Vendredi, mai 30, 2025

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Carney et la monarchie verdoyante

Le roi Charles III a prononcé hier son premier discours du trône en tant que souverain devant le Parlement canadien, dévoilant les intentions du gouvernement Carney, un programme qui mélange bonnes intentions économiques et dérive idéologique.

Dans un discours fleuve livré le 27 mai à Ottawa, le roi a présenté l’agenda législatif du gouvernement Carney, qui semble naviguer entre pragmatisme économique et conformisme progressiste.

Une discipline budgétaire… enfin?

La surprise du discours vient peut-être de cet engagement tardif envers la rigueur financière. «  Les dépenses courantes du gouvernement, soit son budget de fonctionnement, augmentent de 9 % par année. Le gouvernement introduira des mesures pour ramener cette croissance sous la barre des 2 %Day-to-day government spending, the government’s operating budget, has been growing by 9% every year. The government will introduce measures to bring it below 2%, a annoncé le roi, exprimant ainsi les engagements du gouvernement.

Cette annonce reprend un engagement électoral du gouvernement Carney, mais demeure suspecte. En campagne, Carney promettait aussi des investissements massifs tout en jonglant avec une comptabilité créative, ce qui aurait finalement creusé le déficit davantage que sous Trudeau. L’objectif annoncé de réduire la hausse des dépenses gouvernementales à moins de 2 % par an après des années à 9% ressemble donc davantage à une manœuvre pour rassurer les marchés financiers qu’à une véritable rigueur budgétaire.

Des barrières qui tombent… enfin

L’annonce la plus prometteuse concerne l’élimination des barrières commerciales internes. « Les barrières internes au commerce et à la mobilité de la main-d’œuvre coûtent au Canada jusqu’à 200 milliards de dollars par annéeInternal barriers to trade and labor mobility cost Canada as much as $200 billion each year », souligne le discours du trône. L’engagement d’introduire une législation pour éliminer tous les obstacles fédéraux restants au commerce intérieur et à la mobilité de la main-d’œuvre d’ici la fête du Canadaremove all remaining federal barriers to internal trade and labor mobility by Canada Day » représente une avancée significative.

Cette mesure, réclamée depuis des décennies par les milieux d’affaires, pourrait enfin libérer le potentiel économique canadien. Il était temps que quelqu’un réalise l’absurdité de ces frontières invisibles qui étouffent l’économie nationale.

L’énergie : des promesses creuses sous le vernis vert

Le discours promet de faire du Canada « une superpuissance en matière d’énergie verte et conventionnelle ». Belle rhétorique, mais où sont les mesures concrètes pour débloquer les nombreux projets pétroliers actuellement paralysés par des contraintes réglementaires étouffantes héritées du gouvernement Trudeau? Le gouvernement continue de jongler avec un double discours : promettre la prospérité énergétique tout en maintenant les obstacles réglementaires qui paralysent l’industrie.

Cette approche schizophrène illustre parfaitement l’emprise de l’idéologie verte sur les décisions politiques. On veut être une superpuissance énergétique sans exploiter nos ressources. C’est comme vouloir être champion de natation sans se mouiller.

Logement : quand l’État joue au promoteur

Le plan logement révèle une fois de plus la tendance interventionniste du gouvernement Carney. La création de « Bâtir Maison CanadaBuild Canada Homes » et les mesures pour « réduire de moitié les frais d’aménagement municipauxcut municipal development charges in half » témoignent d’une méconnaissance fondamentale des mécanismes du marché — une vision simpliste selon laquelle l’État pourrait réussir là où le secteur privé échoue, alors que c’est justement la bureaucratie excessive qui freine la construction.

Certes, l’objectif de « doubler le rythme de construction de logementsdouble the rate of home building » est louable, mais confier cette mission à une bureaucratie gouvernementale relève de l’utopie. Le problème du logement ne se résout pas par plus d’intervention étatique, mais par moins de réglementation paralysante.

Armes à feu : la guerre aux mauvais suspects

Le volet sécuritaire révèle surtout une approche gouvernementale simpliste et symbolique face à la criminalité par arme à feu. Bien que le gouvernement promette de « modifier le système de permis d’armes à feu et renforcer l’application des lois sur les signalements jaune et rougechange firearms licensing and strengthen enforcement of yellow and red flag laws », en ciblant spécifiquement les détenteurs légaux déjà encadrés.

Cette approche détourne l’attention du vrai problème : les armes du marché noir qui inondent nos villes. Pendant que le gouvernement harcèle les chasseurs et collectionneurs légaux, les vraies menaces circulent librement. C’est plus facile de s’attaquer aux citoyens respectueux des lois qu’aux vrais criminels.

Le wokisme en filigrane

Le discours du gouvernement n’échappe pas au rituel habituel du symbolisme progressiste, en insistant par exemple dès l’ouverture sur « the unceded territory of the Algonquin and the Chinabeg people » sans préciser comment cela se traduira concrètement pour ces communautés. Les références attendues aux territoires « unceded » et aux engagements répétés envers la « truth and reconciliation » rappellent davantage une forme d’affichage politique qu’une stratégie concrète pour améliorer la vie des communautés autochtones.

