Lundi, mars 31, 2025

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Le Parti populaire de Maxime Bernier : un programme populiste qui défie le consensus politique canadien

Dans un paysage politique canadien souvent critiqué pour son homogénéité idéologique, le Parti populaire du Canada (PPC) de Maxime Bernier se démarque par ses positions tranchées. Alors que la campagne électorale fédérale bat son plein, le chef du PPC et candidat dans la circonscription de Beauce présente un programme qui bouscule les conventions établies.

Un parti qui se définit comme « populiste intelligent »

« C’est un parti populiste qui fait de la politique autrement et je dirais même un populiste intelligent parce qu’on a une plateforme très précise, on débat d’idées et on propose des idées pour une meilleure société au Canada », affirme Maxime Bernier lors d’une entrevue accordée au podcast « Ian et Frank ».

Économiquement, le PPC se positionne clairement à droite avec « des idées libre marché plutôt libertarien », tout en défendant ce que Bernier appelle « les vraies valeurs conservatrices » sur le plan culturel. « La famille, l’unité familiale, les valeurs historiques conservatrices, on se situe bien là-dedans », précise-t-il.

Immigration : un moratoire complet proposé

La position du PPC sur l’immigration constitue peut-être sa proposition la plus radicale. Bernier préconise « un moratoire, une pause en immigration, donc plus d’immigration pendant plusieurs années jusqu’au moment où on règle les problèmes que crée l’immigration ».

Cette position tranche avec celle des autres partis fédéraux, y compris les conservateurs de Pierre Poilievre. Le PPC propose également de déporter les immigrants en situation irrégulière, dont le nombre pourrait atteindre « un demi-million » selon les estimations citées par Bernier.

Lorsque l’immigration reprendrait, le PPC souhaite mettre en place des entrevues en personne pour évaluer les valeurs des candidats à l’immigration. « On peut poser des questions comme “l’égalité entre les hommes et les femmes est-ce important” », explique Bernier.

Une approche décentralisée de la santé

En matière de santé, le PPC propose une réforme majeure des transferts fédéraux. « Au lieu de leur donner 52 milliards par année, on leur donne toujours 52 milliards, mais on va leur donner l’espace fiscal, la TPS », explique Bernier.

Concrètement, le gouvernement fédéral abandonnerait la TPS, permettant aux provinces d’augmenter leurs propres taxes de vente pour compenser. Cette approche vise à responsabiliser les provinces et à clarifier qui est responsable des défaillances du système de santé.

« Le citoyen québécois ne sait pas à qui se plaindre pour des services de santé qui sont déficients. Est-ce que c’est le gouvernement provincial parce qu’il n’est pas compétent à gérer son système de santé ou c’est le gouvernement fédéral parce qu’il ne donne pas assez d’argent à la province? », questionne Bernier.

Réduction drastique de la péréquation

Le programme du PPC propose également de « réduire de manière substantielle le montant total des paiements de péréquation aux provinces ». Cette mesure toucherait particulièrement le Québec, qui reçoit actuellement 13,6 milliards de dollars en péréquation.

Selon Bernier, la péréquation « encourage les provinces bénéficiaires à maintenir un secteur public imposant, à garder les impôts élevés et à intervenir davantage dans leur économie, ce qui fait fuir les investissements et réduit l’emploi et la productivité ». Il qualifie la péréquation de « trappe à pauvreté » qui n’incite pas les provinces à développer leur économie.

Opposition aux politiques d’EDI et à « l’idéologie du genre »

Le PPC s’oppose fermement aux politiques d’équité, diversité et inclusion (EDI) qu’il considère comme « une philosophie qui est en train de détruire la société occidentale ». Bernier promet d’éliminer les « camps de rééducation à l’EDI » pour les fonctionnaires fédéraux et de couper les fonds aux organismes qui font la promotion de ces idées.

Sur la question des droits des personnes transgenres, le PPC se distingue en proposant d’abroger le projet de loi C-4 et de « criminaliser la mutilation des mineurs », faisant référence aux traitements médicaux pour les jeunes transgenres. « Pour moi, c’est un geste médical qui est irrémédiable. Une fois que c’est fait, c’est fait. On devrait interdire ça au Canada », affirme Bernier. Il nuance tout de même en disant « qu’ils fassent ce qu’ils veulent avec leur corps, mais lorsqu’ils sont adultes à compter de 18 ans ».

Logement : moins d’intervention fédérale, plus de libre marché

Contrairement aux conservateurs qui promettent de construire plus de logements, le PPC propose de s’attaquer à la crise du logement en réduisant l’immigration et en privatisant la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

« Le gouvernement fédéral n’est pas dans l’industrie de bâtir des maisons », soutient Bernier, qui accuse Pierre Poilievre de vouloir « s’assurer que les immigrants qui vont rentrer vont être capables de se loger ».

Le PPC défend une approche décentralisée, estimant que les questions de zonage et de réglementation relèvent des provinces et des municipalités. « Si les gens ne sont pas d’accord avec la réglementation, le zonage en leur municipalité, bien qu’ils fassent pression sur leurs politiciens locaux municipaux. Le fédéral n’a rien à faire là-dedans », affirme Bernier.

Un équilibre budgétaire dès la première année

Sur le plan budgétaire, le PPC se distingue en promettant d’équilibrer le budget dès la première année de son mandat, contrairement aux autres partis qui prévoient des déficits pendant plusieurs années.

« Les baisses d’impôts des libéraux, c’est 6 milliards de dollars. Les baisses d’impôts des conservateurs, c’est autour de 14 milliards. Et ils nous ont annoncé ça, un bonbon à la population, mais ils ne nous ont pas dit où ils prenaient l’argent », critique Bernier.

Pour équilibrer le budget, le PPC propose notamment de couper 8 milliards dans l’aide internationale, 2 milliards à Radio-Canada, 15 milliards dans la péréquation et 25 milliards dans l’aide aux entreprises.

Un parti qui assume sa différence

Malgré les critiques, Maxime Bernier assume pleinement le positionnement distinct de son parti. « Je fais pas de la politique basée sur les émotions contrairement aux autres, c’est des faits. Vous devez lire notre plateforme et si vous aimez notre plateforme, j’espère que vous allez nous appuyer. Puis si vous n’aimez pas notre plateforme, comme je dis régulièrement, bien, votez pas pour nous parce qu’on ne changera pas. »

Cette clarté dans le positionnement politique contraste avec l’approche souvent plus nuancée des grands partis. Reste à voir si cette stratégie permettra au PPC de percer significativement lors des élections fédérales de 2025.

Voir l’entrevue intégrale


Cet article adopte une approche neutre, centrée sur les politiques publiques et les positions mises de l’avant par le parti politique. Chez Pilule Rouge, cette approche sera la même pour tous les partis qui accepteront de participer au podcast « Ian et Frank ». Ils auront également leur propre article en lien avec leur programme et les propos tenus lors du podcast.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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