Le président américain Donald Trump a frappé fort lundi dernier en annonçant une nouvelle salve de tarifs douaniers qui feront mal au portefeuille mondial. Quatorze pays se retrouvent dans la mire, avec des taux allant de 25 % à 40 %, et cette fois-ci, l’échéance du 1er août semble bien réelle.
Le grand jeu des lettres recommandées
Dans un style qui lui est propre, Trump a publié sur Truth Social les lettres envoyées aux dirigeants de plusieurs pays, leur annonçant la couleur pour le mois prochain. Le Japon et la Corée du Sud, deux alliés de taille, écoperont d’un tarif de 25 %. Mais c’est le Myanmar et le Laos qui remportent la palme avec un tarif de 40 %, tandis que l’Indonésie se voit imposer 32 % et l’Afrique du Sud 30 %.
La Maison-Blanche a précisé que d’autres lettres suivront dans les prochains jours, laissant planer le suspense quant au prochain à recevoir cette correspondance peu réjouissante.
Un délai qui n’en finit plus de finir
Initialement, ces tarifs devaient entrer en vigueur mercredi dernier, mais Trump a signé un décret exécutif pour repousser l’échéance au 1er août. C’est la deuxième fois que le président américain joue avec les nerfs des marchés mondiaux : en avril, il avait déjà suspendu ses « tarifs réciproques » pour 90 jours, le temps de négocier des accords commerciaux.
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a d’ailleurs confié à CNBC qu’il s’attendait à « quelques jours bien chargés », ajoutant : « Plusieurs parties ont ajusté leur position concernant les négociations. Ma boîte courriel était remplie hier soir de nombreuses nouvelles offres et propositions. »
Les marchés ne rigolent pas
L’annonce de lundi a provoqué une chute notable des marchés américains, avec le Dow Jones qui a perdu 447 points. Les investisseurs semblent avoir compris que cette fois-ci, Trump ne bluffe peut-être pas.
Depuis le fameux « Liberation Day » du 2 avril, où Trump avait annoncé ses premiers tarifs massifs, le taux tarifaire moyen américain est passé de 2,5 % en 2024 à 28 % au début mai, avant de redescendre à 17,8 % après des accords bilatéraux avec la Grande-Bretagne et la Chine.
L’impact sur les ménages américains
Selon la Tax Foundation, les tarifs de Trump représentent une augmentation d’impôt moyenne de près de 1 200 $ par ménage américain en 2025. Ces mesures constituent la plus importante hausse fiscale depuis 1993, générant 156,2 milliards de dollars de revenus fédéraux supplémentaires.
Les secteurs agricole et manufacturier américains sont particulièrement touchés, avec une réduction de la production et de l’emploi, ainsi qu’une hausse des prix. Une ironie certaine pour un président qui prétend protéger l’industrie américaine.
Les négociations en cours
Quelques pays ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Le Vietnam s’en sort avec un tarif de 20 %, en baisse par rapport aux 46% initialement menacés. L’Union européenne négocie activement pour maintenir un tarif de 10% sur la plupart des biens, tout en cherchant des exemptions pour certains secteurs.
Le Canada, de son côté, a abandonné sa taxe sur les services numériques qui affectait les grandes entreprises technologiques américaines, et les discussions commerciales ont repris avec un objectif d’accord pour la mi-juillet.
Un système commercial mondial en péril
L’approche de Trump bouleverse fondamentalement le système commercial international établi depuis la Seconde Guerre mondiale. En ignorant les règles de l’Organisation mondiale du commerce et en traitant les alliés aussi durement que les concurrents stratégiques, l’administration américaine crée un niveau d’incertitude sans précédent.
Certains analystes craignent que si les tarifs plus élevés sont mis en place après le 9 juillet, ils puissent propulser l’économie mondiale vers une récession. L’Organisation mondiale du commerce prévoit déjà que le commerce mondial des biens fluctuera entre -0,2 % et +2,7 % en 2025, selon les tarifs mis en œuvre.
La stratégie du bâton sans carotte
Trump justifie ces mesures en invoquant une urgence nationale causée par le déficit commercial américain massif. Il argue que ces tarifs renforceront la fabrication américaine et protégeront les emplois, motivant les consommateurs américains à acheter davantage de produits fabriqués localement.
Mais pour de nombreux économistes, cette stratégie est contre-productive. Plutôt que de stimuler la production nationale, les tarifs ont souvent pour effet de renchérir les coûts pour les entreprises locales, notamment celles qui dépendent d’intrants importés. Résultat : des produits plus chers, une compétitivité affaiblie, et au final, une facture alourdie pour les consommateurs.
L’avenir incertain du commerce mondial
Alors que l’échéance du 1er août approche, une question demeure : Trump tiendra-t-il parole cette fois-ci? Sur Truth Social, il a martelé mardi matin : « TARIFFS WILL START BEING PAID ON AUGUST 1, 2025 », semblant vouloir couper court à toute spéculation.
Ce qui est certain, c’est que cette approche disruptive aura des conséquences durables, même au-delà de la présidence Trump. Le système commercial international devra se réinventer, avec ou sans les États-Unis, car la croissance économique mondiale dépend d’un environnement commercial stable régi par des règles légalement constituées.
En attendant, les capitales mondiales retiennent leur souffle, leurs négociateurs travaillent d’arrache-pied, et les marchés financiers continuent de jouer aux montagnes russes. Bienvenue dans l’ère du protectionnisme à l’américaine, version 2025.