Mercredi, mars 12, 2025

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Réponse au texte du Journal de Montréal « Pourquoi Trump est un fasciste »

Dans son article du 22 février 2025, Loïc Tassé soulève une question sans nuances : Donald Trump et ses proches seraient étiquetés comme fascistes et son gouvernement répondrait à tous les critères du fascisme selon lui. Cette affirmation est sensationnaliste, mais nécessite une analyse pour en discerner la véracité et mettre les cartes sur table. Car bien que l’on puisse observer certaines tendances autoritaires et populistes dans la politique de Trump, comme bien des chefs d’État dans des régimes démocratiques, l’affirmer comme fasciste repose sur une interprétation vague et un biais dans la compréhension des critères historiques et académiques du fascisme. Voir se voudrait d’insulter les victimes des régimes totalitaires qui ont marqué l’histoire pas si lointaine de l’humanité. Ce petit texte cherche à illustrer pourquoi une telle accusation peut sembler justifiée dans un climat politique divisé, mais aussi en manque de précision et de rigueur.

Quelle est la nature du fascisme ? Une explication précise.

Le fascisme est une idéologie qui a été étudiée et définie par des experts en politique et en histoire comme Robert Paxton (« The Anatomy of Fascism ») et Stanley Payne (« Histoire du fascisme »). Ces universitaires ont identifié différents critères essentiels :

  • Un nationalisme excessivement passionné : la conception de la nation comme une entité sacrée et exclusive;
  • Le dénigrement des systèmes démocratiques : la montée en puissance graduelle d’un régime totalitaire qui élimine les contre-pouvoirs;
  • Un engagement populaire à long terme : à travers la diffusion d’informations et des événements rassembleurs impressionnants;
  • La répression violente et systématique à l’encontre des dissidents politiques;
  • Une économie dirigée par l’État et les entreprises : l’État collabore étroitement avec des acteurs privés sélectionnés pour réguler et coordonner l’économie.

La simple existence d’un ou de plusieurs de ces éléments ne constitue pas en soi un critère pour qualifier un régime de fasciste, car cela relève d’un processus global et systémique visant à instaurer un pouvoir totalitaire.

Trump répond-il aux critères du fascisme ?

Après avoir évalué ces critères dans le contexte du gouvernement Trump, il semble que la comparaison avec le fascisme soit exagérée.

  • Nationalisme et identité : Trump fait la promotion d’un nationalisme américain exacerbé qui s’inscrit dans une tradition politique déjà existante, sans être fondé sur une idéologie raciale totalitaire comme l’Allemagne nazie ou l’Italie mussolinienne.
  • L’établissement d’un pouvoir personnel : malgré ses critiques de certaines décisions judiciaires, Trump n’a pas démantelé de manière systématique les institutions démocratiques.
  • Mobilisation de la population et communication : Bien que Trump se soit appuyé sur les réseaux sociaux et des événements politiques de grande envergure pour sa campagne électorale, cela diffère d’une mobilisation totalitaire planifiée par l’État.
  • Violence et répression : Durant le premier mandat de Trump, il n’a pas été observé de politique systématique de répression des opposants ni la présence de milices armées alignées sur le pouvoir en place.
  • Politique économique : Trump a soutenu une approche économique libérale et quoique protectionniste avec les tarifs, plutôt que de suivre l’approche corporatiste fasciste où le gouvernement contrôle l’économie.

Bien que l’administration Trump ait adopté des politiques populistes et autoritaires dans certains domaines de gouvernance, selon les normes académiques établies, nous sommes assez loin de Franco, Salazar, Juan Peron…

L’assertion concernant Steve Bannon est-elle convaincante ?

Le rapport de Loïc Tassé évoque un possible geste de « salut nazi » effectué par Steve Bannon lors du CPAC. Bien que ce geste soit répréhensible s’il est avéré, il ne peut être assimilé à lui seul à la représentation d’un régime dans son ensemble. Il est essentiel de faire la distinction entre les actions individuelles déplorables et une politique d’État structurée et systémique.

Une façon plus accessible de discuter de politique

Comparer le président américain au fascisme peut être une stratégie politique efficace, mais cela affaiblit la compréhension réelle du terme en questionnant les véritables menaces qui sont : le déclin des institutions démocratiques et l’émergence de l’autoritarisme populiste – deux phénomènes distincts du fascisme historique.

Donc?

Dans son article simpliste, Loïc Tassé met en lumière une pratique fréquente dans les débats politiques d’aujourd’hui : l’abus du terme « fascisme » pour discréditer un adversaire politique. Il souligne que pour analyser le fascisme correctement, les critères essentiels ne doivent pas être négligés. Bien que Trump puisse afficher des traits populistes comme le fût Berlusconi ou Bolsonaro, il faudra établir une distinction claire entre sa gouvernance et un régime fasciste basée sur des critères précis qui ne sont pas assez sérieux dans le billet de Tassé. Il faut arrêter les slogans simplistes pour appréhender les défis démocratiques actuels.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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