Jeudi, juillet 10, 2025

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CBC accusée de diversité de façade : Travis Dhanraj dénonce une culture de censure interne

L’affaire Travis Dhanraj secoue présentement Radio-Canada/CBC et soulève des questions troublantes sur la culture interne du diffuseur public. L’ancien animateur de l’émission Canada Tonight a quitté CBC en juillet 2025, accusant ouvertement la société d’État de tokenisme (Diversité de façade / Inclusion cosmétique), de biais éditorial et de représailles systémiques.

Un départ lourd de sens

Travis Dhanraj, journaliste d’origine indienne qui animait l’émission phare Canada Tonight sur CBC News Network, affirme avoir été contraint de démissionner après avoir soulevé des questions dérangeantes sur les pratiques internes de CBC. Dans une lettre cinglante adressée à la direction lundi dernier, il écrit :

Ce n’était pas une décision volontaire. Lorsque j’ai tenté d’engager des discussions franches sur les problèmes systémiques et les biais éditoriaux, je me suis retrouvé marginalisé. Exclu. Réduit au silence. Finalement, effacé.

Travis Dhanraj

L’animateur, qui avait pris les rênes de son émission en janvier 2024, a mystérieusement disparu des ondes en février 2025, remplacé par Ian Hanomansing dans la même case horaire. CBC avait alors simplement confirmé qu’il était « en congé », alimentant les spéculations.

Des accusations graves de discrimination systémique

Selon l’avocate de Dhanraj, Kathryn Marshall, CBC aurait présumé que le journaliste partageait une «  vision du monde libérale » basée sur «  la couleur de sa peau ». Elle allègue que lorsque Dhanraj a voulu présenter une diversité d’opinions politiques, incluant des invités plus conservateurs, la direction et les cadres supérieurs s’y sont opposés.

Dhanraj dénonce ce qu’il appelle « diversité de façade, du symbolisme, un système conçu pour élever certaines voix et en diminuer d’autres ». Il affirme avoir été systématiquement privé d’accès aux «  principaux acteurs de l’actualité » et avoir fait face à des «  obstacles » tandis que d’autres étaient «  valorisés ».

Un pattern inquiétant de représailles

L’ex-animateur décrit un environnement de travail toxique caractérisé par « des représailles, de l’exclusion et des préjudices psychologiques ». Il révèle avoir été accusé d’être sur une «  croisade » simplement pour avoir réclamé plus d’équilibre éditorial.

Un incident cité par Dhanraj illustre ce qu’il perçoit comme un mécanisme de représailles. Il affirme avoir fait l’objet d’une enquête formelle après avoir mentionné sur Twitter que Catherine Tait, alors présidente de CBC, avait décliné une invitation à son émission. Selon lui, cette simple mention factuelle aurait déclenché non seulement une investigation interne, mais aussi la présentation d’un accord de non-divulgation. Il juge cette réaction institutionnelle disproportionnée et y voit un exemple concret de la « culture punitive » qu’il attribue au diffuseur public.

CBC refuse la démission : un geste révélateur selon l’avocate

Dans un développement pour le moins inhabituel, CBC refuse d’accepter la démission de Dhanraj. Selon l’avocate de Dhanraj, CBC refuserait d’accepter sa démission, le maintenant officiellement en congé. Elle y voit une illustration de ce qu’elle qualifie de « culture de travail abusive ».

Un historique de controverses sur les biais

Les accusations de Dhanraj s’inscrivent dans une série de critiques récurrentes visant CBC. Des sondages ont révélé que le public canadien perçoit un biais centre-gauche/Parti libéral dans la couverture de CBC News.

Tara Henley cité par The Hub en 2023 admettait : « Le problème le plus pressant pour le travail sur le terrain à CBC, là où toutes les décisions éditoriales sont réellement prises, c’est la pensée de groupe. À cet égard, je pense qu’il y a un certain mérite à la critique selon laquelle CBC a un biais penchant à gauche. À mon avis, cette dynamique vient à la fois d’en haut — de la direction — et d’en bas — de la base des employés. »

L’analyse de Media Bias/Fact Check classe d’ailleurs Radio-Canada comme ayant un biais « Centre-Gauche » basé sur des positions éditoriales qui penchent à gauche.

Voir aussi: Les médias québécois et leurs biais : la neutralité est-elle une illusion? (article d’avril 2025, PiluleRouge)

Des problèmes systémiques plus profonds

L’affaire Dhanraj survient alors que des rapports récents ont mis en lumière des problèmes systémiques plus larges dans la fonction publique canadienne. En 2024, un rapport interne du Bureau du Conseil privé révélait une culture marquée par des stéréotypes raciaux, des microagressions et de la violence verbale à l’endroit de certains employés. Un autre rapport allait jusqu’à qualifier certains milieux de travail fédéraux de « cloaque de racisme ». Ces constats ne visaient pas directement CBC, mais soulèvent des questions sur la culture organisationnelle dans chacune des institutions publiques canadiennes.

La réponse défensive de CBC

Face aux accusations, CBC a adopté une posture défensive. La porte-parole Kerry Kelly affirme que la société d’État « rejette catégoriquement » les allégations de Dhanraj.

L’attitude de CBC rappelle celle adoptée lors de l’affaire Jian Ghomeshi en 2015, où la direction avait initialement minimisé les allégations avant d’être contrainte d’agir comme le témoigne le rapport indépendant de Janice Rubin (avril 2015).

Des implications pour l’avenir du service public

L’affaire Dhanraj soulève des questions fondamentales sur le rôle et l’indépendance de CBC/Radio-Canada. Comme l’écrit le journaliste dans sa lettre d’adieu : « Le plus grand tort est fait au public : un diffuseur qui ne respecte plus son mandat, une culture qui résiste à toute reddition de comptes, et un système qui punit ceux qui osent le remettre en question. »

Avec un budget annuel de plus d’un milliard de dollars financé par les contribuables, CBC se doit d’être irréprochable en matière de diversité d’opinions et d’équité envers ses employés. L’affaire Dhanraj suggère que la société d’État a encore du chemin à faire.

Vers un recours juridique

Dhanraj et son avocate préparent un recours devant la Commission canadienne des droits de la personne. Cette démarche pourrait forcer CBC à rendre des comptes publiquement sur ses pratiques internes et sa culture organisationnelle.

L’issue de cette affaire pourrait bien déterminer si CBC parviendra à réformer sa culture interne ou si elle continuera de faire face à des accusations de biais et de discrimination. Pour un diffuseur public qui se targue de servir tous les Canadiens, l’enjeu est de taille.

En attendant, Travis Dhanraj promet de continuer à s’exprimer publiquement sur ces enjeux, déclarant sur les réseaux sociaux : « Il s’agit de voix mises à l’écart, de vérités difficiles évitées, et du public laissé dans l’ignorance de ce qui se passe réellement à l’intérieur de son diffuseur national. »

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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