L’élection partielle dans la circonscription de Terrebonne s’est conclue hier soir par une victoire éclatante du Parti Québécois (PQ), qui a repris ce qui fut longtemps considéré comme l’un de ses châteaux forts. Catherine Gentilcore, présidente du parti et candidate choisie par le chef Paul St-Pierre Plamondon, a remporté le scrutin avec environ 53% des voix, infligeant une défaite cuisante au candidat caquiste Alex Gagné qui n’a récolté qu’environ 29% des suffrages.
Cette élection, déclenchée suite à la démission en septembre dernier de l’ex-« superministre » Pierre Fitzgibbon, qui avait évoqué une « perte de motivation », marque un revirement spectaculaire dans cette circonscription que la Coalition Avenir Québec (CAQ) avait remportée avec 49,44% des voix lors des élections générales de 2022.
Un message clair envoyé au gouvernement Legault
« En élisant une cinquième députée du Parti québécois, Terrebonne a parlé au nom de la majorité des Québécois qui veulent un renouveau. Le message envoyé au nom des Québécois, il ne pourrait pas être plus clair », a déclaré Paul St-Pierre Plamondon devant des militants enthousiastes qui scandaient « On veut un pays! » en brandissant des drapeaux du Québec.
De son côté, François Legault a tenté de minimiser l’impact de cette défaite, rappelant que « ce n’est jamais facile pour un gouvernement » de remporter une élection partielle. Le premier ministre a toutefois lancé un avertissement à la nouvelle députée : « Je veux lui dire d’en profiter. Parce que dans 18 mois, on a bien l’intention de reprendre Terrebonne ».
Un retour aux sources pour Terrebonne
Cette victoire péquiste représente un retour aux sources pour cette circonscription de la région de Lanaudière. Avant l’élection de Pierre Fitzgibbon en 2018, Terrebonne était considérée comme un bastion péquiste, les élus du PQ s’y succédant entre 1976 et 2018, à l’exception d’une brève période entre 2007 et 2008 où la circonscription avait été représentée par l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont.
Une chute vertigineuse pour la CAQ
Le sondeur Jean-Marc Léger a qualifié ces résultats de « jugement sévère à l’égard de la CAQ », soulignant que le parti au pouvoir avait perdu 20 points de pourcentage par rapport à l’élection générale de 2022. « C’est toute une saute d’humeur », a-t-il commenté.
Cette défaite s’inscrit dans une série noire pour le parti de François Legault, qui perd ainsi une troisième élection partielle depuis 2022, après Saint-Henri–Sainte-Anne à Montréal (remportée par Québec solidaire) et Jean-Talon à Québec (également remportée par le PQ).
Des adversaires marginalisés
Outre la CAQ et le PQ, sept autres candidats étaient en lice dans cette élection. Virginie Bouchard du Parti libéral du Québec est arrivée en troisième position avec environ 8% des voix, suivie de Nadia Poirier de Québec solidaire et d’Ange Claude Bigilimana du Parti conservateur du Québec, qui ont tous deux obtenu environ 4% des suffrages.
Jean-Marc Léger a souligné la « sous-performance des trois autres partis principaux », notant que « le Parti libéral du Québec, Québec solidaire et le Parti conservateur du Québec obtiennent moins que 8% des voix. C’est quand même assez exceptionnel ».
Une première femme au caucus péquiste
Cette victoire permet au PQ d’ajouter un cinquième siège à l’Assemblée nationale, et Catherine Gentilcore devient la première femme à se joindre au caucus péquiste actuel. Dans son discours de victoire, elle a affirmé que « le signal que les gens de Terrebonne envoient avant tout, c’est un message très clair à la CAQ. Les Québécois veulent un gouvernement responsable ».
Le taux de participation s’est établi à environ 37% selon les dernières données disponibles avant la fermeture des bureaux de vote. Le coût estimé de cette élection partielle est de 725 000 $.