S’il y a une chose que les Démocrates savent très bien faire, c’est susciter un enthousiasme politique massif durant les saisons électorales. En 2016, le sénateur américain Bernie Sanders a déclenché une formidable ferveur politique avec une série de politiques censées créer un paradis sur terre : l’assurance-maladie universelle, la hausse du salaire minimum, la taxation des ultra-riches pour redistribuer équitablement la richesse… etc. Ces politiques, fondées sur l’égalité et la justice sociale, ont attiré de nombreux électeurs sympathisants aux idées socialistes du sénateur Sanders. En 2018, cette même ferveur politique a été répliquée avec Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui a essentiellement mené sa campagne sur la même plateforme que Sanders, et a été élue représentante au Congrès à l’âge de 29 ans. Aujourd’hui, AOC est devenue un pilier du Parti démocrate. En fait, elle incarne désormais l’idéologie progressiste et socialiste du parti, et elle est largement pressentie pour se présenter à l’élection présidentielle de 2028. En 2025, le Parti démocrate a trouvé une nouvelle étoile montante qui, à l’image de Bernie Sanders et d’AOC, se présente à la mairie de New York sur la même plateforme socialiste. Son nom ? Zohran Mamdani.
Qui est Zohran Mamdani ?
Député de l’Assemblée législative de l’État de New York, originaire de l’Ouganda et de descendance indienne, Mamdani a attiré l’attention politique et nationale après avoir battu l’ancien gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, lors des primaires démocrates tenues le 24 juin 2025. Mamdani est devenu une sensation politique en partie grâce à son jeune âge — trente-trois ans — et à ses origines à Kampala, en Ouganda, ce qui illustre que l’Amérique est véritablement la terre des opportunités, un endroit où chacun peut réussir. Le succès politique de Mamdani reflète l’esprit américain. Devenu le candidat présumé des Démocrates pour la mairie de New York, il affrontera le maire sortant Eric Adams, un ex-Démocrate devenu Indépendant, actuellement sous le feu des critiques en raison de diverses accusations de corruption. Bien que la carrière politique de Mamdani soit impressionnante, il est essentiel d’évaluer les conséquences potentielles de ses politiques s’il devenait le prochain maire de New York.
Quel est le programme de Mamdani ?
Mamdani propose une série de politiques progressistes visant à rendre New York plus abordable et à améliorer la qualité de vie des travailleurs new-yorkais. La liste de ses propositions est assez longue, mais concentrons-nous sur les principales :
(1) expansion du logement social,
(2) autobus gratuits,
(3) service de garde universel,
(4) augmentation du salaire minimum,
(5) augmentation des impôts sur les riches et les entreprises.
1) Expansion du logement social
En apparence, promouvoir l’expansion du logement social semble être une idée bonne, morale et noble. Même des politiciens comme Bernie Sanders ont affirmé que « le logement est un droit ». Le problème avec l’expansion du logement social, c’est qu’elle accentue les distorsions du marché. Lorsque le logement social est élargi par le biais du pouvoir gouvernemental, cela perturbe les forces du marché et augmente le coût du logement, notamment pour ceux-là mêmes que cette politique est censée aider. Je vais m’expliquer.
Le logement social subventionné réduit les coûts pour les résidents, ce qui peut accroître la demande pour les logements privés environnants, entraînant une hausse des loyers et des prix immobiliers. Une étude publiée en 2021 par le National Bureau of Economic Research a révélé que les projets financés par le Low-Income Housing Tax Credit (LIHTC) faisaient souvent grimper la valeur des propriétés dans les zones avoisinantes, les rendant moins abordables pour les résidents non subventionnés.
Sur le papier, l’expansion du logement subventionné semble séduisante, car elle attire les résidents vers certaines zones. Le problème, c’est que cette attractivité crée une demande déséquilibrée qui ne correspond pas aux signaux du marché. Je ne sais pas si Mamdani est économiquement ignorant ou s’il a simplement choisi d’ignorer les échecs passés de cette politique ; cette demande artificielle ne fera qu’amener une concentration excessive de ménages à faible revenu, ce qui épuisera les ressources et les infrastructures locales.
Un problème crucial que Mamdani néglige, c’est que cette politique crée une perturbation de l’offre sur le marché immobilier de New York. En effet, le logement financé par l’État évince le développement privé. Les promoteurs peuvent éviter les zones avec du logement public en raison des risques perçus ou de marges bénéficiaires réduites, surtout si les réglementations ou subventions favorisent les projets publics. Cela réduit l’offre globale de logements, comme on l’a vu dans certaines villes comme San Francisco, où la construction privée a accusé un retard malgré une forte demande. Mamdani n’a manifestement rien retenu de l’expérience de San Francisco et s’apprête à répéter la même politique destructrice qui a déjà échoué ailleurs aux États-Unis.
