Mark Carney sera assermenté comme 24e premier ministre du Canada ce vendredi 14 mars 2025, mettant fin au règne de Justin Trudeau à la tête du pays. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, qui a remporté la course à la direction du Parti libéral dimanche dernier avec 85,9% des voix, s’apprête à former un cabinet nettement plus mince que celui de son prédécesseur.
Un cabinet réduit pour affronter les défis
Selon des sources proches du dossier, le cabinet de Carney devrait compter entre 15 et 20 ministres, soit environ la moitié de l’équipe actuelle de Trudeau qui en compte 37, premier ministre inclus.
La composition exacte de ce cabinet reste encore floue, mais certains noms circulent déjà. Dominic LeBlanc, actuel ministre des Finances, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, et François-Philippe Champagne, ministre de l’Industrie, pourraient conserver leurs postes. Ces trois ministres ont été fortement impliqués dans la réponse canadienne aux tarifs douaniers imposés par Donald Trump.
Marco Mendicino, ancien ministre de la Sécurité publique que Trudeau avait écarté du cabinet en 2023, a déjà été nommé chef de cabinet de Carney pour la transition.
Des recrutements de poids en vue?
Radio-Canada a appris que l’ancien ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, serait en pourparlers avec l’équipe de Carney pour devenir candidat libéral aux prochaines élections. Les deux hommes se connaissent depuis plus de 15 ans.
Plus surprenant encore, l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest aurait également été approché par le camp Carney. On ignore ce qui lui a été proposé exactement, mais selon les sources de Radio-Canada, Charest n’aurait aucune intention de devenir ministre et n’accepterait une offre de Carney que si les libéraux remportent les élections fédérales.
Une assermentation imminente dans un contexte tendu
La cérémonie d’assermentation aura lieu vendredi à Rideau Hall, résidence officielle de la gouverneure générale Mary Simon. Justin Trudeau soumettra sa démission juste avant que son successeur ne prenne ses fonctions.
Carney arrive au pouvoir dans un contexte particulièrement tendu avec les États-Unis, alors que le président Trump a annoncé d’importantes modifications à sa politique tarifaire visant notamment le Canada. Le nouveau premier ministre a d’ailleurs adopté un ton combatif lors de son discours de victoire dimanche soir.
Canada will never, ever be part of America
Mark Carney
« L’Amérique n’est pas le Canada. Et le Canada ne fera jamais, jamais partie de l’Amérique sous quelque forme que ce soit », a-t-il déclaré en réponse aux menaces de Trump. « Nous n’avons pas demandé ce combat, mais les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu’un d’autre jette les gants. »
Un programme flou aux allures conservatrices
Malgré l’imminence de sa prise de fonction, le programme politique de Mark Carney brille par son absence sur le site du Parti libéral. Aucune plateforme clairement définie n’a encore été présentée aux Canadiens, ce qui soulève des questions sur la vision à long terme du nouveau premier ministre.
Les quelques mesures annoncées jusqu’à présent, comme l’élimination de la « taxe carbone divisive » et l’arrêt de l’augmentation de l’impôt sur les gains en capital, semblent étrangement calquées sur les propositions des conservateurs de Pierre Poilievre. Cette stratégie pourrait n’être qu’un simple calcul électoral pour séduire les électeurs centristes et de droite modérée sans garantie de mise en oeuvre.
Carney pourrait convoquer des élections anticipées dès la semaine prochaine, ce qui ne laisserait que peu de temps aux Canadiens pour évaluer la sincérité de ses promesses.