Lundi, mars 31, 2025

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Budget Québec 2025-2026 : Un déficit record qui confirme le règne du « King des déficits »

Dans un contexte d’incertitude économique marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis, le gouvernement Legault a dévoilé mardi son budget 2025-2026, présentant un déficit comptable de 11,4 milliards de dollars, soit 1,8 % du PIB. Après versements au Fonds des générations, le déficit budgétaire atteint 13,6 milliards (2,2 % du PIB), un niveau sans précédent en temps de paix.

Ce montant représente une augmentation de 5,1 milliards par rapport aux prévisions initiales, faisant de ce budget le plus déficitaire de l’histoire du Québec en nombres absolus.

Un déficit qui s’alourdit malgré les promesses

Le gouvernement repousse encore l’équilibre budgétaire à 2029-2030, soit cinq ans après la date initialement promise. Cette situation survient alors que le ministre des Finances avait pourtant assuré un retour à l’équilibre plus rapide lors des dernières élections.

Le poids de la dette nette s’établira à 40,4 % du PIB au 31 mars 2026, et continuera d’augmenter jusqu’en 2027-2028 pour atteindre 41,9 % avant de redescendre. Face à cette situation, le gouvernement a dû revoir à la hausse ses cibles de réduction de la dette, les faisant passer de 33 % à 35,5 % du PIB d’ici 2032-2033, et de 30 % à 32,5 % d’ici 2037-2038.

En résumé, non seulement le gouvernement abandonne son engagement de revenir rapidement à l’équilibre, mais il reconnaît aussi qu’il ne pourra pas freiner la croissance de la dette aussi vite qu’il l’avait promis. Plutôt que de faire les efforts nécessaires pour contrôler les dépenses, il préfère repousser les échéances et hausser les cibles, comme si les objectifs eux-mêmes étaient le problème. Ce n’est pas une stratégie de redressement, c’est une opération cosmétique pour camoufler un manque de volonté politique.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a tenté de justifier ce gouffre financier en invoquant la menace des tarifs douaniers américains imposés par Donald Trump. « Le déficit est évidemment trop élevé », a-t-il reconnu, tout en ajoutant qu’il était « manageable » et que le gouvernement avait « la responsabilité de répondre à l’incertitude, de soutenir les entreprises ».

Pourtant, l’aide spécifique aux entreprises pour faire face à la crise tarifaire n’est que de 460 millions de dollars, ce qui signifie que 4,6 milliards de dépenses additionnelles ne sont pas reliées à la guerre tarifaire. Une disproportion qui soulève de sérieuses questions sur la gestion des finances publiques par le gouvernement Legault.

« Le montant des prêts aux entreprises a doublé, le Fonds du développement économique a perdu 7 milliards depuis 2018, et le gouvernement refuse toujours d’exploiter nos ressources naturelles pour augmenter ses revenus. Plutôt que d’assumer ses erreurs, la CAQ préfère chercher des boucs émissaires à Washington », a déclaré Éric Duhaime.

« Ce n’est pas à cause des Américains si nous avons un déficit de 13,6 milliards, c’est à cause de l’incompétence du gouvernement. Si les Américains mettent leurs menaces à exécution, le déficit du Québec serait encore pire, pour s’établir à 14,8 milliards »

Éric Duhaime, chef du Parti Conservateur du Québec

Un plan de retour à l’équilibre budgétaire peu crédible

Malgré l’ampleur du déficit, le gouvernement maintient son objectif de retour à l’équilibre budgétaire pour 2029-2030. Un scénario que l’opposition juge totalement irréaliste.

« La CAQ a été irresponsable avec les finances publiques et nous a placés dans une position de vulnérabilité. Elle a maintenant recours à des subterfuges pour laisser entendre qu’elle a un plan pour atteindre l’équilibre budgétaire, mais ce plan n’est pas crédible et ne se matérialisera pas », a déclaré Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois.

D’ailleurs, selon le porte-parole en Finances du PCQ, Adrien Pouliot, cette situation compromet sérieusement la stabilité financière du Québec aux yeux des agences de notation, qui ont déjà lancé des avertissements.

« Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Les déficits successifs du gouvernement deviennent de plus en plus préoccupants, et aucun plan crédible de retour à l’équilibre budgétaire n’a été présenté. Les agences de notation surveillent la situation de près, et si notre cote de crédit est dégradée, le coût de l’endettement pour le Québec – et donc pour tous les Québécois – augmentera considérablement », explique M. Pouliot.

Des hausses d’impôts déguisées

Le plan de redressement repose sur des projections de croissance des revenus peu réalistes, notamment une augmentation de près de 6 % entre 2025 et 2026, puis de 3,6 %, alors que l’augmentation entre 2024 et 2025 n’est que de 0,8 %. De plus, le gouvernement prévoit une augmentation des transferts fédéraux de 2,5 milliards de dollars, ce qui semble hautement improbable dans le contexte politique actuel.

Pour tenter de redresser les finances publiques, le gouvernement mise sur des « efforts pour améliorer le régime fiscal » qui permettront de dégager près de 3 milliards de dollars sur cinq ans. En langage clair : des hausses d’impôts déguisées.

Parmi ces mesures, on note l’uniformisation du taux de la taxe sur les primes d’assurance avec celui de la TVQ et la fin de l’indexation du seuil d’admissibilité aux taux réduits de la cotisation de l’employeur au Fonds des services de santé.

