Dans quelques jours seulement, les Québécois devront s’adapter à une nouvelle réalité en matière de recyclage. Le 1er mars 2025 marquera l’entrée en vigueur de la deuxième phase de la modernisation du système de consigne, un changement majeur qui touchera tous les contenants de boisson en plastique.
Un virage environnemental d’envergure
Après avoir élargi la consigne à tous les contenants en aluminium en novembre 2023, le Québec franchit une nouvelle étape importante. À compter du 1er mars, tous les contenants de boisson prête-à-boire en plastique, de 100 ml à 2 litres, seront désormais consignés. Cela inclut les bouteilles d’eau, d’eau pétillante, de jus, de lait et même certaines bouteilles de spiritueux.
Cette deuxième phase s’inscrit dans une vision ambitieuse visant à consigner cinq milliards de contenants chaque année, avec un objectif de taux de récupération de 90 % d’ici 2032.
« N’attendez pas au 1er mars pour ramener tous vos contenants d’un seul coup! », a plaidé le ministre de l’Environnement Benoît Charette.
Cette consigne-là, elle est là pour durer dans le temps, donc étalez vos retours parce qu’il y a des gens qui ont accumulé des contenants dans des quantités assez importantes au cours des derniers mois
Un réseau en transformation
Pour accommoder ce changement d’envergure, le réseau de lieux de retour subit une transformation majeure. Le modèle traditionnel de retour chez les détaillants évolue vers un système hybride qui inclut les bannières Consignaction et Consignaction+, des espaces dédiés exclusivement au retour des contenants consignés.
Initialement, le plan prévoyait la mise en place d’environ 1500 lieux de retour partout au Québec. Toutefois, une proposition conjointe des associations de détaillants suggère plutôt un réseau d’environ 1132 sites de récupération stratégiquement situés dans des zones commerciales, permettant de desservir 90 % de la population québécoise à moins de 10 minutes de déplacement.
Il est important de noter que la troisième phase de cette modernisation, qui devait initialement avoir lieu en 2025, a été reportée au 1er mars 2027. Cette dernière phase concernera les contenants en verre (comme les bouteilles de vin et de spiritueux) et les contenants en carton multicouche (comme les cartons de lait et de jus).
Un système plus simple pour les consommateurs?
L’un des avantages majeurs de cette modernisation est la simplification du système pour les citoyens. En basant désormais la consigne sur les contenants plutôt que sur leur contenu, le gouvernement espère réduire la confusion chez les consommateurs. Tous les contenants en plastique seront consignés à 10 cents, un montant uniforme qui facilite la compréhension du système.
Les perceptions à l’égard de l’élargissement de la consigne sont généralement positives. Une étude menée par RECYC-QUÉBEC indique que les ménages interrogés ont confiance que les contenants seront récupérés et recyclés en plus grande quantité, et que la variété des contenants consignés incite à les rapporter.
Cependant, certains freins demeurent. Dans un contexte de consigne élargie, devoir se rendre à de multiples points de dépôt est considéré comme un obstacle important pour trois ménages sur quatre, particulièrement en milieu urbain. Un temps d’attente de cinq minutes au point de dépôt est acceptable pour un ménage sur deux, tandis que l’entreposage à la maison est un inconvénient pour une proportion moindre de ménages (35 %).
Des inquiétudes chez certains acteurs
Le Centre d’information laitière du Québec (CILQ) a exprimé des inquiétudes concernant le report partiel de la consigne. Selon eux, cela pourrait être mélangeant pour le consommateur puisque tous les contenants de lait ne seront pas traités de la même façon. En effet, à partir du 1er mars 2025, le consommateur devra payer une consigne de 10 cents sur le lait emballé dans les contenants de plastique, alors qu’il n’aura pas à payer cette consigne pour le lait embouteillé dans des contenants de carton multicouche.
Cette situation pourrait désavantager commercialement le lait mis en marché dans des contenants de plastique versus celui emballé dans des contenants de carton multicouche. Ceci est particulièrement inquiétant pour certaines laiteries régionales qui n’offrent leur lait que dans un seul type de contenant, celui en plastique.
D’autres critiques pointent les impacts environnementaux potentiels. Certains affirment qu’aucune étude environnementale n’a été faite pour évaluer la balance des bénéfices et risques en matière de gaz à effet de serre émis par le transport des matières. Le nouveau système de consigne, une fois mis en place, ajoutera de nombreuses lignes de transport.
Une question demeure, est-ce que ces nouveaux centres auront un bon bilan économique et écologique?
