Mercredi, juin 4, 2025

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Radicalisation tranquille au Parti Québécois

Le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon prétend incarner le rassemblement et la modernité, mais ses actions récentes révèlent une tout autre réalité. Entre la nomination d’un ex-militant radical et une campagne de salissage systématique contre ses adversaires, le chef péquiste semble maîtriser l’art de dire une chose et d’en faire une autre.

Un candidat au passé explosif

L’affaire Alex Boissonneault illustre parfaitement cette contradiction. Le 14 mai 2025, PSPP a officiellement présenté comme candidat dans Arthabaska cet ancien animateur de Radio-Canada qui cache un passé pour le moins mouvementé. En 2001, Boissonneault était le leader du groupe Germinal, une organisation paramilitaire qui préparait des « actions directes » pour perturber le Sommet des Amériques à Québec.

Selon les témoignages des agents infiltrés de la GRC, Boissonneault décrivait son groupe comme étant composé d’« environ vingt-cinq personnes » qui seraient « très efficaces au Sommet ». Son objectif? « Percer le périmètre de sécurité, la clôture du Sommet des Amériques […] et laisser entrer les manifestants pour exprimer leur désaccord aux chefs d’État ».

Plus troublant encore, l’ex-militant expliquait qu’il s’agissait d’une « action politique violente » parce qu’« ils allaient répliquer coup pour coup avec les policiers ». Le groupe disposait de « matériel militaire (grenades fumigènes et thunder flash), de boucliers artisanaux, de bâtons, et de masques à gaz ».

La défense bancale de PSPP

Face à ces révélations embarrassantes, PSPP a tenté de minimiser l’affaire. « Alex Boissonneault m’a évidemment indiqué, en toute transparence dès le départ, qu’il avait été arrêté à l’âge de 22 ans, en 2001. Contrairement à ce qu’affirme Éric Duhaime, il n’a jamais été condamné à de la prison, mais à un suivi en collectivité et à des travaux communautaires », a écrit le chef péquiste sur Facebook.

Mais PSPP omet soigneusement de mentionner que Boissonneault a bel et bien passé 41 jours en détention préventive (prison) avant son procès, avant même que les actes planifiés ne soient commis. Cette « omission stratégique » témoigne de la gravité des accusations initiales, dont certaines étaient passibles de l’emprisonnement à perpétuité.

PSPP a tenté de minimiser l’affaire en affirmant que Boissonneault n’avait eu en sa possession que des dispositifs fumigènes « qui ne sont pas des objets visant à blesser ». Pourtant, les documents judiciaires révèlent une préparation structurée incluant des équipements paramilitaires et des discussions internes sur l’usage de cocktails Molotov — une option finalement écartée, mais sérieusement envisagée dans les plans d’action.

Une campagne de dénigrement systématique

Parallèlement à cette nomination controversée, le PQ mène une véritable campagne de salissage contre Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec. En seulement quatre jours, le parti a publié une liste de sept prétendus « mensonges » d’Éric Duhaime.

« Éric Duhaime a un style peu rigoureux dont l’objectif est de faire du bruit. C’est une philosophie politique. Ce n’est pas la nôtre », a déclaré PSPP lors d’une conférence de presse. Pourtant, cette même stratégie de « faire du bruit » semble être exactement ce que pratique le PQ avec ses attaques répétées.

L’hypocrisie du « rassembleur »

Le contraste est saisissant. D’un côté, PSPP se présente comme un leader rassembleur qui veut « moderniser » le PQ. De l’autre, il nomme un ex-militant radical tout en menant une campagne de dénigrement contre ses adversaires politiques.

Cette stratégie révèle une approche politique profondément cynique : recruter à gauche pour rassurer la base militante, tout en tentant de séduire l’électorat de centre-droit par un discours lissé. Le problème? Les électeurs ne sont pas dupes.

Un parti en quête d’identité

Le soutien à l’indépendance reste dramatiquement bas. Selon un sondage Léger publié le 10 mai 2025, seulement 29 % des Québécois appuient la souveraineté, contre 56 % qui s’y opposent — un des plus faibles niveaux jamais enregistrés par la firme. Une statistique embarrassante pour un parti qui prétend relancer le projet national.

Cette situation précaire pousse le parti à multiplier les stratégies contradictoires. Récemment, une ancienne candidate de Québec solidaire, Nadia Poirier, a quitté son parti pour rejoindre le PQ après avoir été « abandonnée » par QS lors de l’élection partielle de Terrebonne.

Elle a déclaré avoir trouvé dans le programme du PQ des « éléments particulièrement progressistes » proches de ceux de QS, affirmant que « quand on met de côté la rivalité QS-PQ, on se rend compte qu’on n’est pas si loin ».

Cette confusion idéologique n’échappe à personne — ni à l’électorat de droite, ni à ses leaders. Même Éric Duhaime a résumé la situation ainsi : « Le Parti Québécois est devenu Québec solidaire en bleu. »

L’insulte aux électeurs

Au final, cette approche à géométrie variable constitue une véritable insulte à l’intelligence des électeurs québécois. Comment croire en la sincérité d’un chef qui prône le rassemblement tout en pratiquant la division? Comment faire confiance à un parti qui recrute des ex-militants radicaux tout en se présentant comme modéré?

Les Québécois méritent mieux qu’un parti qui change de discours selon l’auditoire et qui pratique la politique de l’esquive face aux questions embarrassantes. L’hypocrisie de PSPP n’est pas seulement un problème de cohérence politique — c’est un mépris flagrant envers les électeurs qui cherchent l’authenticité dans un paysage politique déjà suffisamment trouble.

Le temps des beaux discours sans substance est révolu. Les électeurs québécois sauront-ils voir à travers cette façade de respectabilité pour identifier la vraie nature du « nouveau » Parti Québécois?

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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