’ils n’ont pas la bonne idéologie, c’est se tirer dans le pied. Le Parti Québécois actuel semble l’oublier, lui qui préfère la pureté doctrinale à la construction patiente d’une majorité. Caron voit plus loin : il sait qu’un référendum ne se gagne pas en prêchant aux déjà-convaincus dans un circle jerk incestuel d’entre-soi bien-pensant, mais en rassemblant large, au-delà des chapelles politiques.

En somme, soutenir Caron, c’est soutenir une vision inclusive et ambitieuse de l’indépendance. C’est refuser le chantage des curés de l’orthodoxie péquiste qui, du haut de leur chaire sclérosée, anathématisent toute tentative de sortir du dogme socio-démocrate. Oui, une droite souverainiste existe et elle mérite qu’on lui tende la main. Qu’elle soit nationale-conservatrice, libertarienne ou simplement pro-développement économique, cette droite-là fait partie intégrante de la société québécoise. Lui réserver un strapontin dans l’autobus du Oui n’est pas un caprice : c’est une nécessité stratégique et un impératif démocratique.

Les contorsions idéologiques de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté se drape dans la logique pure pour mieux camoufler ses contorsions idéologiques. Selon lui, le PQ n’a pas fermé la porte à « la droite », il aurait seulement refusé de s’allier à un fédéraliste en l’occurrence Éric Duhaime qui de toute façon voterait Non à un référendum. Sophisme habile : MBC confond la cause et la conséquence. Si le chef conservateur clame aujourd’hui qu’il voterait Non, n’est-ce pas précisément parce que le PQ actuel, dogmatique et méprisant, a tout fait pour le tenir à distance ainsi que ses électeurs? Traiter quelqu’un d’indésirable puis s’étonner qu’il ne veuille pas de votre projet, voilà la logique bock-côtienne.

« À quel moment les gens qui se disent de droite, on leur a dit vous n’êtes pas les bienvenus dans le camp national? » demande Bock-Côté d’un ton faussement ingénu. Eh bien, Mathieu, ouvrez les yeux : ce moment-là correspond aux innombrables fois où des porte-étendards souverainistes ont associé l’indépendance à un programme économique anémique, sinon carrément hostiles aux entrepreneurs. Ce moment-là, on le voit chaque fois que le PQ brandit son programme écologiste punitif et étatiste comme s’il s’agissait de la seule voie vers le pays. Officiellement, on dit que la droite nationaliste est bienvenue, « centre-gauche comme centre-droite, si vous avez le Québec à cœur… le Parti québécois est pour vous », a déclaré PSPP en personne. Mais dans les faits, on leur fait comprendre qu’ils devront laisser leurs idées au vestiaire. Bienvenue, mais taisez-vous et abjurez vos péchés économiques avant d’entrer.

Le sociologue-idéologue prétend incarner l’esprit de coalition à la René Lévesque, tout en appuyant sans ciller la ligne dure du PQ actuel. Il admoneste la gauche radicale de Québec solidaire de vouloir l’indépendance « seulement si ça vient avec le socialisme », mais exige dans le même souffle que la droite nationaliste embrasse l’indépendance… seulement si elle accepte un programme quasi-socialiste, justement! Quelle différence, au fond, entre le curé rouge qui conditionne son Oui à l’avènement du grand soir écolo-socialiste, et le curé bleu poudré qui intime à la droite de communier sans broncher dans l’église péquiste? Dans les deux cas, c’est du sectarisme pur sucre. MBC fustige la mentalité Calimero de certains nationalistes de droite « n’attendez pas dans votre coin à la manière de Calimero », qu’il leur lance mais il ne voit pas qu’il joue lui-même au poussin à coiffe d’œuf offensé, geignant que la droite ne lui fait pas confiance tout en refusant de faire le moindre pas vers elle. La coalition, selon Saint Mathieu, c’est « venez à nous, et surtout changez rien de notre programme ». On repassera pour l’ouverture d’esprit. Voilà les inlassables gémonies du chèque en blanc sans impunité et sans regret.

En traitant Caron de sot et son argumentaire de sottises accumulées, Bock-Côté s’est peinturé dans un coin idéologique. Lui qui se rêve en grand prêtre du nationalisme lucide sert en réalité la soupe tiède du statut quo : ne rien changer, ne fâcher personne dans la base péquiste existante, et attendre que miraculeusement « la droite » vienne d’elle-même se prosterner devant le projet souverainiste. C’est non seulement arrogant, c’est irréaliste. La véritable lucidité commanderait de reconnaître que l’offre actuelle du PQ ne séduit pas la droite et pour cause! Quand on sert du réchauffé social-démocrate enrobé d’une morale écolo-pastorale, il ne faut pas s’étonner que ceux qui rêvent d’un Québec prospère et audacieux aillent voir ailleurs.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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