Le discours du gouvernement n’échappe pas au rituel habituel du symbolisme progressiste, en insistant par exemple dès l’ouverture sur « le territoire non cédé des peuples algonquin et chinabegthe unceded territory of the Algonquin and the Chinabeg people » sans préciser comment cela se traduira concrètement pour ces communautés. Les références attendues aux territoires « non cédésunceded » et aux engagements répétés envers la « vérité et réconciliationtruth and reconciliation » rappellent davantage une forme d’affichage politique qu’une stratégie concrète pour améliorer la vie des communautés autochtones.

In 2022, Canada convened COP15 in Montreal, which concluded with 196 countries striking a historic agreement to protect 30% of their lands and 30% of waters by 2030.

Roi Charles III lors du discours du Trône
Traduction: En 2022, le Canada a accueilli la COP15 à Montréal, qui s’est conclue par un accord historique entre 196 pays visant à protéger 30 % de leurs terres et 30 % de leurs eaux d’ici 2030.

Quant aux engagements environnementaux, l’objectif annoncé de protéger « 30 % de leurs terres et 30 % de leurs eaux d’ici 203030% of their lands and 30% of waters by 2030 » demeure ambitieux, mais flou quant aux impacts économiques concrets pour les régions ressources. Cette cible, héritée directement de la COP15, semble davantage conçue pour apaiser les lobbys environnementaux que pour répondre aux besoins réels de développement économique et régional du pays.

L’immigration : un virage tardif

L’annonce de plafonner « le nombre de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux, établissant un plafond qui, à partir de 2027, sera en décembre de 5% de la population canadienne » arrive après des années de laisser-aller. Ce revirement, qualifié de « rétablir la confiance des Canadiens envers l’immigrationrebuilding the trust of Canadians in immigration », reconnaît implicitement l’échec des politiques précédentes.

Verdict : des promesses, encore des promesses

Ce discours du trône illustre parfaitement les contradictions d’un gouvernement pris entre ses instincts interventionnistes et la réalité économique. Les bonnes intentions budgétaires et commerciales sont sapées par une idéologie qui privilégie les symboles aux solutions concrètes.

Comme le veut la tradition parlementaire, Charles III a conclu en ces termes protocolaires : « Puissiez-vous honorer la profonde confiance que vous ont accordée les Canadiens.May you honour the profound trust bestowed upon you by Canadians. » Reste à voir si ce gouvernement saura honorer cette confiance autrement que par des discours bien intentionnés.

Bonus : Points principaux du discours

Priorités et thèmes clés du gouvernement :

  • Économie et fiscalité
    • Objectif ambitieux : bâtir l’économie la plus forte du G7.
    • Réduction d’impôts pour la classe moyenne.
    • Suppression de la TPS pour les acheteurs d’une première maison (jusqu’à 1 million $).
    • Simplification du marché interne canadien (commerce interprovincial), élimination des barrières internes.
    • Réduction drastique des délais d’approbation des projets économiques majeurs (de 5 à 2 ans).
  • Logement
    • Doublement de la construction résidentielle.
    • Création du programme « Maisons Canada » pour accélérer la construction de logements abordables.
    • Investissements dans les maisons modulaires et préfabriquées.
    • Réduction des frais municipaux pour les logements multifamiliaux.
  • Sécurité et défense
    • Renforcement de la sécurité aux frontières pour contrer trafic de fentanyl et autres substances.
    • Embauche de 1000 agents supplémentaires à la GRC.
    • Durcissement des règles sur la détention et l’utilisation d’armes à feu (particulièrement concernant les violences conjugales).
    • Augmentation des investissements dans les Forces armées canadiennes, notamment dans le Nord canadien.
  • Immigration
    • Limite claire fixée à 5 % de la population pour les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants internationaux d’ici 2027.
    • Attraction des meilleurs talents mondiaux, incitation au retour des expatriés canadiens.
  • Environnement et énergie
    • Ambition de faire du Canada une superpuissance énergétique dans les énergies vertes et conventionnelles.
    • Engagement clair envers la protection de l’environnement, la biodiversité, et l’atteinte des objectifs mondiaux (30 % de territoires protégés d’ici 2030).
  • Réconciliation autochtone
    • Engagement continu envers la réconciliation.
    • Doublement du financement du programme de garantie de prêts aux Autochtones (de 5 à 10 milliards $).
    • Respect du principe de consentement préalable, libre et éclairé pour les projets majeurs.
  • Identité culturelle et nationale
    • Valorisation du français et de la culture québécoise.
    • Protection accrue des langues officielles et autochtones.
    • Soutien aux producteurs agricoles et défense de la gestion de l’offre.
    • Protection des institutions culturelles comme CBC/Radio-Canada.
  • Fiscalité responsable
    • Nouvelle discipline budgétaire : réduction des dépenses gouvernementales (objectif de croissance limitée à 2 % par année).
    • Maintien des transferts aux provinces et individus.
    • Équilibre budgétaire du budget opérationnel d’ici 3 ans.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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