Jeudi, juin 12, 2025

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Alex Boissonneault : De militant radical à candidat du Parti Québécois

Un passé trouble refait surface alors qu’il brigue les suffrages

À l’approche des élections, les squelettes sortent parfois des placards. Dans le cas d’Alex Boissonneault, candidat pour le Parti Québécois, c’est toute une histoire d’infiltration policière et de militantisme radical qui refait surface.

En 2001, alors étudiant dans la vingtaine, Boissonneault était considéré comme le leader du groupe Germinal, une organisation qui préparait des actions directes pour perturber le Sommet des Amériques à Québec. Selon les documents judiciaires, ce groupe était sous surveillance policière depuis décembre 2000, infiltré par deux agents de la GRC.

Un projet paramilitaire contre le périmètre de sécurité

D’après les témoignages des agents infiltrés, Boissonneault décrivait Germinal comme « un petit groupe, environ vingt-cinq personnes » qui serait « très efficace au Sommet ». Il aurait affirmé que pour lui, « le Sommet des Amériques, c’était comme une comète qui allait passer à Québec, ça passe une fois tous les cent ans ou peut-être plus, puis que c’était le moment de poser une action ».

Cette action? « Percer le périmètre de sécurité, la clôture du Sommet des Amériques […] et laisser entrer les manifestants pour exprimer leur désaccord aux chefs d’État ». Boissonneault aurait expliqué à l’agent infiltré Nicolas Tremblay qu’il s’agissait d’une « action politique violente » parce qu’« ils allaient répliquer coup pour coup avec les policiers ».

Une organisation structurée et équipée

L’ancien militaire ne laissait rien au hasard. Le groupe disposait de matériel militaire (grenades fumigènes et thunder flash), de boucliers artisanaux, de bâtons, et de masques à gaz. L’agent Tremblay témoigne que Boissonneault lui a expliqué que « le groupe fonctionnait par cellules distinctes » et qu’« ils allaient être très bien organisés avec des masques à gaz, des matraques, puis ils allaient répliquer coup pour coup… puis qu’ils allaient avoir du poivre de Cayenne aussi ».

Lors d’une réunion le 7 avril 2001, Boissonneault aurait présenté « quatre possibilités pour attaquer la clôture », dont « accrocher des crochets avec des grosses cordes, donner ça à la foule, tirer la clôture pour la faire tomber » ou encore « couper directement dans la clôture avec des cutters ».

Intentions violentes ou autodéfense politique?

La question à mille dollars : Boissonneault et son groupe avaient-ils l’intention de blesser? Les discussions du groupe concernant l’utilisation potentielle de cocktails Molotov soulèvent des questions. Bien que cette option ait finalement été rejetée, elle a fait l’objet de débats au sein du groupe. Un participant aurait précisé: « Tu tires pas ça sur la police ou personne », indiquant qu’ils pourraient « se servir de ça durant une retraite ».

Un recrutement ciblé

Fait troublant, Boissonneault aurait activement cherché à recruter l’agent Tremblay dans « la cellule militaire » en lui expliquant qu’un « camp d’entrainement très sérieux » était prévu, et « qu’ils fonctionnaient de façon paramilitaire pour être efficaces ».

L’agent témoigne : « Il m’expliquait qu’une action politique violente, c’était parce qu’ils allaient répliquer coup pour coup avec les policiers ; qu’ils étaient très bien organisés, qu’il y avait des membres qui étaient des anciens militaires dont lui… »

La défense de PSPP

Face à ces révélations embarrassantes, Paul St-Pierre Plamondon a pris la défense de son candidat. « Alex Boissonneault m’a évidemment indiqué, en toute transparence dès le départ, qu’il avait été arrêté à l’âge de 22 ans, en 2001. Contrairement à ce qu’affirme Éric Duhaime, il n’a jamais été condamné à de la prison, mais à un suivi en collectivité et à des travaux communautaires », a écrit le chef péquiste sur Facebook.

PSPP ajoute avoir « pris note du fait qu’il a obtenu un pardon en bonne et due forme en 2011, et qu’il fait un travail exemplaire de journaliste depuis maintenant 18 ans ».

Une omission stratégique?

Ce que PSPP ne dit pas, c’est que Boissonneault a bel et bien passé 41 jours en prison — non pas après sa condamnation, mais en détention préventive, avant même que les actes planifiés ne soient commis. Il a été arrêté deux jours avant le Sommet des Amériques, alors que les actions du groupe Germinal n’avaient pas encore été réalisées.

Cette détention préventive n’est pas un détail technique : elle témoigne de la gravité des accusations initiales, dont certaines étaient passibles de l’emprisonnement à perpétuité. Or, en choisissant de n’évoquer que la peine finale — allégée dans le cadre d’une entente — PSPP donne une image édulcorée d’un passé beaucoup plus lourd que ce qu’il laisse entendre.

En matière de transparence, certains silences parlent aussi fort que les mots.

De l’activisme radical au micro de Radio-Canada

Après ces démêlés avec la justice, Boissonneault a effectivement fait carrière à Radio-Canada, notamment comme correspondant parlementaire à Québec, puis comme animateur de l’émission Première heure dans la Capitale-Nationale.

Dans un message à ses auditeurs annonçant sa candidature, il écrit : « Or il arrive que des opportunités de servir autrement se présentent, et qu’on ait envie de monter dans le train qui passe en gare. Précisément parce que l’on croit au service public, mais sur un autre terrain. Celui de l’engagement. »

Un engagement qui, il y a 24 ans, prenait une forme nettement plus radicale que celle d’une candidature politique conventionnelle.

Un pardon qui n’efface pas les questions

Si Alex Boissonneault a effectivement obtenu un pardon pour ses actes en 2011, les électeurs d’Arthabaska sont en droit de se demander si l’ancien leader d’un groupe paramilitaire anticapitaliste est la personne la plus indiquée pour les représenter à l’Assemblée nationale.

La question demeure : le candidat qui souhaitait jadis « répliquer coup pour coup » contre les forces de l’ordre a-t-il vraiment changé, ou s’agit-il simplement d’un changement de tactique pour faire avancer les mêmes idées?

Documents sur l’affaire Germinal

En version Ian & Frank

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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