2) Autobus gratuits
Comme pour la première mesure analysée, cette politique semble formidable à première vue. Qui ne voudrait pas de trajets en autobus gratuits ? Nous le voudrions tous, mais une telle politique « généreuse » a des conséquences.
Premièrement, l’utilisation excessive et la congestion de ces autobus. Les autobus gratuits ramènent le coût du transport à zéro, ce qui encourage une utilisation excessive, y compris pour des trajets non essentiels. Cela peut entraîner une surcharge des autobus, des temps d’attente plus longs et une baisse de la qualité du service. Une étude menée en 2018 sur l’expérience du Luxembourg en matière de transport gratuit a montré une hausse de l’achalandage, mais aussi une saturation des capacités, réduisant l’efficacité pour les usagers réguliers dépendant d’un service ponctuel. Mamdani pourrait consulter cette étude avant de maintenir sa position sur ce sujet.
Plus important encore, cette politique réduit considérablement les revenus. Un système sans perception de tarif élimine une source essentielle de financement pour les agences de transport, entraînant souvent des déficits budgétaires. Par exemple, en 2020, Kansas City a lancé un programme de transport sans frais qui nécessitait des subventions permanentes provenant des recettes fiscales générales. Cela a fini par mettre à mal le budget municipal et a limité les possibilités de réinvestissement dans l’amélioration du réseau. Encore une fois, Mamdani a délibérément — ou inconsciemment — ignoré ce précédent avant de proposer une telle mesure.
3) Service de garde universel
Le service de garde universel, bien qu’il vise à accroître l’accessibilité et à soutenir les familles, conduit indéniablement à des résultats sous-optimaux que Zohran Mamdani choisit d’ignorer.
Premièrement, malgré les bonnes intentions de cette politique, elle entraîne des coûts plus élevés et une mauvaise allocation des ressources. Mettre en place un système universel de garde d’enfants exige des dépenses publiques massives pour l’infrastructure, le personnel et l’administration. Par exemple, une estimation de 2021 du Center for American Progress évaluait le coût d’un tel programme à 100 milliards $ par an aux États-Unis. Cela peut mettre les budgets publics sous pression et détourner des fonds d’autres priorités comme l’éducation ou les infrastructures.
De plus, une politique de garde universelle provoque des distorsions de marché. Les garderies subventionnées affaiblissent les fournisseurs privés en réduisant artificiellement les prix, ce qui diminue la concurrence et l’innovation. Au Québec, où un système universel de garde a été instauré dans les années 1990, des études (par exemple, Baker et al., 2019) ont montré que les fournisseurs privés avaient de la difficulté à survivre, menant à une moins grande diversité dans l’offre de services et, dans certains cas, à une baisse de la qualité. Pourtant, Mamdani affirme vouloir favoriser la diversité avec ce type de programme.
Enfin, même si la garde universelle vise à favoriser la participation des femmes au marché du travail, les résultats sont nuancés. Une étude de 2020 publiée dans le Journal of Political Economy a révélé que le programme québécois avait effectivement augmenté l’emploi chez les mères, mais que les gains économiques à long terme restaient limités en raison des coûts élevés et des effets modestes sur la productivité. De plus, dans un système subventionné, les travailleuses en garderie à faible salaire risquent de voir leur rémunération stagner, ce qui peut décourager les personnes qualifiées d’entrer dans le domaine.
4) Hausse du salaire minimum
Cette proposition est de loin la plus absurde et incohérente de toutes. Mamdani n’a visiblement rien appris des échecs passés liés à la hausse du salaire minimum. Bernie Sanders est à l’origine du concept voulant faire du salaire minimum un « salaire décent ». Beaucoup de gens, y compris Zohran Mamdani, appuient cette idée parce qu’elle semble juste et morale. En fait, Mamdani a même proposé de hausser le salaire minimum à 30 $ de l’heure, en partant du principe que cela en ferait un salaire décent. Ma question à Mamdani est donc la suivante : pourquoi ne pas le hausser à 300 $ de l’heure au lieu de 30 $ ? Le véritable problème de cette proposition, c’est qu’elle ne tient pas la route économiquement.
En réalité, même lorsqu’il est augmenté, le salaire minimum ne constitue pas un salaire décent pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il ne suit ni l’inflation ni la hausse du coût de la vie. De plus, les lois sur le salaire minimum ne tiennent pas compte des différences régionales en matière de coût de la vie et ne suffisent pas à combler les besoins essentiels d’une famille.
