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Tarifs Douaniers : Trudeau joue avec le feu en ripostant contre Trump

En ce mardi 4 mars 2025, les controversés tarifs douaniers de 25% sur les importations canadiennes sont officiellement entrés en vigueur aux États-Unis, marquant un tournant majeur dans les relations commerciales nord-américaines. Cette mesure, longtemps brandie comme une menace par le président Donald Trump, est désormais une réalité concrète qui frappe l’économie canadienne de plein fouet. Face à cette offensive commerciale, Ottawa a riposté immédiatement avec des contre-mesures qui pourraient toutefois s’avérer être une arme à double tranchant pour les consommateurs canadiens.

Le couperet de Trump tombe officiellement

Donald Trump a confirmé lundi 3 mars que les tarifs douaniers de 25% sur les importations canadiennes et mexicaines, ainsi que des droits spécifiques de 10% sur l’énergie canadienne, entreraient bel et bien en vigueur comme prévu le 4 mars. « Il n’y a plus de marge de manœuvre pour le Canada et le Mexique », a lancé le président américain lors d’un point de presse à la Maison-Blanche. Ces mesures surviennent après un sursis de 30 jours que Trump avait accordé aux deux pays début février, espérant voir des progrès significatifs sur les questions qui lui tiennent à cœur.

La justification officielle de ces tarifs repose sur ce que Trump qualifie de « menace extraordinaire » liée au trafic de drogue, particulièrement le fentanyl. Pour imposer ces mesures, Trump a invoqué l’International Emergency Economic Powers Act, une loi ancienne qui confère au président des pouvoirs économiques étendus en cas d’urgence nationale.

Howard Lutnick, secrétaire américain au Commerce, a reconnu que le Canada et le Mexique « ont fait un bon travail pour sécuriser les frontières, mais ils n’en ont pas fait assez pour le fentanyl ». Cette déclaration laisse entendre que les tarifs pourraient être levés si des mesures plus strictes étaient mises en place aux frontières, bien que Trump n’ait pas précisé clairement quelles actions supplémentaires il attendait concrètement.

La riposte canadienne: un remède pire que le mal?

Face à cette attaque commerciale, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas tardé à répliquer. « Le Canada ne fermera pas les yeux sur cette décision injustifiée », a déclaré son cabinet dans un communiqué. Ottawa a immédiatement mis en œuvre sa propre stratégie de contre-tarifs, imposant des droits de douane de 25% sur environ 155 milliards de dollars de marchandises américaines.

Cette riposte s’articule en deux temps: des droits sur 30 milliards de dollars de marchandises immédiatement, puis des droits sur 125 milliards de dollars supplémentaires de produits américains dans 21 jours. « Le Canada ripostera à compter de 00 h 01 (HE) demain », avait précisé le bureau du premier ministre lundi soir.

Parmi les produits ciblés figurent de nombreux aliments et boissons, les vêtements et accessoires vestimentaires, le bois et produits dérivés, les meubles, les électroménagers et même les armes. Cette vaste liste touche des produits de consommation courante, ce qui risque d’alimenter l’inflation et d’augmenter considérablement le coût de la vie pour les familles canadiennes, déjà sous pression budgétaire.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a confirmé cette position offensive: « Nous sommes prêts avec les contre-tarifs ». Ces mesures resteront en place « jusqu’au retrait de la mesure commerciale des États-Unis », selon le bureau du premier ministre.

Un fondement juridique contestable

Du point de vue légal, les experts en droit international du commerce sont catégoriques: le décret de Trump repose sur des bases fragiles.

En effet, les États-Unis sont tenus de respecter leurs engagements commerciaux internationaux, notamment l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Pour modifier les termes de cet accord et imposer des tarifs plus élevés, Trump doit invoquer une exception crédible, et son argument de protection de la « sécurité nationale » semble difficilement défendable.

Richard Ouellet, professeur de droit international économique, estime qu' »en droit américain, je crois que si on apportait ce décret devant un juge, il serait difficile de convaincre les autorités judiciaires qu’on est devant une crise nationale ». Face à cette situation, Ottawa a confirmé qu’il contestera la mesure américaine devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les marchés financiers en montagnes russes

Lundi tout juste avant les tarifs, le S&P 500 et le Dow 30 perdaient 1,76% et 1,48% respectivement, alors que le Nasdaq chutait de près de 3%! (2,64%).

tout juste avant les tarifs, le S&P 500 et le Dow 30 perdaient 1,76% et 1,48% respectivement, alors que le Nasdaq chutait de près de 3%! (2,64%)

La double peine pour le consommateur canadien

Si les tarifs de Trump représentent indéniablement un coup dur pour l’économie canadienne, les contre-mesures mises en place par Ottawa pourraient paradoxalement amplifier les dommages pour les consommateurs canadiens. En effet, les droits de douane sont ultimement payés par les importateurs, qui répercutent généralement ces coûts supplémentaires sur les prix de vente.

Concrètement, les Canadiens risquent donc de subir une double pénalité: d’abord par l’augmentation des prix des produits américains importés touchés par les tarifs de Trump, puis par la hausse des coûts des produits américains visés par les contre-tarifs canadiens. Cette situation pourrait engendrer une spirale inflationniste préjudiciable au pouvoir d’achat des familles canadiennes.

Une solution diplomatique reste possible

Le premier ministre Trudeau a indiqué que d’autres mesures pourraient être mises en place après discussion avec les dirigeants des provinces si les tarifs américains devaient rester en vigueur. Toutefois, la diplomatie pourrait encore triompher, puisque le cœur du conflit semble pouvoir se résoudre par un renforcement des contrôles frontaliers.

Le Canada a déjà investi 1,3 milliard de dollars pour sécuriser sa frontière et combattre les crimes liés au fentanyl, mais ces efforts n’ont pas encore satisfait le président américain. Une intensification de ces mesures, associée à une communication efficace sur leurs résultats, pourrait constituer une voie de sortie de crise moins dommageable que l’escalade tarifaire actuelle.

L’expérience démontre que les guerres commerciales produisent rarement des gagnants, mais multiplient souvent les perdants. Dans ce bras de fer entre géants, ce sont malheureusement les consommateurs et entreprises des deux côtés de la frontière qui risquent de payer le prix fort d’une confrontation dont l’issue demeure incertaine.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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