Regardez attentivement ce montage publié sur X par Philippe Fournier de Canada 338.
January 5, 2025 vs March 25, 2025 338canada.com/federal.htm
En l’espace de deux mois, les électeurs canadiens sont passés d’une séquence qui s’étirait sur plus de deux ans, où ils étaient prêts à confier un mandat majoritaire à Pierre Poilievre et son Parti conservateur, à une lune de miel avec un banquier aux bas bruns, incapable de répondre à une simple question, en anglais comme en français.
Les conservateurs perdraient plus de 100 députés, le Bloc en perdrait plus de 20 au Québec, et le NPD serait au bord de la disparition.
Des conservateurs, des socialistes et des souverainistes québécois veulent donc voter libéral…
Certes, Pierre Poilievre n’est pas parfait. On peut lui reprocher de s’exprimer avec de belles formules qui évitent de se mouiller sur des enjeux de fond. Son assurance et ses attaques envers les médias peuvent également être perçues par certains comme de l’arrogance. D’autres diront que sa position sur l’Ukraine ou les États-Unis est décevante.
J’entends tout ça. J’entends bien.
Mais rien de nouveau sous le soleil, et rien de tout cela n’explique ce changement de tendance.
D’autant plus que Mark Carney n’est pas exactement l’idée qu’on se faisait d’un candidat de rêve. Il n’a pas de répartie, il s’exprime laborieusement dans les deux langues, et il a le charisme d’un rideau de douche en plastique.
Il a un CV, nous dit-on dans les médias, tellement désireux de l’aimer qu’ils sont même prêts à nous vanter le bien-fondé de mesures qu’il a volées à Poilievre, après avoir passé deux ans à nous dire qu’elles étaient populistes et trumpiennes. (On notera au passage que l’exigence d’avoir un CV est nouvelle : elle n’existait pas pour Trudeau, pas pour GND, pas pour personne.)
Justement, venons-en au cheval dans la salle de bain : Trump.
Dans son trolling — typiquement américain, mais peu populaire dans un Canada puritain — où il s’est amusé à humilier « Governor Trudeau », le président américain a déclenché une sorte de psychose collective qui se manifeste par un nouveau patriotisme canadien caricatural.
Les grands médias québécois ont d’ailleurs mis la table à cette dérive en multipliant, depuis 2016, les propos les plus outranciers à l’égard de Trump, pour ensuite l’accoler à Poilievre à partir de 2022.
Du côté de certains souverainistes, on s’est réjoui de cette propagande dans une espèce de silence souvent complaisant, se disant qu’ils épargneraient ainsi le Québec des griffes conservatrices.
Or, les Québécois sont maintenant les plus fervents partisans de Mark Carney, à l’exception des Canadiens des Maritimes, qui sont depuis toujours dans le formol libéral.
Ultimement, le Bloc québécois et le NPD regretteront longtemps de ne pas avoir fait tomber le gouvernement libéral lorsqu’ils en ont eu de multiples occasions. Dans le cas du NPD, c’est son existence même qui est en jeu.
Nous voilà donc face à ce triste spectacle d’une campagne électorale où les citoyens veulent voter pour Capitaine Canada.
Une pièce de théâtre grotesque où tout le monde est appelé à se rouler dans le sirop d’érable, même le Bloc, s’il veut espérer sauver les meubles.
Le tout, bien loin des vrais enjeux, notamment celui du bilan d’une décennie perdue sous les libéraux