Lundi, avril 28, 2025

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Les Derniers NPC : Éloge funèbre d’un électorat zombifié

Demain, l’échéance électorale canadienne approche, et mes compagnons d’infortune et moi exercerons notre droit citoyen. Du moins, c’est ce que chacun prétendra faire.

Car voter requiert un choix éclairé, une conscience éveillée et une certaine souveraineté personnelle. Pourtant, ce ne seront pas des individus conscients qui se rendront aux urnes demain, mais plutôt une foule désorientée de PNJ ou NPC — ces Personnages Non-Joueurs —, acteurs passifs de leur propre déclin, alignés dans un état d’anesthésie collective pour entériner leur chute programmée.

Les sondages sont unanimes : Carney, le dernier avatar d’une gestion de la décadence, mène la danse. Les Baby Boomers, autrefois révolutionnaires des années 1970, aujourd’hui retraités sans idéal, brandiront fièrement leur bulletin pour perpétuer, une fois de plus, leur trahison historique.

Il fut un temps jadis naguère — ô époque presque mythique — où le citoyen canadien moyen possédait encore une lueur d’espoir, une méfiance salutaire à l’égard du pouvoir, un soupçon d’esprit critique envers ceux qui promettent à voix basse et gouvernent par décret. Cette prudence salutaire, nous la nommions alors instinct de préservation.

« Un peuple qui meurt, ça meurt longtemps », disait Pierre Falardeau

Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Cet instinct vital n’existe plus qu’à l’état de vestige, remplacé par une indifférence tiède et une insouciance molle, désormais élevées au rang de vertus civiques.

À force de se complaire dans le bien-être assuré par l’État-providence, bercés par des décennies d’une tranquillité béate, nos concitoyens se sont transformés en ce que Tocqueville redoutait le plus : des êtres heureux de leur servitude, trop indolents pour vouloir rester libres.

Ce confort excessif a anesthésié l’esprit critique, étouffé toute notion d’urgence, et remplacé l’instinct de protection par l’adoration aveugle de leur dépendance. Certes, ils se disent encore « libres », libres de suivre docilement les flèches peintes au sol du supermarché, libres de choisir entre deux marques de protections pour adultes, libres, enfin, de voter comme l’oiseau gras choisit la main qui le nourrit.

Quant aux Boomers, abordons ce sujet franchement : ces nobles idéalistes d’autrefois, ces jeunes des années 70, porteurs du slogan « Questionner l’Autorité », que sont-ils devenus ? Un groupe amorphe de rentiers égoïstes, lovés confortablement dans leurs REER, voyant l’État comme un distributeur automatique et l’avenir comme un fardeau réservé aux générations suivantes. Eux, qui méprisaient jadis l’autorité, se prosternent désormais devant les propagandes les plus simplistes. Ceux qui défendaient l’amour libre bataillent aujourd’hui pour que leur triplex ne perde pas 2 % de valeur foncière, quitte à sacrifier trois générations sur l’autel de leur confort personnel.

Demain matin, en masse disciplinée, ils marcheront aux urnes pour porter bien haut le flambeau vacillant de leur démission morale.

Quant aux autres, cette génération diversifiée des Millennials et de la Génération Z, l’ironie est tragique. Jamais une génération n’a été aussi instruite tout en se montrant aussi honteusement docile. Au lieu de lire et de réfléchir sérieusement, ils se contentent de « scroller » et d’appuyer machinalement sur « j’aime ». Plutôt que de voter de manière éclairée, ils s’abstiennent ou suivent aveuglément les recommandations ou les tendances de leurs réseaux sociaux préférés.

Lorsque les programmes électoraux sont publiés, personne ne les consulte réellement. Pourquoi perdre son temps à réfléchir, quand une publicité Instagram peut tout expliquer en quinze secondes et trois nuances pastel ?

Et les médias, me direz-vous ? Hypnotiseurs à la petite semaine, ils apaisent et endorment leurs auditeurs. Leur commerce repose sur des récits simplistes et des peurs préfabriquées, diffusant des slogans fades en lieu et place d’une réflexion sérieuse. Et nos concitoyens absorbent tout cela non pas avec le scepticisme du philosophe, mais avec la gratitude naïve d’un chien recevant une friandise.

Ne vous méprenez pas : demain ne représentera pas un véritable choix. Ce sera une réaction pavlovienne, un bâillement électoral, un geste mécanique, une croix tracée par réflexe sur un bulletin pré-coché.

Carney, visage interchangeable d’une oligarchie sans visage, n’a même pas à convaincre. Il lui suffit d’être légèrement plus charismatique que la moyenne, légèrement plus rassurant que la crise économique qui se dessine, et l’affaire est entendue. Il incarne parfaitement le profond sommeil canadien : suffisamment terne pour ne pas inquiéter, suffisamment ambigu pour éviter tout questionnement sérieux.

Alors que reste-t-il à ceux qui refusent le rôle de PNJ ? À ceux qui regardent lucidement ce spectacle désolant de lobotomie volontaire ? Une seule émotion : la colère glaciale. Une obstination farouche à ne pas se laisser absorber par la grande machine. Un mépris souverain pour cette mascarade de faux choix et de véritables abdications.

Nous sommes peut-être minoritaires. Il se peut que nous perdions demain. Mais mieux vaut mille fois perdre en lucidité que triompher dans l’ignorance. Mieux vaut être le dernier debout dans un monde d’inaction que de mener une horde de somnambules.

Demain, souvenez-vous :

Chaque vote aveugle est une étape supplémentaire vers la perte irréversible de votre liberté.
Chaque abstention paresseuse est une abdication volontaire.
Chaque politicien élu par indifférence est une pierre de plus vers l’effondrement définitif de notre instinct vital.

Si nous persistons à vivre comme des personnages non joueurs, notre destin sera celui des PNJ : disparaître sans gloire, sans combat, et sans même comprendre ce que nous avons perdu.

Alors demain, réveillez-vous ou taisez-vous à jamais.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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