Jeudi, mai 1, 2025

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Carney à Ottawa : Les Premiers Ministres réagissent

L’élection de Mark Carney à la tête du gouvernement fédéral a déclenché une avalanche de réactions des premiers ministres provinciaux et territoriaux. Entre félicitations protocolaires, attentes musclées et piques à peine voilées, le nouveau premier ministre du Canada devra rapidement prouver qu’il sait naviguer dans les eaux parfois tumultueuses du fédéralisme canadien.

Favorables : Les Alliés prudents… ou enthousiastes

Du côté de l’Atlantique, la transition semble se faire sans vague. Rob Lantz, premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, salue l’arrivée de Carney et souligne son intérêt pour les promesses concrètes : « Je suis particulièrement encouragé par les engagements visant à réduire les péages du pont de la Confédération et du traversier Wood Islands–Caribou, et je continuerai de faire pression pour l’élimination complète de ces obstacles afin de mieux relier notre province au reste du Canada ».

À Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey se permet même une touche personnelle : « Félicitations à mon ami, notre premier ministre, Mark Carney, ainsi qu’à tous les députés — en particulier ceux que j’ai été fier de soutenir — qui ont gagné la confiance des Canadiens lors de cette élection ».

Dans le Nord, les félicitations sont protocolaires mais ouvertes. R.J. Simpson (TNO) affirme : « J’ai hâte de rencontrer le premier ministre Carney et la députée Alty au cours des prochaines semaines pour entamer le travail qui nous attend — veiller à ce que les gens du Nord soient pleinement partenaires dans la construction de l’avenir du Canada ». Ranj Pillai (Yukon) insiste sur la collaboration : « Le Yukon est prêt à continuer de travailler avec le gouvernement fédéral pour renforcer et protéger l’économie et la souveraineté du Canada ». P.J. Akeeagok (Nunavut) résume l’esprit nordique : « Je me réjouis de pouvoir continuer à travailler main dans la main afin de renforcer le Canada et le Nunavut ».

Les Favorables, mais exigeants : La main tendue… avec conditions

Doug Ford (Ontario) incarne parfaitement la diplomatie à la sauce Queen’s Park : félicitations officielles, mais liste de revendications longue comme le bras. « J’en appelle au premier ministre Carney à respecter son engagement d’accélérer les approbations pour les projets de développement des minéraux critiques et d’autres ressources, en particulier dans la région du Cercle de feu. […] Ontario also stands ready to work with the federal government and other provinces and territories to tear down internal trade barriers and promote economic integration across Canada » 1. Ford multiplie les rappels à l’ordre sur la défense, la réforme du cautionnement, l’infrastructure et la nécessité de « respecter nos engagements en matière de défense nationale, en utilisant de l’équipement fabriqué au Canada dans la mesure du possible ». Bref, Carney est prévenu : l’Ontario attend du concret, pas du blabla.

Au Québec, François Legault se montre étonnamment enthousiaste, mais glisse plusieurs avertissements. Il salue « un premier ministre du Canada économique » et se réjouit d’avoir « été encouragé par les propos de M. Carney lors de notre discussion sur l’économie ». Mais il rappelle que « le gouvernement fédéral doit faire sa part » sur les infrastructures et insiste sur la réduction de l’immigration temporaire : « Il faut réduire le nombre d’immigrants temporaires sous la responsabilité d’Ottawa, et les faire passer de 400 000 à 200 000 ». Legault n’oublie pas de remercier Pierre Poilievre pour ses engagements envers le Québec et sur le coût de la vie, histoire de rappeler que le fédéral n’a pas le monopole du cœur des Québécois.

Les Neutres

En Colombie-Britannique, David Eby reste laconique : « Félicitations au premier ministre Mark Carney pour sa victoire électorale. Beaucoup de travail nous attend et j’ai hâte que nous travaillions ensemble ».

