Mercredi, mars 12, 2025

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Mars 2025, quelque part entre un four à pizza et la scène culturelle

Il semble qu’au Québec, critiquer le système de subventions culturelles soit devenu un terrain miné où la liberté d’expression se retrouve rapidement limitée, et les dissidents sont aussitôt mis à l’index. L’exemple le plus récent? L’un des propriétaires de Pizza Salvatore, qui a osé aborder la dépendance de certains artistes québécois aux subventions gouvernementales, se retrouve désormais sous le feu des critiques publiques et subit un isolement social. Entre les pressions pour boycotter son entreprise et les attaques en ligne constantes, difficile de discuter ouvertement des subventions sans s’exposer à des représailles aussi intenses qu’un plat assaisonné de piment fort. Le milieu culturel depuis jadis naguère est devenu un véritable circle jerking incestuel.

En y réfléchissant plus attentivement, on comprend vite que ce débat va bien au-delà d’une simple polémique ponctuelle, ponctuée de références culturelles fragiles, prêtes à vaciller à la moindre divergence idéologique. Il met en lumière un système complexe, au cœur duquel opère une entité clé : la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), fictive ou réelle, peu importe. À la manière d’un superhéros de la bureaucratie, cette entité semi-publique gère les fonds publics destinés à soutenir nos artistes, lesquels peineraient peut-être à joindre les deux bouts sans l’argent des contribuables.

Le principe de l’allocation de fonds

Rappelons qu’une subvention est un prélèvement sur l’ensemble de la population (entrepreneurs, employés, pigistes, travailleurs autonomes, voire d’autres artistes) pour être redistribué à un groupe cible défini par un organisme n’offrant qu’une reddition de comptes partielle. On dirait que l’État, bien installé dans son confort paternaliste, s’est érigé en grand architecte de l’art, mandaté pour subventionner des œuvres répondant à des critères d’éligibilité parfois nébuleux.

Devant la multiplication de comités et de conseillers qui agissent dans une relative opacité — alors que certains citoyens n’ont jamais reçu un centime de soutien pour payer leurs factures —, il n’est pas surprenant de voir de plus en plus de voix s’élever. Quiconque souligne l’incohérence entre les impôts salés d’un entrepreneur et les larges subventions accordées à vie à certains artistes se fait aussitôt traiter de barbare, accusé de vouloir détruire la culture québécoise.

La culture ne court pas de danger

Il est pourtant essentiel de comprendre que la culture québécoise ne disparaîtra pas tel un surplus de garniture tombé d’une pizza si elle ne bénéficie pas constamment de millions de dollars. Nos racines identitaires et notre créativité ne se résument pas à l’argent. Certains affirment d’ailleurs que la véritable création artistique naît souvent d’un sentiment d’urgence et de la volonté impérieuse de s’exprimer. Ceux qui prétendent que l’art ne peut survivre sans subventions confondent un soutien ponctuel avec une perfusion permanente.

Contrairement à ce qu’on entend souvent, un système basé exclusivement sur la subvention tend aussi à piéger artistes et producteurs. Pourquoi? Parce que plus ils reçoivent de fonds publics, moins ils sont incités à trouver un public réellement prêt à les soutenir par conviction et par passion. Résultat : l’innovation, l’indépendance et la fibre entrepreneuriale en souffrent. Les créateurs se retrouvent alors tributaires de comités d’évaluation ou de décisions politiques, loin de l’idéal de liberté artistique qu’on leur promet sur papier.

L’équité fiscale : quand la création rencontre l’impôt

On l’a dit : entrepreneurs, travailleurs autonomes et citoyens ordinaires s’acquittent de leurs obligations fiscales, souvent sans broncher. Pourquoi serait-ce alors choquant d’exiger que les artistes reconnaissent, eux aussi, l’importance d’une contribution juste à l’effort collectif? Chaque dollar alloué à la subvention, c’est un dollar de moins dans la poche d’une famille modeste ou dans le fonds de modernisation d’une petite entreprise, par exemple.

Qu’on ne s’y trompe pas : cela ne signifie pas vouloir abolir entièrement tout soutien financier. Le libéralisme classique ne prône pas la destruction de toute forme de réglementation et l’abandon pur et simple de la culture aux aléas du marché. Il s’agit plutôt d’utiliser judicieusement l’argent public et d’encadrer les conditions d’attribution. Imposer une plus grande transparence et exiger un retour sur investissement mesurable semble légitime. Après tout, si les entreprises subventionnées doivent rendre des comptes, pourquoi pas un artiste?

Pizza, humour et liberté d’expression

Revenons à notre propriétaire de Pizza Salvatore, voué aux gémonies pour avoir déclenché le débat : c’est précisément ce silence forcé qui devrait nous inquiéter. Dans un Québec qui se dit libre et démocratique, chacun devrait pouvoir exprimer son avis sur le système de subventions sans craindre d’être publiquement lapidé. Rappelons que la culture, dans toute sa splendeur, englobe aussi la contestation, la caricature et l’irrévérence — y compris à l’égard de l’État.

Dans le fond, la critique émanant de la pizzeria vise moins l’art lui-même que la mécanique budgétaire qui échappe à la remise en question. Peut-être certains s’acharnent-ils à défendre bec et ongles les subventions de peur de voir leur propre financement s’évaporer?

Quelques pistes pour apaiser les esprits

  1. Transparence essentielle
    La SODEQ et autres organismes similaires doivent publier des comptes rendus détaillés sur la répartition des fonds et sur les réalisations concrètes obtenues.
  2. Limitation dans le temps
    Accorder les subventions de manière temporaire, avec un plafond et une date de fin, pour encourager l’autonomie financière et la motivation à trouver un public ou un marché.
  3. Participation du public
    Consacrer une partie des budgets alloués à la culture à un système de vote citoyen ou de financement participatif, offrant aux contribuables la possibilité de miser sur des projets qui les touchent réellement.
  4. Équitabilité fiscale
    Chaque individu et entreprise doit contribuer équitablement à ses obligations fiscales, sans que la charge soit injustement reportée sur certains pour privilégier d’autres.

Conclusion : avant de passer à table, vérifions l’addition

En ce préprintemps entre guerres tarifaires Trudeau-Trump, alors que la controverse bat son plein autour du financement culturel et des allocations gouvernementales, n’oublions pas que la force de la culture québécoise réside dans son histoire, ses créateurs et son public passionné — pas uniquement dans ses subventions. Remettre en question le soutien public ne revient pas à mépriser l’art ou à saper l’identité québécoise, mais bien à examiner de près un système coûteux dont les bénéfices ne sont pas toujours avérés. Il faut désenclaver la culture culturelle au Québec.

Peut-être vaudrait-il mieux lever notre verre à la liberté d’expression au lieu de nous vexer à la moindre critique. On peut soutenir la culture et croire en la libre entreprise, la concurrence et la créativité non subventionnée. Quant à M. Pizza Salvatore, si son emploi du temps lui laisse une pause entre deux livraisons, il mériterait qu’on l’écoute plutôt que de le réduire au silence.

Et si ces questions vous semblent trop épicées, il serait peut-être temps de revoir la recette : après tout, au Québec, l’important est que chacun puisse se payer un morceau de pizza… mais pas à n’importe quel prix.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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