La guerre en Syrie, qui a débuté en 2011, reste un véritable casse-tête géopolitique pour la communauté internationale. Alors que le conflit semblait offrir à des puissances comme la Russie et l’Iran une opportunité d’étendre leur influence au Moyen-Orient, les résultats de leur intervention s’avèrent pour le moins mitigés. À l’opposé, la Turquie, membre de l’OTAN, a su tirer parti de la situation pour renforcer son poids régional, tout en s’éloignant progressivement des valeurs de l’alliance militaire. Ce succès controversé soulève une question centrale : la Turquie est-elle le pire allié au sein de l’OTAN ?
L’échec russe : une victoire à la Pyrrhus
Lorsque la Russie est intervenue militairement en Syrie en 2015, elle espérait non seulement sauver le régime de Bachar el-Assad, mais aussi réaffirmer son statut de puissance mondiale. Cependant, avec la chute du régime et la fuite d’Assad en Russie, où il a reçu l’asile politique, cette intervention s’est transformée en échec cinglant. Les rebelles ont pris le contrôle du pays, laissant Moscou isolée diplomatiquement. Jean-François Caron souligne que cette situation expose les limites stratégiques de la Russie et met en lumière le coût exorbitant de son engagement en Ukraine.
L’Iran : un pari risqué
Jean-François Caron rappelle que l’Iran, en soutenant Assad, cherchait à renforcer un corridor stratégique vers le Liban pour contrer Israël et étendre son influence chiite. Avec la chute d’Assad, l’Iran a perdu son principal allié dans la région, mettant en péril ses ambitions stratégiques. Cette défaite a entraîné un isolement international accru pour l’Iran, et ses tensions internes avec la Russie et les autres acteurs sur le terrain ont affaibli encore davantage sa position.
La Turquie : le véritable gagnant
Dans le podcast, Frank et Caron s’accordent à dire que la Turquie a su jouer un double jeu dans le conflit syrien. Sous Recep Tayyip Erdogan, Ankara a établi une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, ciblant les Kurdes, qu’elle considère comme une menace. Cette stratégie a affaibli les alliés des États-Unis dans la lutte contre l’État islamique tout en renforçant la position de la Turquie comme acteur incontournable.
Par ailleurs, la Turquie a exploité la crise des réfugiés comme un levier politique, menaçant régulièrement l’Union européenne d’ouvrir ses frontières. Cependant, c’est sa politique d’achat du système S-400 russe qui a le plus déstabilisé l’OTAN. Caron insiste sur le fait que cette décision illustre une érosion des valeurs communes au sein de l’alliance.
La Turquie : un allié problématique pour l’OTAN
Jean-François Caron met en garde contre l’ambition croissante d’Erdogan, qui s’éloigne des principes démocratiques de l’alliance. En affaiblissant les Kurdes, un partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, la Turquie n’a de solidarité qu’envers elle-même et, a des politiques qui divergent de ses partenaires.
Donald Trump et la menace de retrait de l’OTAN
Frank et Caron discutent également de la menace de Donald Trump de retirer les États-Unis de l’OTAN, une position qui reflète le scepticisme croissant envers les contributions des membres. Cette incertitude a exacerbe les divisions au sein de l’alliance, laissant des acteurs comme la Turquie exploiter cette fragilité pour leurs propres fins.
Conclusion : l’avenir de l’OTAN à l’épreuve
La guerre en Syrie, selon Caron, est un miroir des contradictions de l’OTAN. Tandis que la Russie et l’Iran accumulent des échecs, la Turquie a prospéré tout en fragilisant les fondations de l’alliance. Si l’OTAN ne réévalue pas sa stratégie envers des membres comme la Turquie, elle risque de devenir obsolète, réalisant la menace de Trump. Cette introspection est essentielle pour garantir la cohésion et l’efficacité de l’alliance face aux défis futurs.