Dans un contexte économique tendu, marqué par les menaces de tarifs douaniers américains et une inflation persistante, les Canadiens se retrouvent face à deux visions économiques radicalement différentes pour l’avenir du pays. D’un côté, Pierre Poilievre et les conservateurs proposent un plan de redressement fiscal ambitieux visant à réduire le déficit de 70 % en quatre ans. De l’autre, Mark Carney et les libéraux présentent un programme qui pourrait alourdir la dette nationale de 225 milliards de dollars supplémentaires.
Le plan conservateur : couper le déficit et relancer l’économie
Le cadre financier dévoilé mardi par le Parti conservateur prévoit de réduire le déficit actuel de 46,8 milliards $ à 31,3 milliards $ dès cette année, pour atteindre 14 milliards $ d’ici 2028-2029. Cette réduction de 70 % du déficit repose sur une combinaison de coupes dans les dépenses gouvernementales et de mesures pour stimuler la croissance économique.
C’est un déficit libéral. C’était prévu avant les élections. Donc, ce n’est pas mon déficit à moi. c’est le déficit libéral. c’est un déficit que je vais réduire massivement.
Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada
Le plan conservateur prévoit des économies de 55 milliards $ sur quatre ans, notamment en réduisant les dépenses consacrées aux consultants externes (10,5 milliards $), à l’aide étrangère (9,5 milliards $) et au financement de CBC (4 milliards $). Le parti s’engage toutefois à « préserver les services de Radio-Canada partout au pays » et à « maintenir tout financement en soutien à la culture québécoise et francophone ».
Allègements fiscaux et mesures pour l’abordabilité
Au cœur du programme conservateur se trouve une réduction d’impôt de 15 % pour la tranche d’imposition la plus basse, qui passerait de 15 % à 12,75 %. Cette mesure, qui serait échelonnée sur quatre ans, permettrait au travailleur moyen gagnant 57 000 $ d’économiser 900 $ par année, et aux familles à deux revenus d’économiser 1 800 $.
« Peu importe où je vais, les Canadiens me disent la même chose — la vie n’a jamais été aussi chère. On travaille plus fort, mais le travail n’est plus payant comme avant, et on a l’impression de ne plus y arriver », a expliqué Poilievre. « Les Canadiens méritent de ramener des plus gros chèques de paie chez eux, et c’est exactement ce que va faire ma réduction d’impôt de 15 %. »
Le programme conservateur comprend également l’élimination de la TPS sur les logements neufs d’une valeur maximale de 1,3 million de dollars, ce qui permettrait aux acheteurs d’économiser jusqu’à 100 000 $ sur le prix d’un logement neuf dans les grandes villes canadiennes.
Un plan ambitieux pour le logement
Face à la crise du logement qui frappe le pays, les conservateurs s’engagent à construire 2,3 millions de logements au cours des cinq prochaines années. Leur stratégie repose sur plusieurs mesures concrètes :
- Élimination de la TPS sur les logements neufs
- Incitations aux villes pour réduire les redevances d’aménagement
- Vente de 15 % des terrains fédéraux pour la construction de logements
- Lien entre le financement des infrastructures et les résultats en matière de construction
Le parti prévoit que la construction de logements générerait 12,8 milliards $ de nouvelles recettes sur quatre ans, contribuant ainsi à l’assainissement des finances publiques tout en répondant à un besoin crucial des Canadiens.
Relance économique et souveraineté énergétique
Pour stimuler l’économie, les conservateurs proposent d’abroger plusieurs lois et réglementations qu’ils jugent nuisibles au développement, notamment la Loi sur l’évaluation d’impact (C-69) et l’interdiction des pétroliers sur la côte ouest (C-48).
Pierre Poilievre a affirmé que ces mesures permettraient de « libérer un autre 500 milliards de dollars de croissance économique au cours des cinq prochaines années, afin de générer 70 milliards $ de revenus supplémentaires sans les hausses de taxes et d’impôts ».
Le plan conservateur prévoit également la création d’un corridor énergétique national pour accélérer l’approbation des infrastructures essentielles comme les pipelines et les lignes de transmission électrique, afin de « mettre fin à notre dépendance énergétique envers les États-Unis et tenir tête à Donald Trump ».
Le contraste avec le plan libéral
À l’opposé, le cadre financier présenté samedi par les libéraux de Mark Carney prévoit un déficit de près de 62 milliards $ pour l’année 2025-2026, avec de nouvelles dépenses de 35,2 milliards $. Sur quatre ans, le plan libéral pourrait ajouter jusqu’à 225 milliards $ à la dette nationale.
Pierre Poilievre a vivement critiqué cette approche, qualifiant le plan de Carney de « frénésie de dépenses » que le Canada ne peut se permettre.
Une vision différente de la gestion économique
Le contraste entre les deux approches est saisissant. D’un côté, les conservateurs misent sur la réduction des dépenses gouvernementales, les baisses d’impôts et la stimulation de l’économie par la déréglementation. De l’autre, les libéraux proposent d’augmenter les dépenses publiques pour faire face aux défis économiques.
Le plan conservateur s’inscrit dans une vision de responsabilité fiscale à long terme. « Seuls les conservateurs de gros bon sens vont vraiment réparer le budget. Nous allons réduire la bureaucratie, les consultants, le BS corporatif, l’aide étrangère et autres dépenses inutiles », a affirmé Pierre Poilievre.
Les conservateurs proposent également une « Loi sur la protection des contribuables » qui interdirait « toute nouvelle taxe fédérale ou toute augmentation d’impôt sans consulter au préalable les contribuables au moyen d’un référendum ».
L’enjeu de la dette pour les générations futures
Avec un déficit cumulé potentiel de 225 milliards $ sur quatre ans sous les libéraux, contre une réduction progressive du déficit sous les conservateurs, la question de l’endettement des générations futures se pose avec acuité.
Le plan conservateur vise à réduire progressivement le fardeau de la dette, passant d’un déficit de 31,3 milliards $ en 2025-2026 à 14,1 milliards $ en 2028-2029. Cette approche contraste fortement avec celle des libéraux, dont le plan maintiendrait des déficits élevés pendant plusieurs années. Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui hériteront de la facture — chaque milliard emprunté aujourd’hui repousse le fardeau sur ceux qui n’ont encore jamais voté.
Conclusion
À six jours des élections, les Canadiens font face à un choix clair entre deux visions économiques distinctes. D’un côté, le plan conservateur de Pierre Poilievre promet de réduire le déficit de 70 %, de baisser les impôts et de stimuler l’économie par la déréglementation. De l’autre, le programme libéral de Mark Carney mise sur d’importantes dépenses publiques qui pourraient alourdir considérablement la dette nationale.
Dans un contexte économique incertain, les électeurs devront décider quelle approche leur semble la plus à même de garantir la prospérité future du Canada.