La première partie du titre de cet essai provient d’une citation que toute personne un tant soit peu instruite en économie reconnaîtra certainement. La citation originale, qui affirme : « Le seul véritable remède à la pauvreté, c’est la production », vient de l’économiste et journaliste Henry Hazlitt, auteur du célèbre ouvrage Economics in One Lesson — un livre de théorie économique qui cherche à expliquer l’économie de la manière la plus simple et accessible possible. Comme le suggère le titre de cet essai, mon objectif est de briser l’illusion selon laquelle les réglementations gouvernementales sont la solution pour éradiquer la pauvreté, alors que la véritable manière de la combattre réside dans l’augmentation de la production. Ainsi, cet essai est divisé en deux parties. Dans la première, j’explique pourquoi et comment les réglementations gouvernementales aggravent la pauvreté au lieu de la réduire, à l’aide d’exemples concrets ; dans la seconde, j’explique comment la production trace la voie vers la création de richesse et l’épanouissement humain.
Les réglementations gouvernementales aggravent la pauvreté
Comment lutter contre la pauvreté, la réduire ou l’éliminer est la grande question que se posent en permanence la classe politique, les médias traditionnels et l’intelligentsia. Ils se concentrent obsessionnellement sur les causes de la pauvreté, comme si cette dernière était une anomalie sociale qu’eux seuls pouvaient corriger. En conséquence, ils croient que seul le gouvernement peut apporter des solutions pour combattre, réduire ou éliminer la pauvreté. Le problème avec l’approche gouvernementale de la pauvreté, c’est que ses solutions aggravent la pauvreté. Elles augmentent les coûts pour les entreprises, renforcent les barrières à l’entrée dans les professions et les industries, font grimper les prix pour les consommateurs et entraînent une mauvaise allocation des ressources. Par exemple, les politiques de la Grande Société mises en œuvre par le président Lyndon Johnson n’ont pas conduit l’Amérique à la prospérité. Au contraire, elles ont contribué à l’expansion de la pauvreté et des inégalités de richesse. Les preuves en ce sens sont accablantes. Permettez-moi de développer.
Premièrement, les politiques de la Grande Société ont entraîné l’expansion de l’État-providence, créant ainsi un système de dépendance envers le gouvernement. En effet, dans les années 1980, le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale avait explosé, avec le programme AFDC couvrant 11,4 millions de personnes (pic de 1980). Une dépendance à long terme s’est installée, notamment dans les foyers monoparentaux, où les prestations étaient conditionnées au non-travail ou à l’absence de mariage. Cela a contribué à la persistance de la pauvreté, car ces familles restaient en dehors du marché du travail.
Deuxièmement, ces politiques ont entraîné l’effritement de la famille nucléaire. Les données montrent que la proportion d’enfants nés de mères non mariées est passée de 5,3 % en 1960 à 17,5 % en 1980, en particulier parmi les groupes à faible revenu. Les ménages monoparentaux, souvent dirigés par des femmes, présentent des taux de pauvreté plus élevés (par exemple, 27,5 % pour les mères seules contre 5,1 % pour les familles composées d’un couple marié en 2020). Des chercheurs comme William Julius Wilson relient en partie cette tendance aux politiques sociales.
Troisièmement, et surtout, les politiques de la Grande Société ont accru les inefficiences bureaucratiques et la mauvaise allocation des ressources. En effet, la rapide expansion des programmes fédéraux a généré des bureaucraties complexes, avec des initiatives qui se chevauchaient comme Job Corps, Head Start et les Community Action Programs. Certaines ont été mal mises en œuvre, détournant des fonds destinés à réduire la pauvreté vers des frais administratifs ou des projets mal gérés. En 1969, un rapport du GAO a critiqué les Community Action Programs pour leurs inefficacités, notant que seulement 20 % des fonds atteignaient directement les pauvres dans certains cas. Job Corps a obtenu des résultats mitigés, avec des taux d’abandon élevés (jusqu’à 50 % les premières années) et peu de gains d’emploi à long terme.
