Le premier débat télévisé en français de la campagne électorale fédérale vient d’être annulé, et c’est Mark Carney qui en porte le chapeau. TVA, qui organisait traditionnellement le Face-à-face, a jeté l’éponge après le refus catégorique du chef libéral d’y participer. La raison officielle? Les 75 000 $ demandés aux partis pour couvrir les coûts de production. Pourtant, la course à la chefferie libérale a coûté 350 000 $ à chaque candidat donnant amplement les fonds nécessaires pour participer au débat. Derrière cette explication financière de Carney, plusieurs voient une fuite devant l’épreuve du français — ou pire, un désintérêt marqué pour le Québec.
Un débat crucial, une absence remarquée
Le Face-à-face de TVA n’est pas qu’un débat parmi d’autres : c’est un rendez-vous politique incontournable au Québec, souvent décisif pour convaincre l’électorat francophone. En 2019, la prestation calamiteuse d’Andrew Scheer y avait scellé le sort des conservateurs dans la province. Cette fois, c’est Carney qui semble redouter l’exercice, préférant se cantonner aux débats officiels — moins regardés, moins mordants.
« Il se cache. Est-ce que Mark Carney va jouer à cache-cache pendant cinq semaines avec les Canadiens et les Québécois? »
Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois
Les libéraux veulent être au pouvoir pour une 4e fois, mais leur chef a peur de faire un débat en français. Si Mark Carney est trop fragile pour débattre avec les autres chefs, comment peut-il tenir tête à Donald Trump? Mettons le Canada d’abord – pour faire changement.
Pierre Poilievre n’a pas manqué l’occasion d’enfoncer le clou sur X : « Si Mark Carney est trop fragile pour débattre en français, comment pourra-t-il tenir tête à Donald Trump? » Une pique qui rappelle étrangement les critiques adressées à Kamala Harris, souvent accusée d’éviter les confrontations médiatiques difficiles.
Un parallèle troublant avec Kamala Harris
Comme la vice-présidente américaine, Carney cultive une image de technocrate éloigné des réalités locales. Harris, critiquée pour ses discours vides et ses fuites devant la presse, partage avec Carney un même travers : une communication ultra-contrôlée, qui frise parfois l’arrogance.
« Ce n’est pas le comportement de quelqu’un qui a du courage. »
Yves-François Blanchet
Et maintenant ?
Avec ce refus, Carney prend un risque énorme. Le Québec, clé de voûte des majorités libérales, pourrait bien lui faire payer ce snob. Entre un Poilievre en embuscade et un Blanchet déterminé à défendre la spécificité québécoise, le nouveau chef libéral devra prouver qu’il n’est pas simplement « trop fragile » pour affronter le micro – et les électeurs.
En attendant, TVA a annulé l’événement. Et les Québécois, eux, retiendront surtout une chose : Carney a préféré payer en capital politique plutôt qu’en dollars.