Mercredi, juin 18, 2025

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Parade à Washington : hommage militaire ou théâtre politique ?

Samedi, Washington a accueilli une parade militaire comme on n’en avait pas vu depuis des décennies, destinée à souligner les 250 ans de l’armée américaine — et les 79 ans de Donald Trump. Entre spectacle grandiose et controverses budgétaires, retour sur un événement qui divise.

Une célébration à double tranchant

Le samedi 14 juin 2025, Washington a vibré au rythme des bottes militaires pour une parade d’une ampleur inédite depuis plus de trois décennies. Officiellement organisée pour commémorer le 250e anniversaire de l’armée de terre américaine, l’événement tombait pile le jour des 79 ans de Donald Trump.

Cette démonstration de force militaire, inhabituelle aux États-Unis où le dernier défilé d’envergure remontait à 1991 après la guerre du Golfe, s’inspirait directement du défilé français du 14 juillet que Trump avait admiré à Paris en 2017.

Un déploiement de forces impressionnant

Les chiffres témoignent de l’ampleur de l’événement : près de 7000 soldats ont défilé sur le National Mall, accompagnés de quelque 150 véhicules militaires. Le spectacle incluait 128 chars d’assaut, dont 26 chars M1A1 Abrams et 27 véhicules de combat Bradley.

Dans les airs, 49 aéronefs ont survolé la capitale, incluant des hélicoptères Apache et des avions historiques de la Seconde Guerre mondiale. Le défilé comptait même des éléments plus insolites : 25 chevaux, deux mules et un chien nommé Doc Holliday, un Blue Heeler de la 1ère division de cavalerie.

Une facture salée qui fait grincer des dents

Le budget de cette extravagance militaire s’élève à 45 millions de dollars pour l’armée seule, sans compter les coûts de sécurité. Trump a défendu cette dépense en la qualifiant de « des miettes comparé à la valeur que ça représente ». De plus, le secrétaire d’armée Daniel Driscoll a fait valoir que la parade inspirerait davantage de jeunes à s’engager dans l’armée.

Pourtant, la sénatrice Tammy Duckworth a tweeté : « Si c’était vraiment pour célébrer les familles militaires, on pourrait investir 30 millions de dollars pour les aider à couvrir les frais de garde, l’aide alimentaire et les frais de scolarité. Mais ce n’est pas le cas. Trump s’offre un défilé d’anniversaire à 30 millions de dollars uniquement pour flatter son propre ego ».

Une ambiance en demi-teinte

Malgré les estimations initiales de 200 000 spectateurs, la Maison-Blanche a finalement avancé le chiffre de 250 000 personnes.

Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs de TikTok ont massivement réservé des billets pour la parade sans intention d’y assister, dans un effort coordonné visant à fausser les chiffres de participation.
Une vidéo expliquant la marche à suivre a cumulé plus d’un million de vues, et plusieurs internautes de l’étranger ont affirmé avoir participé à cette opération de boycott symbolique.

Par ailleurs, le temps humide et la menace d’orages ont probablement freiné la participation. L’atmosphère était également alourdie par le meurtre d’une élue démocrate du Minnesota survenu le matin même, renforçant les mesures de sécurité.

Des uniformes historiques sous la chaleur

L’un des aspects les plus remarquables de la parade était la présentation d’uniformes historiques. Sur les 7000 participants, environ 1000 soldats portaient des costumes d’époque représentant différents conflits de l’histoire américaine, de la guerre d’Indépendance aux guerres modernes.

Le sergent-chef Jay Healy, vêtu d’un tricorne noir et blanc et d’une veste de laine rouge et bleue à boutons argentés, a confié : « Il fait un peu chaud, voire assez chaud, mais on s’y adapte ». Avec des températures atteignant 28 degrés Celsius et des orages possibles, ces uniformes en laine, conçus pour d’autres climats, ont exposé les soldats à la chaleur.

La synchronisation : un défi non relevé

Si le spectacle était visuellement impressionnant, la coordination laissait à désirer. Les régiments ont eu du mal à défiler de manière synchronisée, à l’exception des fanfares militaires habituées à ce type d’exercice. La coordination, parfois hésitante, témoignait que ce type de défilé, préparé dans l’urgence, manquait de rigueur et de repères clairs.

Des manifestations d’opposition à travers le pays

Parallèlement à la parade, environ 2000 rassemblements ont eu lieu dans tout le pays sous la bannière « No Kings » pour protester contre ce que les opposants considéraient comme une dérive autoritaire. À Los Angeles, plus de 10 000 personnes ont manifesté, et les tensions se sont intensifiées quand la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des projectiles de contrôle de foule.

Un spectacle contrasté

Au final, cette parade aura marqué les esprits autant par son ampleur que par les réactions contrastées qu’elle a suscitées. Si certains y ont vu un hommage légitime à l’histoire militaire américaine, d’autres ont dénoncé une mise en scène coûteuse à visée politique.

Avec 45 millions de dollars engagés, une coordination perfectible et des manifestations d’opposition dans plusieurs villes, l’événement illustre à la fois la puissance symbolique de l’armée… et les limites d’un État prompt à dépenser pour l’image, parfois au détriment des priorités concrètes.

Pour les partisans d’une gestion plus rigoureuse des fonds publics, cette parade soulève une question simple : dans un pays aux déficits croissants, peut-on encore justifier ce type de démonstration, aussi spectaculaire soit-elle, sans en évaluer sérieusement le rendement?

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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