Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, n’y va pas par quatre chemins. Lors d’une conférence de presse tenue le 20 mai, il est revenu à la charge contre la taxe carbone, brandissant un sondage Léger qui fait mal aux défenseurs de cette mesure : 56 % des Québécois veulent voir cette taxe disparaître, contre seulement 28 % qui souhaitent la maintenir.
« C’est pratiquement… en fait. c’est du deux pour un », lance Duhaime. Et il n’a pas tort : les chiffres parlent d’eux-mêmes.
L’Ontario nous nargue à la pompe
Le leader conservateur sort des chiffres pour démontrer l’ampleur du problème. La journée même, l’écart de prix entre le Québec et l’Ontario est « à peu près 24,5- 25 sous en moyenne », selon les données de Gasbuddy qu’il cite. Et devinez quoi? « L’ensemble de la différence entre le Québec et l’Ontario s’explique par les taxes. »
La recette du Québec pour vider les portefeuilles des Québécois et des Québécoises :
- Taxe provinciale sur les carburants est de 19,2 sous contre 9 sous en Ontario
- Taxe carbone qui s’applique « uniquement au Québec » depuis le 1er avril
- TVQ (taxe de vente provinciale) à 9,975 % contre 8% en Ontario et de 0% en Alberta
« Donc, sur l’ensemble, […] ça donne exactement l’écart entre le Québec et l’Ontario à l’heure actuelle », conclut Éric Duhaime.
Legault sourd aux demandes populaires?
Le chef conservateur n’épargne pas François Legault : « Le gouvernement Legault, qui pendant des années nous a dit qu’il ne fallait pas baisser et réduire les taxes sur l’essence parce que les pétrolières allaient en profiter et que les consommateurs ne verraient pas le prix à la pompe. Mais aujourd’hui, on se rend compte que c’était un mensonge éhonté. »
Plus cinglant encore, Duhaime souligne que lors du dernier vote à l’Assemblée nationale, « les quatre partis ont voté à l’unanimité contre l’abolition de la taxe carbone » alors que « 56 % des Québécois sont contre. »
« Malheureusement, la majorité des Québécois n’est pas représentée présentement à l’Assemblée nationale », déplore-t-il.
Bloomberg sonne l’alarme sur l’inflation québécoise
Comme si ce n’était pas assez, Duhaime cite un rapport Bloomberg publié le matin même, qui indique que « l’inflation au Québec risque d’être plus importante qu’ailleurs au Canada. » Et pourquoi? Parce que « étant donné qu’on est le seul endroit qui maintient une taxe carbone, bien l’inflation cette année va être plus élevée. »
Même un économiste de Desjardins, Royce Mendes, est cité dans ce rapport.
Le fonds vert : une machine à cash qui tourne dans le vide?
Quand on lui demande ce qu’il adviendrait des initiatives environnementales sans la taxe carbone, Duhaime sort l’artillerie lourde : « Au cours des dix dernières années, les automobilistes québécois ont payé plus de 10 milliards de dollars en taxes sur l’essence pour un fonds vert. La réduction des gaz à effet de serre au Québec pendant cette même période a été de 0,7 %. »
À l’échelle mondiale? « 0,001 %, un millième de 1 %. » Pour 10 milliards.
« De toute façon, le fonds vert, vous savez qu’il y a un surplus. Parce que justement, ils ont tellement d’argent qu’ils ne savent plus quoi faire avec. Ils en ont trop par rapport aux demandes de projet. », ajoute-t-il.
L’exemple ontarien qui dérange
Face aux arguments sur les coûts de sortie du système, Duhaime contre-attaque : « Combien ça a coûté à l’Ontario quand ils se sont retirés? Ça a coûté zéro en 2018. » Et il qualifie de « mensonge » les chiffres de 6 à 8 milliards avancés par certains.
Une ouverture de Legault sur les hydrocarbures
Questionné sur les récentes déclarations de François Legault concernant une possible ouverture aux pipelines, Duhaime reste prudent : « Je suis un peu sceptique parce que je me souviens que j’ai lu son livre qui nous disait qu’il voulait faire du Québec, la Norvège de l’Amérique. Donc, avant de croire M. Legault sur parole en ce qui concerne nos hydrocarbures, je vais attendre. […] Je vais le croire quand je vais le voir. »
Mais il concède : « Cela étant dit, c’est quand même un pas dans la bonne direction. » Avant d’ajouter : « Je pense que quand un premier ministre est en train de battre les records d’impopularité, il commence à se poser des questions. »
Le message est clair
Avec 55 % des Québécois également favorables à la construction de pipelines selon le même sondage Léger, Duhaime peut se frotter les mains. « Le Parti conservateur du Québec est le seul parti à promouvoir de tels projets », rappelle-t-il.
Le message est limpide : pendant que l’élite politique fait la sourde oreille, les Québécois ordinaires en ont ras-le-bol de payer plus cher pour faire plaisir aux bien-pensants. Et Éric Duhaime compte bien surfer sur cette vague de frustration populaire.