Le sénateur conservateur Léo Housakos a créé une petite onde de choc dans la circonscription d’Arthabaska–L’Érable en prenant ouvertement parti pour Éric Duhaime dans une lettre d’opinion publiée dans La Nouvelle Union mardi.
Une intervention qui tranche avec la retenue habituelle des parlementaires fédéraux dans les affaires provinciales. Housakos ne s’embarrasse pas de nuances : « Les contribuables québécois, toujours les plus taxés en Amérique du Nord, ont besoin d’un champion. Un porte-parole capable de soulever les enjeux discutés quotidiennement dans leurs foyers, mais absents de l’Assemblée nationale », écrit-il.
Le sénateur, qui siège depuis 2009, mise sur une stratégie de pression politique plutôt audacieuse. Selon lui, l’élection de Duhaime forcerait François Legault à revoir ses positions sur des dossiers sensibles comme la taxe carbone et l’interdiction de vente des véhicules à essence prévue pour 2035.
Cette intervention fédérale dans une campagne provinciale révèle l’importance stratégique que revêt cette élection partielle. Arthabaska–L’Érable, laissée vacante par la démission d’Éric Lefebvre en mars dernier, pourrait effectivement servir de baromètre pour mesurer l’humeur des électeurs face aux politiques environnementales et fiscales du gouvernement Legault.
Un diagnostic sans complaisance
Housakos ne mâche pas ses mots sur l’état actuel de l’Assemblée nationale. Il déplore « l’unanimisme qui règne à l’Assemblée nationale depuis trop longtemps » et présente l’élection de Duhaime comme une occasion de « se doter à nouveau d’un excellent député, actif et présent sur le terrain ».
Cette critique de l’unanimisme touche un point sensible. Plusieurs observateurs ont noté que l’opposition officielle peine parfois à se démarquer du gouvernement caquiste sur certains enjeux, créant un vide politique que le Parti conservateur du Québec tente de combler.
L’argument fiscal de Housakos résonne particulièrement dans une région où les préoccupations économiques demeurent vives. Sa référence aux « contribuables québécois, toujours les plus taxés en Amérique du Nord » s’appuie sur des données vérifiables qui alimentent régulièrement les débats politiques.
Un message qui dépasse les frontières de la circonscription
En présentant cette élection comme une occasion d’« envoyer un message d’espoir et de changement à l’ensemble du Québec », Housakos transforme un scrutin local en enjeu provincial. Cette stratégie n’est pas nouvelle en politique, mais elle prend une résonance particulière dans le contexte actuel.
L’intervention du sénateur soulève également des questions sur l’alignement entre les conservateurs fédéraux et provinciaux au Québec, particulièrement sur des enjeux comme la taxe carbone fédérale que combat Pierre Poilievre à Ottawa.
Pour Duhaime, cette caution d’un parlementaire expérimenté représente un atout non négligeable dans une campagne où il doit démontrer sa capacité à exercer une influence réelle sur les politiques gouvernementales.
Reste à voir si les électeurs d’Arthabaska–L’Érable seront sensibles à cet appel au changement ou s’ils préféreront la stabilité d’un député des partis traditionnels. Une chose est certaine : cette intervention de Housakos ajoute une dimension fédérale-provinciale inattendue à une course qui s’annonce déjà serrée.