Le remède à la pauvreté, c’est la production
La classe politique, les médias traditionnels et l’intelligentsia se posent les mauvaises questions à propos de la pauvreté. Au lieu de voir la pauvreté comme une anomalie sociale et de se concentrer obsessionnellement sur la manière de la combattre, ils devraient se demander ce qui crée réellement la richesse. Comme l’a dit Thomas Sowell :
« Puisque la richesse est la seule chose qui peut guérir la pauvreté, vous pourriez penser que la gauche serait aussi obsédée par la création de richesse qu’elle l’est par sa redistribution. Mais vous auriez tort. »
Cette citation est révélatrice. D’abord, elle indique que la pauvreté est la norme, puisque l’humanité a commencé dans la pauvreté. Ce qui constitue une véritable anomalie sociale, c’est la richesse, car elle exige initiative humaine, ingéniosité, effort et déploiement de ressources. Le remède à la pauvreté, c’est la production, et la production est le fondement de la création de richesse. Pour qu’il y ait création de richesse, il faut d’abord produire quelque chose. Produire des biens et services crée de la valeur économique. Par exemple, un agriculteur qui cultive des récoltes ou une usine qui fabrique des produits génère des résultats tangibles pouvant être vendus, générant des revenus pour subvenir aux besoins essentiels comme la nourriture, le logement et les soins de santé.
Il faut souligner que l’augmentation de la production exige du travail, ce qui entraîne la création d’emplois. L’emploi procure un salaire qui permet de sortir de la pauvreté en accédant aux besoins de base et en investissant dans l’éducation ou la santé. Plus important encore, la production stimule souvent l’innovation, puisque la concurrence pousse à l’amélioration des méthodes et des technologies. Cela réduit les coûts et rend les biens plus accessibles, au bénéfice des plus démunis.
Pour que la production soit réellement le remède à la pauvreté, une chose essentielle doit se produire : limiter l’intervention du gouvernement dans l’économie. En effet, en réduisant les formalités bureaucratiques, on encourage l’entrepreneuriat, permettant aux petites entreprises et aux jeunes pousses de prospérer, ce qui crée des emplois et augmente les salaires. Par exemple, des études comme celles de la Heritage Foundation montrent que les pays où la liberté économique est plus élevée (donc avec moins d’intervention gouvernementale) affichent souvent des taux de pauvreté plus faibles grâce à un investissement et une innovation accrus. Des impôts moins élevés laissent plus d’argent entre les mains des individus et des entreprises, stimulant la consommation et l’investissement — deux moteurs clés de l’activité économique. Les États-Unis ont vu leur taux de pauvreté chuter de 15 % en 2010 à 11,8 % en 2018, en partie grâce à la déréglementation et aux réductions d’impôts favorisant un gouvernement limité.
Le rôle du gouvernement n’est pas d’être un acteur économique, mais un arbitre : celui qui applique les lois facilitant l’accès aux ressources économiques. Moins de règles et d’obstacles bureaucratiques permettent aux entreprises et aux individus de lancer des projets, d’innover et d’accéder plus facilement aux marchés, ce qui réduit les coûts et le temps pour acquérir des ressources comme le capital, la main-d’œuvre ou les matières premières. De plus, en évitant une intervention lourde, un gouvernement limité favorise la concurrence et une allocation des ressources dictée par le marché, où l’offre et la demande déterminent l’accès, plutôt qu’une distribution contrôlée par l’État.
En somme, malgré les bonnes intentions du gouvernement pour lutter contre la pauvreté, ses solutions produisent généralement des effets inverses qui dégradent les conditions de vie des citoyens. La meilleure façon de réellement réduire la pauvreté est de comprendre comment la richesse se crée et de bâtir le cadre qui permet cette création. Ainsi, limiter l’ingérence gouvernementale à l’application des règles d’accès aux ressources économiques est la voie vers la production et la création de richesse.