Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) dévore de plus en plus d’énergie, le Canada pourrait bien tirer son épingle du jeu grâce à son hydroélectricité abondante. Mais attention, ce n’est pas si simple. Plongeons dans les enjeux d’un mariage potentiellement fructueux entre l’or bleu canadien et les cerveaux électroniques.
Un appétit d’ogre difficile à rassasier
L’IA a beau être « intelligente », elle n’en est pas moins gourmande. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation d’électricité des centres de données, de l’IA et du secteur des cryptomonnaies pourrait doubler d’ici 2026. Une seule requête sur ChatGPT consomme près de 10 fois plus qu’une recherche Google classique. À l’échelle mondiale, avec près de 200 millions de recherches journalières, cela représente une consommation quotidienne équivalente à celle de plus de 10 000 foyers américains.
Face à cette boulimie énergétique, le Canada semble avoir quelques atouts dans sa manche.
L’as hydroélectrique dans la manche canadienne
Le Canada est un poids lourd mondial de l’hydroélectricité, se classant au quatrième rang des producteurs. Avec une capacité installée d’environ 81 gigawatts en 2021, le pays génère annuellement près de 400 térawattheures d’électricité. Des provinces comme le Québec, la Colombie-Britannique et le Manitoba tirent plus de 90 % de leur électricité de l’hydroélectricité.
Youness Alami, expert en énergie, souligne les avantages du Canada : « L’abondance d’énergie renouvelable, des coûts énergétiques compétitifs et un climat favorable font du Canada un environnement idéal pour soutenir une infrastructure d’IA écologique et résiliente ».
Un cocktail gagnant pour l’économie et l’environnement ?
L’impact économique potentiel est loin d’être négligeable. Selon un rapport de RBC, l’augmentation de productivité liée à l’IA générative pourrait ajouter 180 milliards de dollars par an à l’économie canadienne d’ici 2030.
Rick Christiaanse, PDG d’Invest Alberta, va encore plus loin : « Le développement des centres de données représente une opportunité économique potentielle de 75 à 100 milliards de dollars canadiens pour l’Alberta ».
Côté environnement, le climat frais du Canada offre un avantage naturel pour le refroidissement des centres de données, permettant de réduire jusqu’à 40 % les coûts de climatisation.
Des défis à relever
Malgré ces perspectives alléchantes, tout n’est pas rose. Alex de Vries, doctorant à l’université VU d’Amsterdam, met en garde : « La seule chose que je peux voir comme résultat de cette demande énergétique croissante sera généralement une utilisation accrue des combustibles fossiles, ce qui finira par aggraver le changement climatique ».
Ce qui est particulièrement vrai si les installations sont alimentées en électricité via des centrales au charbon, alors que des centrales hydroélectriques permettraient d’arriver à une situation gagnant-gagnant.
Conclusion : une opportunité à saisir
Le Canada beaucoup à gagner en tirant parti de ses ressources hydroélectriques pour devenir un acteur majeur dans l’hébergement des infrastructures d’IA, tant sur le plan économique que stratégique, tout en contribuant à une transition énergétique plus durable à l’échelle mondiale.