DAVID CHABOT | Aujourd’hui, Elon Musk s’est vu refuser son augmentation de salaire de 55,8 milliards de dollars par un juge du Delaware. Si vous pensez que j’ai inventé une phrase à « L’Osti d’jeu », eh bien non. C’est vraiment ça qui s’est passé dans la contrée des Pères fondateurs.
C’est quand même particulier comme situation. D’un côté, ce sont les actionnaires de la compagnie qui ont voté légitimement pour ce salaire démesuré à Musk. 72 % des actionnaires de Tesla ont dit : « Oui, merci ».
En théorie, Vox Populi, Vox Dei.
Par contre, la structure des actions de la compagnie et la composition du comité sur la rémunération sont discutables. Musk et ses proches contrôlent une bonne partie des actions (mais pas une majorité), ce qui peut biaiser le vote, mettons.
Cela dit, dans l’absolu, est-ce vraiment le rôle du tribunal de trancher sur le salaire d’un PDG ?
Dans ce cas-ci, c’est un actionnaire très minoritaire qui a saisi le tribunal sur la question, ce qui vient totalement court-circuiter le principe du vote des actionnaires. Un actionnaire minoritaire peut ainsi imposer sa volonté, ou du moins bloquer celle des autres, avec l’aide d’un juge. C’est un drôle de précédent.
En même temps, la rémunération de Musk n’est pas en argent comptant (il ne gagne pas un sou), mais plutôt en actions de l’entreprise. En gros, les actionnaires lui ont donné des objectifs de capitalisation et de revenus à atteindre, ce qui débloque une douzaine de tranches d’actions émises pour le boss.
Bref, c’est une drôle de situation, mais j’ai un gros malaise face à la juridiciarisation de tout ça. La prochaine étape, c’est de trancher sur les salaires, la profitabilité, et pourquoi pas même sur le choix des stratégies et des produits. Pas certain que le tribunal soit le mieux placé pour se prononcer là-dessus.