Dans une déclaration cinglante qui a fait l’effet d’une bombe diplomatique, Kim Yo-jong, sœur influente du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a affirmé mercredi dernier que le statut de la Corée du Nord en tant qu’État nucléaire est « irréversible », qualifiant les appels à la dénucléarisation de « fantasme délirant ».
Une position sans équivoque
« Notre dénucléarisation n’est rien d’autre qu’un rêve impossible », a déclaré Kim Yo-jong dans un communiqué diffusé par le Rodong Sinmun, organe du Parti des travailleurs au pouvoir. « C’est un acte hostile que de tenter de ressusciter un concept déjà défunt, car cela revient à nier notre souveraineté et à nous forcer à abandonner notre Constitution et notre système. »
La déclaration de Kim Yo-jong intervient en réponse directe à une réunion trilatérale entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, dont les ministres des Affaires étrangères ont réaffirmé jeudi dernier leur engagement en faveur de la « dénucléarisation complète » de la Corée du Nord, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
« Nous sommes indifférents au déni ou à la reconnaissance de quiconque, et notre position ne changera jamais », a-t-elle affirmé. « C’est notre choix inébranlable qui ne peut être renversé par aucune force physique ou artifice sournois. »
Une réaction à la réunion de l’OTAN
Cette sortie fracassante fait suite à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN qui s’est tenue à Bruxelles les 3 et 4 avril 2025. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio, le ministre japonais des Affaires étrangères Takeshi Iwaya et son homologue sud-coréen Cho Tae-yul y ont participé et ont publié une déclaration commune réaffirmant leur engagement en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Kim Yo-jong a qualifié cette déclaration trilatérale d’« acte le plus hostile » et de négation pure et simple de la souveraineté de la Corée du Nord.
Un arsenal nucléaire considéré comme vital
La position de Pyongyang n’est pas nouvelle, mais sa réaffirmation par Kim Yo-jong, considérée comme l’une des principales responsables de la politique étrangère du pays, donne un poids particulier à ce message.
Selon elle, l’arsenal nucléaire nord-coréen joue « un rôle clé dans la dissuasion contre l’agression et les menaces des forces extérieures » et est vital pour protéger la sécurité nationale. Elle a ajouté que la seule voie viable vers la sécurité dans la région réside consiste à « renoncer aux tentatives unilatérales de modifier le statu quo actuel et à rechercher plutôt des moyens d’éviter la confrontation directe ».
Malgré les sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, la Corée du Nord a poursuivi son programme d’armement nucléaire depuis son premier essai souterrain en 2006. Le pays aurait depuis développé un stock d’armes nucléaires.
Des tensions accrues dans la région
Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions croissantes dans la région. En mars dernier, la Corée du Nord a menacé d’intensifier son programme d’armement nucléaire après que les États-Unis ont annoncé l’envoi d’un porte-avions en Corée du Sud pour des exercices militaires conjoints.
Kim Yo-jong avait alors qualifié la décision américaine d’envoyer l’USS Carl Vinson en Corée du Sud d’acte « provocateur » démontrant la volonté « la plus hostile et la plus conflictuelle » envers la Corée du Nord.
Plus récemment, la Corée du Sud et les États-Unis ont mis à jour leurs plans d’opérations de guerre conjoints en réponse au programme d’armes nucléaires « de plus en plus sophistiqué » de la Corée du Nord, selon le commandant des Forces américaines en Corée, le général Xavier Brunson.
Un message adressé à Trump
Selon des experts, cette déclaration constitue également un message politique de haut niveau adressé au président américain Donald Trump, qui a indiqué être prêt à reprendre les négociations avec Kim Jong-un.
« En déclarant que la dénucléarisation est un concept mort et en présentant toute tentative de le ressusciter comme un acte hostile, Pyongyang souligne une fois de plus à quel point la reconnaissance — ou le déni — de son statut d’État doté d’armes nucléaires est vital pour le régime de Kim Jong-un », a déclaré Lim Eul-chul, professeur à l’Institut d’études d’Extrême-Orient de l’Université Kyungnam (Kyungnam University’s Institute for Far Eastern Studies).
Trump et Kim se sont rencontrés à trois reprises pendant le premier mandat de Trump, mais ces efforts diplomatiques se sont rapidement effondrés en raison de désaccords sur la levée des sanctions américaines en échange de mesures nord-coréennes pour démanteler ses programmes nucléaires et de missiles.
La priorité de la politique étrangère de la Corée du Nord semble désormais être la Russie, car la Corée du Nord a approvisionnée la Russie en armes et en troupes pour soutenir son invasion de l’Ukraine.
Alors que les tensions continuent de monter dans la région, la position intransigeante de Pyongyang sur son arsenal nucléaire laisse peu d’espoir pour une résolution diplomatique dans un avenir proche. Comme l’a si bien résumé Kim Yo-jong : « La dénucléarisation de notre pays n’est rien d’autre qu’un rêve impossible qui ne pourra jamais se réaliser. »
