Lundi, juin 23, 2025

Les Plus Populaires

À lire aussi

Les dépenses publiques : le premier et véritable facteur menant à l’inflation

Les économistes n’ont pas de définition uniforme et standard de l’inflation. La plupart des économistes définissent l’inflation comme une hausse du niveau général des prix des biens et services. Les économistes autrichiens comme Ludwig von Mises, quant à eux, définissent plutôt l’inflation comme une augmentation de la masse monétaire, et non nécessairement comme une hausse des prix.

Selon l’économiste Josh L. Ascough, auteur de Inflation and Monetary Policy (2025), l’inflation est un excès d’offre de monnaie par rapport à la demande de détenir cette monnaie. La définition d’Ascough se rapproche de celle de Mises. Cependant, Ascough insiste sur le fait que la hausse des prix ne cause pas l’inflation, mais en est plutôt le résultat ou la conséquence, tandis que la définition de Mises néglige des variables importantes qui conduisent effectivement à l’inflation. Cela suggère donc, au minimum, que l’inflation prend racine au niveau de la masse monétaire, et non pas lorsque les prix commencent à monter.

Le but de cet essai n’est pas de s’attarder à la définition de l’inflation, mais de comprendre les facteurs qui y mènent. Et il existe un facteur bien précis qui déclenche une série de réactions économiques menant à l’inflation : les dépenses publiques. Notre objectif ici est donc de comprendre pourquoi et comment ces dépenses déclenchent l’inflation.

1. Pourquoi les dépenses gouvernementales créent-elles de l’inflation ?

J’ai écrit de nombreux essais sur la politique monétaire, la banque centrale, et en particulier sur l’effet Cantillon. L’effet Cantillon est une redistribution de la richesse causée par l’inflation. Il se produit lorsque la banque centrale injecte de la nouvelle monnaie dans l’économie pour stimuler la croissance économique.

Ce qu’il est important de comprendre dans l’ensemble du processus de l’effet Cantillon, c’est que la banque centrale agit, avant tout, comme la banque du gouvernement, même si elle est censée être indépendante des pressions politiques. Cela signifie que lorsqu’elle injecte de la monnaie dans l’économie, c’est principalement parce que le gouvernement a besoin d’argent pour créer de nouveaux programmes ou augmenter les budgets de ceux déjà existants. Ainsi, la banque centrale injecte de l’argent dans l’économie pour répondre d’abord aux besoins financiers du gouvernement. Voyons maintenant pourquoi cela crée de l’inflation.

Les dépenses publiques déclenchent l’inflation de deux manières. La première, c’est par la création d’une demande excédentaire, aussi appelée inflation par la demande. Dans ce processus, le gouvernement injecte de l’argent pour stimuler les dépenses des consommateurs en créant de nouveaux programmes ou en réduisant les impôts. Cela provoque une hausse de la demande pour les biens et services, puisque les consommateurs ont plus d’argent à dépenser. Il est essentiel de souligner que ces programmes créent un effet d’éviction (crowding out), un phénomène économique qui réduit l’investissement privé en faisant du gouvernement un concurrent direct du secteur privé pour les ressources. Le gouvernement cherche à créer ces programmes pour amener l’économie à sa pleine capacité. Lorsque l’économie atteint sa pleine capacité, les entreprises ne peuvent plus facilement augmenter leur production pour répondre à cette demande, créant ainsi un déséquilibre entre l’offre et la demande. Résultat : les prix montent alors que consommateurs et gouvernement se disputent des ressources limitées.

La deuxième manière est par l’augmentation de la masse monétaire, appelée inflation monétaire. Lorsque les dépenses gouvernementales sont financées par l’impression monétaire (par l’achat de bons du Trésor par la banque centrale), comme c’est presque toujours le cas pour stimuler la croissance économique, la masse monétaire augmente. Le problème, c’est que cette masse augmente plus rapidement que la capacité de l’économie à produire des biens et services (la production réelle), et cet excès de demande — dû à la surabondance de monnaie disponible face à des biens limités — fait monter les prix. La hausse de la masse monétaire dévalue le pouvoir d’achat des consommateurs.

Des dépenses publiques persistantes envoient un signal aux entreprises et aux consommateurs : les prix vont continuer à augmenter. Et comme on anticipe ces hausses, les travailleurs réclament des hausses salariales, enclenchant ainsi une spirale inflationniste auto-entretenue.

2. Comment les dépenses gouvernementales créent-elles de l’inflation ?

Maintenant que nous savons pourquoi les dépenses publiques déclenchent l’inflation, voyons comment elles y parviennent. Il existe essentiellement trois mécanismes :

  1. Le financement par l’emprunt
  2. Le financement par la création monétaire
  3. Le stimulus budgétaire dans une économie en surchauffe

Financement par l’emprunt (assouplissement quantitatif)

Lorsque le gouvernement a besoin de fonds pour créer de nouveaux programmes, il émet des obligations auprès de la banque centrale pour financer ses dépenses en échange de liquidités. Ce processus augmente la demande de crédit. En conséquence, les taux d’intérêt seront alors augmentés, ce qui évincera les investissements privés mais continuera à alimenter la demande par le biais de projets publics. Quand la banque centrale achète ces obligations, aussi connu comme l’assouplissement quantitatif, elle augmente directement la masse monétaire et contribue ainsi à l’inflation monétaire.