En clair, la CAQ choisit la facilité : taxer plus au lieu de gérer mieux. Dans son budget, elle augmente la taxe sur les primes d’assurance en l’alignant sur la TVQ — résultat : vos assurances vont coûter plus cher. Et pour les PME, fini l’indexation qui leur permettait de payer moins au Fonds des services de santé. Autrement dit, les petites entreprises vont payer plus, pendant que la machine gouvernementale continue de grossir. C’est un budget qui frappe les travailleurs et les entrepreneurs…

Une croissance économique anémique

Le budget repose sur des prévisions économiques peu reluisantes, avec une croissance du PIB réel de seulement 1,1 % en 2025 et 1,4 % en 2026. Ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux des années précédentes et à la moyenne canadienne.

Autrement dit, le gouvernement mise sur une économie qui ralentit, tout en maintenant un niveau de dépenses élevé. Dans un contexte où la croissance est faible et l’incertitude élevée, cette stratégie comporte des risques importants. Si les revenus stagnent ou chutent, c’est la population — déjà lourdement taxée — qui devra absorber le choc. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un gouvernement qui prétend être rigoureux et responsable.

Des dépenses qui continuent d’augmenter

Malgré les discours sur la rigueur, les dépenses totales du gouvernement atteindront 165,8 milliards de dollars en 2025-2026, en hausse de 1,5 %. Cette augmentation survient dans un contexte où les revenus augmentent que de 0,7 % et que les contribuables Québécois sont déjà surtaxés.

Résultat? Un déficit qui empire encore, pendant que la CAQ refuse de faire le ménage dans sa propre machine. Au lieu de couper dans les dépenses inutiles, de réduire la taille de l’État ou de remettre de l’argent dans les poches des citoyens, le gouvernement continue de brûler nos taxes pour nourrir une bureaucratie inefficace et surdimensionnée.

« Si on cumule les six premiers budgets, l’augmentation des dépenses du gouvernement a été de 48 %, ce qui est extraordinairement élevé », a souligné Éric Duhaime. Cette critique s’inscrit dans un contexte où le Québec fait face à son déficit le plus important de l’histoire, avec un retour à l’équilibre budgétaire repoussé à 2029-2030, soit deux ans plus tard que prévu initialement.

Le Parti libéral du Québec n’est pas en reste dans ses critiques. « C’est simple, le gouvernement de la CAQ endette les Québécois et Québécoises deux fois plus vite que le gouvernement de l’Ontario endette les Ontariens et Ontariennes », a affirmé Frédéric Beauchemin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances.

L’Institut économique de Montréal (IEDM) partage cette analyse critique : « Pour la deuxième année d’affilée, le gouvernement Legault prévoit fracasser les records de déficits. Le ministre Girard semble bien meilleur pour trouver des raisons de faire des déficits qu’il ne l’est pour trouver et éliminer le gaspillage au gouvernement », a déclaré Gabriel Giguère, analyste senior en politiques publiques à l’IEDM.

Un plan d’infrastructures gonflé artificiellement

Le gouvernement annonce un rehaussement du Plan québécois des infrastructures (PQI) 2025-2035 à 164 milliards de dollars, une augmentation de 11 milliards. Cette mesure, présentée comme un stimulant économique, ressemble davantage à une tentative désespérée de relancer une économie en perte de vitesse.

Avant de promettre 164 milliards en nouveaux projets, la CAQ devrait commencer par livrer ceux déjà annoncés. On connaît la chanson : retards, dérives de coûts, mauvaise planification. Ce n’est pas de l’investissement stratégique, c’est du gaspillage politique maquillé en plan économique.

Des mesures d’aide aux entreprises qui manquent de vision

Plutôt que de s’attaquer aux causes structurelles ou de défendre fermement nos intérêts commerciaux, la CAQ choisit de garrocher 400 millions en « aide transitoire » aux entreprises, dans l’espoir que des prêts de 1,6 milliard feront oublier les conséquences des tarifs américains. C’est une réponse bureaucratique à un problème politique. Ce n’est pas en empilant les subventions et les prêts qu’on va rendre nos entreprises plus compétitives — c’est en baissant leur fardeau fiscal et en leur donnant de vraies conditions pour prospérer.

Un écart à résorber qui suscite des doutes

Le plan de retour à l’équilibre budgétaire prévoit un « écart à résorber » de 1 milliard de dollars en 2027-2028 et de 2,5 milliards en 2028-2029 et 2029-2030. Or, le gouvernement reste vague sur la façon dont il compte combler cet écart.

Autrement dit, le gouvernement admet qu’il lui manquera des milliards pour équilibrer le budget d’ici 2027, mais refuse de dire comment il va combler ce trou. Ce fameux « écart à résorber » n’est qu’un jargon pour masquer le flou total de son plan. Est-ce qu’il prévoit couper? Hausser les taxes? S’endetter encore? Mystère. Ce qu’on sait, c’est qu’il repousse les décisions difficiles… à plus tard.

Conclusion : un budget qui manque d’ambition

En somme, ce budget 2025-2026 témoigne d’un gouvernement qui navigue à vue, sans vision claire pour redresser les finances publiques et stimuler véritablement l’économie québécoise. Alors que les défis s’accumulent — tensions commerciales, vieillissement de la population, pénurie de main-d’œuvre — la CAQ semble se contenter de mesures temporaires et d’un report constant de l’équilibre budgétaire.

Les Québécois méritent mieux qu’un gouvernement qui s’enfonce dans l’endettement et qui repousse constamment ses engagements. Il est temps d’envisager une approche véritablement rigoureuse des finances publiques, basée sur une réduction des dépenses de l’État et un allègement du fardeau fiscal des particuliers et des entreprises.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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