Les principaux syndicats du Québec et du Canada semblent adopter un comportement similaire à celui des partis politiques ces derniers temps. Le leadership tel que celui exercé par Magali Picard favorise l’émergence de campagnes ouvertement partiales qui visent spécifiquement certains adversaires politiques. Le rôle premier d’un syndicat est censé être la défense des conditions de travail pour tous ses membres — pas la conduite d’actions idéologiques au nom collectif. Pourtant, sur la base d’exemples récents, on constate à quel point ces organisations vont largement au-delà des fonctions traditionnelles qui leur sont dévolues.
Des comportements et des discours qui semblent davantage relever de la sphère politique que syndicale. Des attaques directes contre un parti politique : Des affichages humoristiques pointus et des sites web créés pour se moquer des opposants politiques montrent comment les grands syndicats prennent le contrôle du débat public en ciblant un leader politique spécifique de manière agressive et partisane semblable à une campagne électorale effrénée où nuances et réflexions sont reléguées au second plan.
Les insultés et le ton exagéré
Que ce soit lors d’entretiens ou sur les médias sociaux, on se permet souvent d’affubler Pierre Poilievre, par exemple, du qualificatif « bouffon » ou encore on le compare à Donald Trump. On le décrit comme une sorte d’épouvantail menaçant prêt à mener le pays droit dans le mur. Au lieu d’engager un débat argumenté sur les politiques économiques, on se retrouve plongé dans la raillerie et la dépréciation personnelle.
Propagande et simplifications excessives
On exagère les faits, on crée des oppositions tranchées et on dépeint en diable l’adversaire politique. Les syndicats soutiennent que certains partis sont « hostiles aux travailleurs » et « au service des élites riches ». Toute l’activité politique d’un opposant est résumée en une caricature simpliste. C’est le type de discours qui évite soigneusement la complexité des réalités socioéconomiques. On navigue dans un univers où tout est perçu en noir ou blanc intégral. C’est de la prédication, de la propagande, pour résumer simplement.
Des responsables qui outrepassent leurs attributions
La présidente d’une centrale syndicale nommée Magali Picard semble attribuer à son rôle une dimension quasi politique alors que sa fonction devrait se cantonner à représenter l’ensemble des membres du syndicat sur les questions liées au travail et aux conditions de vie des travailleurs syndiqués. Lorsque l’on parle de « bloquer » un homme politique et que l’on organise des actions d’intimidation ou de dérision à son encontre, on entre directement dans le domaine partisan. De plus, cette approche prend une tournure plus grave en impliquant systématiquement le nom de centaines de milliers de travailleurs, comme si chacun approuvait ce type d’actionnement.
Et bien souvent négligé est le fait que personne ne semble avoir consulté ces 600 000 membres (ou plus) pour obtenir leur aval sur cette dérive? Nombreux sont ceux qui versent leurs cotisations dans le but de défendre leurs droits et d’améliorer leurs conditions de travail sans être entraînés dans des querelles idéologiques inutiles. Nous risquerions alors de voir la voix des travailleurs confisquer purement et simplement au profit d’une poignée de dirigeants en quête d’engagement militant.
Une prise d’otage motivée par des convictions idéologiques
Il est également important de discuter de l’attitude méprisante envers les membres du syndicat qui se manifeste souvent. Il semble que le syndicat considère que les travailleurs ont besoin d’être « guidés », comme si leur manque d’expérience les empêcherait de prendre des décisions éclairées sur ce qui est dans leur intérêt. On organise des séances de formation interne où les adhérents sont encouragés à soutenir la direction et à réciter les mots d’ordre du syndicat pour contrer une opposition spécifique. Les voix divergentes sont étouffées ou ridiculisées, peu importe si certains travailleurs ont des points de vue différents.
Le manque de diversité d’opinions et de débats authentiques est clairement visible dans ce contexte spécifique. Au sein des cercles syndicaux, toutefois, on justifie souvent les campagnes basées sur la peur et les actions décisives en se réclamant vaguement de l’intérêt général des salariés. Mais en réalité, on tend à homogénéiser la pensée des travailleurs et que ce passe-t-il si un membre du syndicat ne partage pas cet avis? Il se retrouve alors contraint de payer sa cotisation sans exprimer d’opinions divergentes, tandis que ses représentants parlent en son nom pour critiquer un parti démocratiquement élu.
Et qu’en est-il de la démocratie dans tout cela?
Les syndicats québécois et canadiens se présentent souvent comme des défenseurs de la démocratie ; cependant leur implication partisane ne semble pas être basée sur un mandat clair ou un consensus solide établis par leurs membres eux-mêmes. En adoptant cette approche particulière de l’engagement politique, ils semblent parfois se substituer au libre choix électoral individuel de chacun. Il est probable qu’il y ait des membres syndiqués qui souhaitent soutenir un parti conservateur ou préférer une autre orientation politique que celle officiellement préconisée par les dirigeants syndicaux. Cependant, ces opinions divergentes ne sont pas toujours prises en considération et sont souvent étouffées dans le débat public. Ils sont presque considérés comme des renégats de la cause alors qu’un syndicat n’est pas censé se livrer à un lobbying politique pur et simple et encore moins de manière unilatérale.
En fin de compte, un glissement périlleux.
En utilisant des tactiques d’intimidation et de dénigrement plutôt que de se concentrer sur la négociation et la protection des droits des travailleurs dans les environnements professionnels comme il se devrait, Magali Picard et d’autres leaders syndicaux limitent l’expression des travailleurs en imposant leur propre agenda politique sans réellement consulter la base syndicale concernée. Cette approche représente un véritable danger, car elle fausse le dialogue démocratique et nourrit les divisions sociales.
Peu importe nos opinions politiques divergentes ou notre position sur l’échiquier idéologique, il est essentiel d’entretenir un langage respectueux et empreint de décence dans nos débats publics. Un syndicat se doit avant tout d’être le porte-parole impartial et inclusif de tous ses adhérents, plutôt qu’un organe militant uni dans sa vision partisane. Utiliser les cotisations collectives à des fins politiques revient à jouer avec les limites du pouvoir et du privilège. Il ne revient pas à quelques dirigeants d’imposer leur vision idéologique aux travailleurs dans leur ensemble.
En somme, si Magali Picard et ses partisans souhaitent se lancer en politique, c’est tout à leur honneur ; qu’ils se portent candidats sous leur propre bannière! En revanche, prendre en otage 600 000 individus pour mener leur combat est à la fois malhonnête et dédaigneux envers ceux qui n’ont jamais consenti à cela.