Même son de cloche pour Tim Houston en Nouvelle-Écosse : « Félicitations au premier ministre Mark Carney. J’ai hâte de travailler ensemble pour accomplir des choses pour la Nouvelle-Écosse ».

Au Nouveau-Brunswick, Susan Holt se veut collaborative : « Félicitations au premier ministre Mark Carney pour sa victoire, ainsi qu’à toutes les personnes élues pour représenter les Néo-Brunswickois au Parlement. J’ai hâte de travailler avec chacun d’entre vous ».

Au Manitoba, Wab Kinew opte pour l’inclusivité : « Nous avons hâte de bâtir ce pays avec vous. […] Nous avons hâte de continuer à travailler ensemble pour faire avancer le Manitoba ».

Les Méfiants et Défavorables : L’Ouest campe sur ses positions

En Alberta, Danielle Smith ne mâche pas ses mots. Si elle félicite Carney du bout des lèvres, elle réserve ses éloges à Pierre Poilievre, « un véritable ami de l’Alberta ». Elle accuse Ottawa d’avoir « attaqué ouvertement notre économie provinciale presque sans relâche au cours des dix dernières années » et prévient : « Je ne permettrai pas que le statu quo se poursuive. Les Albertains sont fiers d’être Canadiens et veulent que cette nation soit forte, prospère et unie, mais nous ne tolérerons plus que nos industries soient menacées et que nos ressources soient enclavées par Ottawa ». Smith annonce même une réunion spéciale pour discuter de « l’avenir de notre province » et laisse planer la menace d’un rapport de force renouvelé.

En Saskatchewan, Scott Moe félicite Carney, mais n’en oublie pas pour autant le message des urnes : « beaucoup de gens, y compris la majorité ici en Saskatchewan, eh bien, ils ont voté pour un certain changement ». Moe attend que Carney « apporte réellement ce changement pour la Saskatchewan, pour les industries d’ici qui ont contribué à faire tourner l’économie canadienne, et pour les familles et les citoyens de la Saskatchewan ». Il se montre sceptique face aux promesses fédérales : « Vous avez dit vouloir faire du Canada une superpuissance énergétique de premier plan à l’échelle mondiale, et c’est agréable à entendre, mais cela ne peut pas rester de simples mots. Vous voyez, les politiques comptent. Les politiques comptent vraiment. Et certaines des politiques de votre gouvernement devront changer si le Canada veut atteindre cet objectif ». Moe propose un « bouton de réinitialisation » dans la relation Ottawa–Regina, mais sous conditions strictes.

De plus, Carla Beck, cheffe du NPD en Saskatchewan, a aussi insisté sur la nécessité d’un « fair deal » sur la péréquation et des « investissements significatifs dans les infrastructures », tout en appelant à la collaboration interpartis.

Conflits et atomes crochus : Des lignes de fracture persistantes

Les tensions entre l’Ouest et Ottawa ne datent pas d’hier, et l’arrivée de Carney ne semble pas les apaiser. Smith et Moe rappellent que la question énergétique et la gestion des ressources restent des sujets explosifs. L’Alberta et la Saskatchewan exigent un changement de cap, menaçant de hausser le ton si Ottawa persiste dans ses politiques jugées hostiles à leurs industries.

À l’inverse, Legault et Carney semblent avoir trouvé un terrain d’entente sur l’économie et la gestion de l’offre, même si le premier ministre québécois n’hésite pas à rappeler ses lignes rouges sur l’immigration et la défense du français.

Conclusion : Un pays, dix provinces, trois territoires… et autant de visions

L’élection de Mark Carney n’a pas fait disparaître les fractures régionales. Si plusieurs premiers ministres provinciaux ou territoriaux tendent la main, d’autres attendent des gestes concrets, voire menacent de durcir le ton. Entre attentes élevées, prudence et défiance, le nouveau premier ministre du Canada devra jouer serré pour éviter que le « dialogue fédéral-provincial » ne vire à la cacophonie. Une chose est sûre : les provinces et territoires n’ont pas l’intention de se contenter de belles paroles.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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