Pierre Karl Péladeau est en tournée médiatique, dans son propre média. Son pitch ? Faire pleurer sur le sort de ses médias et demander plus de réglementations contre le web, contre Radio-Canada, contre n’importe qui d’autre que lui. Bref, forcer le gouvernement à créer artificiellement des revenus qu’il n’est pas capable de générer par lui-même ou des barrières à ses compétiteurs.
On sait que TVA n’est pas profitable. Par contre, ce n’est pas un problème de revenus, mais bien de dépenses, donc de gestion.
Le problème, c’est que ses baisses de revenus présumées ne tiennent pas debout. Quand on regarde l’historique des revenus de Groupe TVA, on se rend vite compte que le portrait qu’on nous vend — la catastrophe imminente, l’effondrement complet — c’est du cinéma. Les revenus sont stables depuis 15 ans, avec des hauts et des bas circonstanciels, mais rien de dramatique.
Revenus annuels de Groupe TVA (2010-2024)

La moyenne qui casse le « narratif »
Entre 2010 et 2024, les revenus passent de 448 M$ à 532 M$. C’est une hausse d’environ 18,7 % sur 14 ans, soit 1,2 % par année en moyenne. Pas exactement le portrait d’une industrie à l’agonie, bien que la croissance est modérée.
PKP fait le tour des médias en parlant de baisses de revenus. Mais en réalité, il utilise un artifice de calcul scandaleux.
En 2021, on a droit à un « peak » artificiel. Pourquoi ? Parce que les gouvernements ont arrosé les médias de budgets publicitaires pendant la pandémie. Autrement dit, l’État a dopé les revenus… et ensuite PKP nous sert ces chiffres gonflés pour calculer sa baisse de revenus et justifier plus d’interventions.
Manipulation et dépendance
Ce qu’on voit ici, c’est la recette classique :
On dramatise une situation conjoncturelle pour crier à l’urgence.
On réclame de nouvelles lois et subventions pour « sauver » un secteur qui n’est pas en train de mourir.
On installe une dépendance croissante des médias envers l’État… et on s’étonne ensuite que ces mêmes médias chantent la même chanson que le pouvoir politique.
C’est une spirale où les chiffres sont brandis comme des armes de négociation, mais qui, dans les faits, cachent une réalité plate : TVA roule encore ses affaires, avec des revenus comparables à ceux de 2010, et sans catastrophe structurelle.
La vraie question
Au lieu de réglementer toujours plus, pourquoi ne pas poser la question autrement ? Si TVA ne survit que par des règles qui étranglent ses compétiteurs et par des chèques gouvernementaux, est-ce vraiment un modèle d’affaires viable ?
PKP veut qu’on croie que le web et Radio-Canada tuent son empire. Mais quand on regarde les chiffres froidement, on comprend vite que le problème n’est pas là. Le problème, c’est qu’il préfère manipuler l’opinion et les politiciens plutôt que d’innover pour répondre aux réalités du marché.
Bref, pas besoin de nouvelles réglementations ni d’un autre plan de sauvetage financé par nos taxes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le roi est nu.