La hausse du salaire minimum est tristement célèbre pour entraîner des pertes d’emplois. Mamdani n’a manifestement pas compris que l’augmentation des salaires minimaux accroît les coûts de main-d’œuvre, ce qui pousse les employeurs — surtout dans les secteurs à faibles marges comme la restauration ou le commerce de détail — à réduire leurs effectifs ou leurs heures pour compenser. Un rapport du CBO publié en 2019 estimait qu’un salaire minimum fédéral de 15 $ pourrait entraîner la suppression de 1,3 million d’emplois, bien que les estimations varient selon les contextes.
Au-delà des pertes d’emploi, Mamdani omet également de reconnaître qu’une telle mesure rendra la ville de New York encore plus chère qu’elle ne l’est déjà. Les entreprises ont tendance à refiler l’augmentation des coûts de main-d’œuvre aux consommateurs, en haussant les prix des biens et services. Une étude menée en 2021 par l’Université de Californie à Riverside a révélé qu’une hausse de 10 % du salaire minimum avait entraîné une hausse de 0,4 % des prix dans les restaurants, ce qui touche de manière disproportionnée les consommateurs à faible revenu qui dépendent de produits abordables.
Enfin, une hausse du salaire minimum dissuade les petites entreprises d’embaucher. Lorsqu’il devient artificiellement élevé, les PME et les jeunes entreprises hésitent à recruter des employés, surtout des débutants ou des travailleurs moins qualifiés. Cela freine la création d’emplois, comme on l’a constaté à Seattle entre 2014 et 2017, période durant laquelle une étude de l’Université de Washington a observé une baisse des embauches dans les secteurs à bas salaires.
5) Augmenter les impôts des riches et des entreprises
L’augmentation des impôts sur les riches et les entreprises est une politique proposée par les socialistes depuis des décennies, comme moyen de redistribuer la richesse de manière équitable. Pourtant, cette approche n’a jamais réellement permis une redistribution juste. En réalité, elle décourage ceux qui ont la capacité de créer de la richesse à le faire.
Mamdani doit comprendre que des impôts plus élevés sur les riches et les entreprises réduisent le revenu disponible et les profits réinvestissables. Cela nuit à la formation de capital, qui est essentielle à la croissance économique. Par exemple, une étude de 2020 de la Tax Foundation a estimé qu’une augmentation de 10 % de l’impôt sur les sociétés pourrait réduire le PIB à long terme de 0,2 à 0,3 % en raison d’une baisse des investissements en équipement et en innovation.
Plus les riches et les entreprises sont taxés, plus ils sont incités à pratiquer l’évasion fiscale. Ces acteurs disposent des ressources nécessaires pour exploiter les failles du système, transférer leurs actifs à l’étranger ou déplacer leurs activités vers des juridictions à plus faible fiscalité. L’OCDE rapportait en 2019 que des taux d’imposition élevés sur les sociétés sont associés à une augmentation du transfert des profits vers des paradis fiscaux, réduisant ainsi les recettes fiscales nationales et faussant les marchés mondiaux. N’oublions pas que New York est la capitale financière du monde. Si Mamdani augmente les impôts sur ceux qui produisent la richesse, ils déplaceront leurs capitaux ailleurs, ce qui privera la ville de nouvelles opportunités financières.
Enfin, des impôts plus élevés sur les plus fortunés peuvent décourager la prise de risque et l’entrepreneuriat. Les riches financent souvent les jeunes entreprises ou les startups, et une fiscalité plus lourde peut diminuer leur appétit pour les investissements risqués à fort rendement. Une étude de 2018 du National Bureau of Economic Research a montré que des impôts plus élevés sur le revenu des particuliers entraînaient une légère baisse du nombre de dépôts de brevets, indicateur de l’innovation.
Conclusion
Il est clair que Mamdani a un programme radical pour la ville de New York. Ce programme repose sur des politiques destructrices qui vont appauvrir la ville au lieu de l’améliorer, surtout pour les travailleurs de la classe moyenne et populaire. Ce dont ces derniers ont besoin, ce ne sont pas de lois supplémentaires pour étendre le pouvoir de l’État, mais d’un cadre législatif permissif qui facilite l’accès aux ressources économiques. La montée en puissance de Zohran Mamdani comme étoile politique montante est une distraction, un écran de fumée qui détourne l’attention de l’essentiel : ses politiques, et celles qu’il compte appliquer s’il est élu, sont inquiétantes et laisseront New York dans un état bien pire que sous Eric Adams.