Vendredi, juin 6, 2025

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Original Sin : Anatomie d’une présidence sous tutelle

J’ai lu Original Sin, un bouquin coup de poing où les journalistes Jake Tapper et Alex Thompson livrent une enquête rigoureuse et
troublante sur ce qu’ils appellent le « péché originel » de l’élection présidentielle de 2024 : la décision de Joe Biden de se représenter, malgré un déclin cognitif évident (pour tout le monde, sauf les médias apparemment…), volontairement dissimulé par son entourage rapproché. Appuyé sur plus de 200 témoignages d’acteurs politiques de haut niveau, de conseillers, de membres du personnel et de témoins directs, le livre expose une présidence sous contrôle d’un cercle restreint, surnommé le « Politburo ».

Un déclin long, visible, mais nié

Le livre retrace un processus de détérioration cognitif et physique entamé dès 2015, au lendemain de la mort de Beau Biden. Selon
plusieurs proches, ce traumatisme aurait déclenché une perte notable de vivacité mentale : Biden semblait plus lent, plus effacé,
physiquement affaibli. Dès la primaire démocrate de 2019-2020, les signes deviennent évidents :

  • En Iowa, lors d’un tour en bus, il oublie le nom de son conseiller de longue date, Mike Donilon, un moment jugé alarmant par
    ses aides (p. 22). Imaginez, c’est à peu près comme si j’oubliais le nom de Ian Sénéchal ou comme si Legault ne se souvenait plus
    de qui est Martin Koskinen, son bras droit depuis l’époque du PQ.
  • À la convention démocrate de 2020, des vidéos internes le montrent incapable de suivre une conversation. Un témoin déclare :
    « C’était comme un grand-père qui ne devrait plus conduire. » (p. 28-29).
  • En 2023, des membres de son cabinet affirment qu’il n’est plus fiable pour gérer une urgence en pleine nuit. Sa voix est parfois
    inaudible, même avec un micro, et ses pensées sont confuses. Il perd le fil de ses idées très facilement (p. 16).

Un haut fonctionnaire ajoute : « Le président peut vous donner quatre à six bonnes heures par jour. Quand il est fatigué, sa garde baisse. »

Je répète : quatre à six bonnes heures, par jour….

Une dissimulation organisée

Face à ce déclin, la réponse n’a pas été l’adaptation, mais l’étouffement. Le « Politburo » (Mike Donilon, Steve Ricchetti, Bruce Reed, Anita Dunn), en collaboration étroite avec Jill Biden, met en place un système de protection opaque :

  • Accès limité au président, même pour les membres de son propre cabinet.
  • Usage constant de téléprompteurs, même pour de petits événements.
  • Refus catégorique de participer à des entrevues spontanées ou à des points de presse non-scriptés.

Un aide témoigne : « Pendant des mois, nous n’avions plus accès à lui. Il y avait clairement une stratégie délibérée pour limiter les interactions. »

Des scènes dérangeantes

Le livre fourmille de moments où le vernis craque :

  • Lors d’un discours à des élèves dans l’East Room, il commence une histoire, puis bifurque vers une autre, en parlant si
    faiblement qu’il devient incompréhensible. Un témoin déclare : « Je ne sais pas ce que je viens de voir. »
  • George Clooney, à un événement privé, remarque que Biden ne le reconnaît pas immédiatement. L’acteur, bouleversé, en parle à
    des proches. Cette histoire sortira d’ailleurs quelques temps après dans le Wall Street Journal et marquera le début de la fin pour
    Biden.
  • Des donateurs démocrates, après une réception, décrivent Biden comme « lent, presque catatonique », malgré quelques éclairs
    de lucidité.

Même à l’international, les signaux d’alerte s’accumulent : un ex-dirigeant européen raconte qu’en marge de l’ONU, Biden divaguait
pendant 90 minutes, au point qu’Antony Blinken, son secrétaire d’État, dut intervenir pour mettre un terme à la rencontre !

Le débat du 27 juin 2024 : le masque tombe

La dissimulation devient intenable lors du débat présidentiel contre Trump. Biden apparaît incohérent, figé, incapable de répondre. Des millions d’Américains assistent en direct à ce que plusieurs décrivent comme « une calamité ». Ce que le public voit ce soir-là n’est pas un accident :

« Ce n’était pas un rhume. Ce n’était pas un oubli passager. C’était le résultat d’un déclin entamé depuis des années. » (p. 16)

Peu après, sous pression de Barack Obama, Nancy Pelosi et Chuck Schumer, Biden se retire de la course, trop tard (près d’un mois
d’hésitation avant de se retirer)

Il endosse Kamala Harris, mais la machine électorale démocrate est prise de court.

Trump l’emporte.

Un aveuglement collectif fatal

Les auteurs n’épargnent pas le Parti démocrate. Par loyauté, par peur de Trump, par manque de courage, le déni s’est imposé à tous les niveaux. L’un des témoignages les plus frappants vient d’un ancien collaborateur de Biden :

« J’aime Joe Biden. Mais c’était un mauvais service rendu au pays et au parti que de le laisser se représenter. » (p. 21)

Conclusion : Un excellent livre, mais il y a un éléphant dans la pièce…

Original Sin n’est pas un pamphlet partisan. C’est un constat implacable sur la manière dont un président affaibli a été maintenu
artificiellement au pouvoir, par fidélité, par culte de la résilience, et par peur du vide. En refusant d’ouvrir la voie à une relève, les
stratèges démocrates ont scellé leur propre défaite.

Mais, mais, mais…

Le livre laisse entendre que ce processus de camouflage d’un président au bord du gouffre cognitif serait uniquement l’oeuvre d’un
« Politburo » restreint. Il passe sous silence le rôle fondamental joué par les médias, y compris Jake Tapper lui-même, dans la diffusion de ce mensonge officiel. Qui ne se souvient pas du fameux « Sharp as a tack » lancé par Joe Scarborough, repris en boucle par une grande partie de la presse ?

La réalité, c’est que les médias ont, au mieux, pratiqué un aveuglement volontaire. Au pire, ils ont été les relais complices d’une véritable opération de propagande politique.

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Frank
Frank
Titulaire d’une maîtrise en philosophie, François Fournier, alias Frank, est Chroniqueur et Animateur du podcast Ian & Frank. Il est aussi l'auteur de l'Arnaque décroissante et Live Free and Die. Il est possible de le suivre sur X (Twitter), YouTube et Patreon.

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