L’Église catholique a tourné une page importante de son histoire cette semaine avec l’élection du cardinal américain Robert Francis Prevost comme nouveau pape. Âgé de 69 ans, il a choisi le nom de Léon XIV et devient ainsi le premier souverain pontife originaire des États-Unis. Cette élection historique s’est déroulée jeudi 8 mai à 18h08, lorsque la fumée blanche s’est élevée au-dessus de la chapelle Sixtine, signalant au monde que les 133 cardinaux électeurs avaient fait leur choix.
Un conclave hors norme
Le conclave, qui a débuté mercredi 7 mai, a réuni un nombre record de cardinaux électeurs – 133 au total – provenant de 70 pays. Le grand nombre de nominations sous François a modifié l’équilibre du collège électoral, accentuant la représentation de régions autrefois moins influentes. Il avait nommé 163 cardinaux durant son pontificat, dont 108 ont participé à l’élection de son successeur.
Le processus d’élection, extrêmement codifié, s’est déroulé selon les règles traditionnelles : seuls les cardinaux de moins de 80 ans ont le droit de vote, le pape élu doit obtenir au moins les deux tiers des suffrages, et les votes se font à huis clos sans aucune communication avec l’extérieur. Le nouveau pape a été élu dès le deuxième jour de scrutin, réunissant la majorité des deux tiers nécessaire, soit au moins 89 voix.
Préalablement au conclave, les cardinaux ont assisté à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re, qui a appelé à choisir le pape « dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l’Histoire ».
Qui est Robert Francis Prevost?
Robert Francis Prevost, natif de Chicago, était considéré comme l’un des favoris pour succéder au pape François, qui l’avait nommé cardinal en 2023 et l’avait placé à la tête du puissant ministère chargé des nominations des évêques. Avant son ascension au Vatican, il a passé plus de 20 ans au service de l’Église au Pérou, ce qui lui a valu d’être qualifié de Péruvien par « choix et conviction » par la présidente du pays, Dina Boluarte.
Considéré comme pragmatique, Prevost connaît à la fois les réalités de terrain et les mécanismes internes du Vatican. Plus prudent que son prédécesseur, Prevost est vu comme un profil stable, attaché à l’ordre institutionnel. Sa connaissance parfaite de l’ensemble de la Curie romaine, dont il connaît tous les rouages, devrait l’aider grandement dans sa tâche.
Continuité et changement
En choisissant Prevost, les cardinaux ont opté pour une certaine continuité avec le pontificat de François, tout en misant sur un style potentiellement différent. Contrairement à son prédécesseur, qui avait parfois bousculé le Saint-Siège avec son exercice du pouvoir personnel, Léon XIV « devrait mettre davantage les formes », selon les observateurs.
Jean-Louis de La Vaissière, ancien correspondant au Vatican, avait souligné avant l’élection que « l’Église a besoin d’un certain apaisement, car les 12 ans de pontificat de François ont suscité des divisions et des polémiques assez dures, dans le haut clergé notamment ». Il ajoutait : « C’était un pontificat plein d’initiatives, allant de tous les côtés, donc il faut peut-être une période d’accalmie ».
Ces propos illustrent les tensions apparues au sein de la hiérarchie ecclésiale face à certaines réformes de François, jugées parfois improvisées ou déstabilisantes pour l’ordre institutionnel traditionnel.
Les défis qui attendent le nouveau pape
Léon XIV devra rapidement affronter des défis considérables pour une Église en perte de vitesse en Europe : finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations. Il devra également ressouder les différents courants d’une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des « périphéries » en croissance.
Dès sa première apparition publique, le nouveau pape a donné le ton de son pontificat en déclarant que « le mal ne prévaudra pas », signalant sa détermination à faire face aux défis qui l’attendent.
« Dieu nous veut du bien.
Citation traduite du Pape Léon
Dieu vous aime tous.
Et le mal ne prévaudra pas.
Nous sommes tous entre les mains de Dieu. »
Premières activités pontificales
Le nouveau souverain pontife a déjà un agenda chargé pour ses premiers jours. Il célébrera sa première messe ce vendredi 9 mai à 11 heures (heure française) à la chapelle Sixtine, avec les cardinaux. Dimanche, il présidera la prière du Regina Coeli depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, et lundi matin, il rencontrera les journalistes au Vatican.
Réactions internationales
L’élection de Léon XIV a suscité de nombreuses réactions à travers le monde, aussi bien en Amérique latine qu’en Occident, où son profil suscite espoir et attentes diverses. Le président argentin Javier Milei a exprimé le souhait que la voix du souverain pontife « résonne avec force » en défense de « la vie », de « la liberté » et de la « propriété privée ».
Son homologue colombien Gustavo Petro « espère » que Léon XIV « sera le grand leader des peuples migrants dans le monde et qu’il encouragera nos frères migrants latino-américains, aujourd’hui humiliés aux États-Unis ». La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a quant à elle réaffirmé « notre convergence humaniste en faveur de la paix et de la prospérité mondiales ».
Aux États-Unis, le président Donald Trump a salué « un immense honneur pour notre pays », ajoutant qu’il avait « hâte de rencontrer le pape Léon XIV ». De son côté, le vice-président J.D. Vance a déclaré : « Je suis sûr que des millions de catholiques américains et d’autres chrétiens prieront pour le succès de son pontificat. »
En Europe, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a salué « un appel puissant à la paix, à la fraternité et à la responsabilité ». Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a quant à lui évoqué « un nouvel espoir », concluant son message par une bénédiction : « Dieu bénisse le pape Léon XIV. »
Avec l’élection de Robert Francis Prevost, l’Église catholique entre dans une nouvelle ère. Après un pape polonais, un allemand et un argentin, c’est maintenant un américain qui guidera les 1,4 milliard de catholiques à travers le monde. Un nouveau chapitre pour l’Église, qui devra concilier fidélité à sa tradition millénaire et les défis contemporains parfois en tension avec ses valeurs fondamentales.