L’Ukraine et les États-Unis ont finalisé un accord économique majeur portant sur l’exploitation des ressources minérales ukrainiennes, notamment les terres rares, le lithium, le graphite, le titane et l’uranium. Cette entente, conclue mardi 25 février 2025, marque un tournant dans les relations entre les deux pays et pourrait avoir des implications considérables tant sur le plan économique que géopolitique.
Les termes de l’accord
Selon les informations disponibles, l’accord prévoit un développement conjoint des ressources minérales ukrainiennes sur une base 50/50. Le président américain Donald Trump a qualifié cet accord de « très important » et a estimé sa valeur potentielle à environ 1 billion de dollars. Il a également affirmé que les contribuables américains « récupéreraient leur investissement, et plus encore ».
Les négociations ont abouti à des conditions plus favorables pour l’Ukraine que celles initialement proposées. L’administration Trump avait d’abord demandé que l’Ukraine cède des droits sur 500 milliards de dollars de ses ressources naturelles, une exigence qui a été abandonnée. L’accord exclut également les ressources qui contribuent déjà aux coffres du gouvernement ukrainien, comme les entreprises Naftogaz ou Ukrnafta, les plus grands producteurs pétroliers et gaziers du pays.
Un processus de négociation complexe
Le chemin vers cet accord a été semé d’embûches. Le 12 février, le secrétaire américain au Trésor Scott Benton avait présenté à Zelensky une première version de l’accord qui prévoyait que 50% des revenus issus des ressources minérales et naturelles ukrainiennes reviendraient aux États-Unis en paiement du soutien militaire américain. Cette proposition incluait non seulement les revenus de l’exploitation des terres rares, mais aussi « l’ensemble de la valeur économique associée aux ressources en Ukraine », y compris l’uranium, le lithium, le pétrole, le gaz, et même certains revenus portuaires.
Le président Zelensky avait alors refusé de signer cet accord, car il ne contenait aucune garantie de sécurité pour l’Ukraine. Il avait également contesté le montant de 500 milliards de dollars réclamé par Trump, affirmant que l’aide militaire américaine était bien inférieure à cette somme. Selon le Congressional Research Service, les États-Unis ont approuvé 174 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine entre 2022 et 2024.
La richesse minérale ukrainienne
L’Ukraine possède un sous-sol exceptionnellement riche en minéraux stratégiques. Le pays détient 22 des 34 minerais considérés comme « cruciaux » par l’Union européenne, ce qui en fait le plus important gisement d’Europe. Plus précisément, l’Ukraine possède les premières réserves européennes de graphite et de lithium, représentant respectivement 6% et 1% du total mondial. Ses réserves de béryllium seraient « capables de satisfaire la production mondiale pendant quarante ans ».
Ces ressources sont essentielles pour les technologies de pointe, l’industrie de la défense et les énergies renouvelables. Le lithium est utilisé pour les batteries de téléphone, l’uranium pour les centrales nucléaires, le graphite pour les batteries de voitures électriques, et le titanium est prisé dans le secteur aérospatial.
Implications politiques et sécuritaires
Bien que l’accord ne contienne pas de garanties de sécurité explicites, les responsables ukrainiens espèrent qu’il améliorera les relations avec Washington et ouvrira la voie à un engagement sécuritaire américain à long terme. Selon Olha Stefanishyna, vice-première ministre ukrainienne, « l’accord sur les minerais n’est qu’une partie du tableau. L’administration américaine nous a dit à plusieurs reprises qu’il s’inscrivait dans un cadre plus large ».
Le président Zelensky devrait se rendre à Washington vendredi pour signer officiellement l’accord avec le président Trump. Cette visite pourrait également être l’occasion pour les deux dirigeants de discuter de la poursuite de l’aide militaire américaine à l’Ukraine.
La semaine dernière, Trump avait qualifié Zelensky de « dictateur » et l’avait averti qu’il devrait conclure un accord de paix rapidement, faute de quoi « il ne lui restera plus de pays ». Ces déclarations illustrent la pression exercée par Washington sur Kyiv pour parvenir à un règlement du conflit avec la Russie.
Cet accord représente donc un compromis pour l’Ukraine, qui obtient des conditions plus favorables que celles initialement proposées, mais qui ne reçoit pas les garanties de sécurité explicites qu’elle souhaitait. Pour les États-Unis, il s’agit d’un moyen de récupérer une partie de leur investissement dans le soutien à l’Ukraine tout en s’assurant un accès à des ressources minérales stratégiques dans un contexte de compétition mondiale, notamment avec la Chine, pour ces matières premières essentielles.