La campagne électorale fédérale bat son plein, et les escrocs en profitent pour sévir sur les réseaux sociaux. Une vague de publicités frauduleuses usurpant l’identité de Mark Carney et de Radio-Canada inonde Facebook, promettant des gains faramineux aux internautes crédules. Cette arnaque sophistiquée soulève des inquiétudes quant à l’intégrité du processus démocratique et la sécurité en ligne des Canadiens.
Un stratagème bien huilé
Les publicités trompeuses, repérées sur Facebook, utilisent l’image du nouveau chef libéral Mark Carney et imitent le style visuel de CBC/Radio-Canada pour attirer l’attention. Elles redirigent les utilisateurs vers des sites web frauduleux comme « zyronewa.com », « resonarisaro.com » ou « the-truenorth-capital.com », qui promettent des rendements mirobolants grâce à de prétendus « fonds d’investissement canadiens » ou plateformes de trading.
Ces arnaques s’inscrivent dans une tendance plus large de fraudes liées aux cryptomonnaies et aux investissements, qui ont coûté aux Canadiens pas moins de 310 millions de dollars en 2024, selon un récent rapport.
Un double jeu politique ?
Les publicités frauduleuses usurpant l’identité de Mark Carney ne font pas que cibler les victimes potentielles d’arnaques financières — elles s’inscrivent dans une stratégie de manipulation politique plus large. En exploitant l’image du nouveau chef libéral en pleine période électorale, ces fausses publicités contribuent indirectement à augmenter sa visibilité auprès des électeurs qui ne font que survoler les titres, tout en associant son nom à des promesses de prospérité économique.
Cette exposition médiatique gratuite arrive au moment même où les libéraux et les conservateurs dépensent des centaines de milliers de dollars en publicités sur les plateformes Meta pour influencer l’électorat. Parallèlement, ces publications frauduleuses dénigrent implicitement Pierre Poilievre, le présentant comme incapable de générer la même prospérité économique, renforçant ainsi les messages des véritables publicités libérales qui tentent de dépeindre le chef conservateur comme « le mauvais choix au mauvais moment ».
Cette manipulation de l’information est d’autant plus insidieuse qu’elle s’adresse principalement aux électeurs plus âgés sur Facebook — « la génération X et les baby-boomers », selon Cole Hogan, expert en campagnes numériques — qui représentent un segment démographique crucial dans cette élection où les deux partis sont au coude-à-coude dans les sondages. Ces électeurs, souvent plus vulnérables aux arnaques en ligne et moins enclins à vérifier la véracité des informations au-delà des titres accrocheurs, risquent d’être doublement victimes : d’abord de fraudes financières, puis d’une manipulation de leur perception politique à l’approche du scrutin du 28 avril.
Fraudes en images











Comment se protéger?
Face à cette menace croissante, les experts recommandent la vigilance. Le Centre antifraude du Canada rappelle quelques règles d’or :
- Ne jamais envoyer d’argent ou donner des informations personnelles à des inconnus.
- Se méfier des promesses de gains rapides et faciles.
- Vérifier l’authenticité des sites web et des offres avant de s’engager.
Marissa Sollows, directrice des communications de la Commission des services financiers et des services aux consommateurs du Nouveau-Brunswick, met en garde : « Il n’y aura pas de diminution du nombre de ces arnaques de sitôt, en particulier avec l’élection ».
Dans ce contexte tendu, il est crucial que les Canadiens restent vigilants, tant face aux arnaques financières qu’aux manipulations politiques. L’élection fédérale du 28 avril s’annonce comme un test pour la résilience de notre démocratie face aux défis du numérique.