Mercredi, juillet 2, 2025

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Une nouvelle majeure pour l’Afrique est passée pas mal sous le radar hier et Trump a eu un rôle (positif) à y jouer. Deep dive dans la politique centre-africaine l’instant d’un post.

J’en ai déjà parlé ici par le passé, mais le Rwanda et la République démocratique (ouin…) du Congo (RDC) se mènent la vie dure depuis plusieurs années. Les deux pays limitrophes subissent les contrecoups de décennies de guerre ethniques qui sont maintenant nourris par la géopolitique et le cash.

En gros, après le génocide du Rwanda en 1994, une partie des génocidaires est allée rejoindre certains exilés rwandais dans l’est de la RDC (alors, le Zaïre). Le président Mobutu Sese Seko y a perdu le contrôle et la région est devenue un bouillon de plusieurs mouvements opposés et violents.

On parle parfois des deux grandes guerres du Congo et même parfois des grandes guerres mondiales de l’Afrique pour parler des conflits qui ont suivi. En 1996-1997, c’est le premier clash qui coûte le pouvoir à Sese Seko au Zaïre et qui plante la graine de l’influence du Rwanda dans le pays. Vient ensuite le long et meurtrier conflit de 1998 à 2003 où 9 pays africains et des dizaines de milices ont viré la région à l’envers. Depuis, c’était un équilibre fragile.

Le Rwanda, malgré notre perception d’un pays victime d’une tragédie humaine sans nom, est somme toute assez belligérant. Depuis le génocide, il alimente les milices comme le M23 pour déstabiliser les frontières et contrôler les milices congolaises qui sont noyautées par d’anciens dirigeants rwandais voulant retourner dans leur pays d’origine pour y reprendre le pouvoir.

En gros, autant le Rwanda que la RDC financent et alimentent le conflit, ce qui a déboulé violemment à l’automne dernier et durant l’hiver avec notamment le siège de Goma (une ville importante de l’est de la RDC) par le M23 à la surprise du monde.

Là où c’est choquant, c’est qu’encore une fois les grandes puissances y tirent les ficelles pour alimenter leurs ambitions. La Chine, celle qu’on voit comme une menace militaire grandissante, a plutôt utilisé son pouvoir économique incroyable pour acheter ou développer des dizaines d’industries liées aux mines à la RDC.

Notamment, la RDC a 70 % des réserves prouvées de Cobalt dans le monde. À quoi ça sert, le cobalt? À faire des batteries. Les autos électriques, les cellulaires, les panneaux solaires et même l’armement ne peuvent se passer du cobalt et évidemment le besoin n’ira qu’en grandissant.

La Chine s’est placée depuis 15 ans pour contrôler l’industrie, par grande vision ou pure chance. En ce moment, environ 70 % des exportations de cobalt de la RDC s’en vont en Chine. C’est très gros et très stratégique, le résultat de dizaines de milliards d’investissements chinois depuis très longtemps.

Maintenant, les États-Unis et l’Union européenne allument que l’Afrique, ce n’est pas juste un paquet de trouble qu’on essaie d’oublier, mais un immense continent stratégique qui doit être influencé « du bon bord ». C’est tristement la répétition de l’époque de la colonisation, mais avec une saveur différente.

Ainsi, pour contrebalancer l’influence immense de la Chine dans l’est de la RDC, les États-Unis et l’UE financent à leur tour ce qui s’appelle le Corridor Lobito. En gros, on crée un long réseau logistique surtout basé sur le train pour envoyer le minerai congolais vers l’ouest (et donc, l’Atlantique) plutôt que de laisser comme seule option de sortir par l’est (donc, vers l’Asie et la Chine). C’est du gros $$ qui passe par des alliances ponctuelles avec l’Angola et la Zambie.

Pourquoi je parle de ça? Parce qu’hier, Trump a tenu une conférence de paix dans le Bureau ovale où les ambassadeurs du Rwanda et de la RDC ont signé un accord historique. Initié par Biden (évidemment, Trump ne lui donnera pas le crédit), ce mouvement vers la paix a été notamment facilité par la nomination d’un envoyé spécial américain dans la région pour planter les graines de l’accord.

Malgré tout, il faut donner le crédit à Trump et son administration d’avoir fini le travail. Évidemment, on ne sait pas combien de temps ça va durer, mais cette nouvelle paix va sauver la vie de milliers d’Africains qui ne demandent que ça.

Selon la doctrine Trump, le deal est transactionnel et avantage les États-Unis. L’entente prévoit notamment un certain volet d’exclusivité sur la sortie des minéraux critiques de la RDC, un gros « fuck you » à la Chine qui l’avait implicitement depuis longtemps. Les entreprises américaines auront des incitatifs pour développer les infrastructures de la RDC et s’y implanter pour de bon.

Certains y voient une nouvelle vague de colonialisme, ce que je ne peux pas vraiment contredire. C’est toujours ça le grand défi avec les pays en développement ; est-ce qu’on s’implique et contrôle leur développement, ce qui peut être positif, mais vu comme du colonialisme, ou on les laisse aller et on risque de nouvelles guerres civiles ou de la stagnation économique?

Tout ça est quand même majeur parce que l’Afrique, c’est gros et c’est le prochain continent qui risque d’exploser économiquement. Bien sûr, c’est hautement positif, mais on voit en temps réel et au ralenti ce que l’Histoire jugera comme une période soit très positive ou aussi gênante que celle des empires et des colonies du 19e siècle. Il y a de vrais humains qui méritent notre considération là-bas, ce n’est pas seulement qu’une partie du jeu de Risk.

Comme ils disent, à suivre!


Ce texte a été écrit le 28 juin 2025 à 11h12. Il est donc possible que certains événements se soient produits depuis.

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David Chabot
David Chabot
David Chabot, professionnel des relations publiques et de la gestion politique, a d’abord été restaurateur avant de se réorienter vers la politique municipale, sa passion. Aujourd’hui Chef des communications et Directeur du bureau du président d’une grande entreprise immobilière, il collabore avec des décideurs politiques et économiques. Titulaire d’un baccalauréat en science politique, il complète une maîtrise en affaires publiques et un MBA en gestion immobilière à l’Université Laval. Pragmatique et stratège, il excelle en négociation, planification et influence.

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