Financement par création monétaire (monétisation de la dette)

Lorsque le gouvernement doit financer ses déficits en raison de dépenses excessives, il sollicite ces fonds auprès de la banque centrale. Celle-ci imprime ensuite cet argent, ce qui accroît rapidement la masse monétaire. C’est ce qu’on appelle la monétisation de la dette. Alors que la banque centrale inonde l’économie avec de la nouvelle monnaie, elle fait grimper les prix, car il y a trop d’argent pour peu de biens. Le problème de ce processus est qu’il conduit à une dévaluation de la monnaie. En effet, une création monétaire excessive affaiblit la valeur d’une monnaie sur les marchés mondiaux, augmentant les coûts d’importation et pouvant déclencher une fuite des capitaux. Par exemple, la monétisation de la dette du Zimbabwe dans les années 2000 a entraîné l’effondrement de la monnaie locale, l’hyperinflation et au chaos économique.

Stimulus budgétaire dans une économie en surchauffe

Lorsque le gouvernement fait des dépenses publiques supplémentaires alors que l’économie tourne déjà à plein régime, cela peut entraîner une surchauffe. Une économie est considérée comme en surchauffe lorsqu’elle croît à un rythme insoutenable, dépassant sa capacité de production de biens et de services. L’injection de mesures de relance budgétaire dans une économie en surchauffe entraîne une hausse des prix et une instabilité économique potentielle. Par exemple, en 2021, les plans de relance américains mis en place pendant la reprise économique ont contribué à une inflation atteignant 7 % en fin d’année, alors que les chaînes d’approvisionnement peinaient à répondre à la demande.

3. Conclusion

Il est évident que les dépenses publiques sont la véritable cause de l’inflation. Le problème, c’est que le gouvernement dépense de façon inefficace et gaspille les ressources. Les programmes qu’il met en place produisent, dans la plupart des cas, des résultats sous-optimaux pour les citoyens et les consommateurs. Les politiciens et les décideurs sont incités à privilégier les gains à court terme, la popularité auprès des électeurs ou les groupes d’intérêts particuliers, plutôt que l’efficacité économique à long terme. Cela conduit alors à une mauvaise allocation des ressources et à une inefficacité bureaucratique, car les agences gouvernementales ont tendance à manquer de la flexibilité et de la responsabilité des entreprises privées.

Les bureaucraties ont tendance à dépenser excessivement pour des projets de faible valeur en raison de budgets rigides, d’un manque de concurrence ou d’une supervision défaillante. Tous ces facteurs finissent par engendrer du gaspillage. Le secteur privé offre aux consommateurs de meilleurs services, plus efficaces, et de meilleures qualités que le gouvernement. Le secteur privé fourni des services plus efficaces, de meilleure qualité, et à moindre coût que le gouvernement.

L’inflation pourrait facilement être évitée si les électeurs cessaient de demander « plus de gouvernement », s’ils arrêtaient de réclamer « la création de nouveaux programmes gouvernementaux ». Ces programmes ne bénéficient jamais réellement à leurs destinataires : ils ne profitent qu’à ceux qui les légifèrent.

YouTube
Rejoignez notre communauté !

Ne manquez aucune de nos vidéos et plongez dans nos podcasts captivants ! Abonnez-vous dès maintenant à notre chaîne YouTube et activez la cloche pour rester informé des dernières sorties.

Patreon
Contenu exclusif pour vous !

Accédez à des épisodes inédits, des coulisses et des bonus exclusifs en rejoignant notre communauté sur Patreon. Votre soutien nous aide à créer encore plus de contenu de qualité !

PayPal
Soutenez-nous avec un don !

Aidez-nous à continuer à produire du contenu de qualité en faisant un don via PayPal. Chaque contribution, grande ou petite, fait une énorme différence pour notre projet !

Germinal G. Van
Germinal G. Van
Germinal G. Van est entrepreneur, auteur primé, économiste et politologue. Vice-président du Parti libertarien de Chicago, il est membre de la National Association of Business Economics et de l’Economic History Association. Né en Côte d’Ivoire, il immigre aux États-Unis en 2010 et obtient des diplômes en sciences politiques, gestion politique et statistiques. Spécialiste de la théorie du choix public, de l’histoire économique et de l’économétrie, il défend l’économie néoclassique et le libéralisme classique. Il a publié plus d’une douzaine d’ouvrages en économie et histoire économique.

Du Même Auteur