Mercredi, mars 12, 2025

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Jagmeet Singh mène-t-il le NPD à sa perte ?

Depuis sa fondation, le NPD a toujours été un tiers parti à Ottawa. Il a flirté avec le pouvoir en 2011, mais la fameuse vague orange fut un mirage. Selon André Lamoureux, le NPD se condamne à la marginalisation principalement à cause de son virage communautariste et de sa proximité idéologique avec le PLC.

André Lamoureux est chargé de cours au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal et observateur de la scène politique fédérale.

Entretien

Simon Leduc : Depuis que Mark Carney est devenu le favori pour remplacer Trudeau à la tête du PLC, le NPD a chuté dans les sondages. Pensez-vous que cela va se poursuivre d’ici les prochaines élections générales?

André Lamoureux : «J’estime que le NPD est en train de perdre d’importants appuis dans les sondages. Actuellement, il obtient seulement 12% des voix. À mon avis, le NPD risque de baisser encore dans les intentions de vote.

Je n’avais pas observé une diminution aussi drastique pour cette formation politique depuis le début de l’ère Layton. Durant les trois mandats majoritaires de Jean Chrétien, le NPD était très faible. Aux élections de 1993, le NPD avait obtenu 6.9% des voix, 11.1% en 1997 et 8.5% en 2000. Depuis le règne de Jack Layton, ce parti n’était jamais tombé en bas de 15% de soutien. Lors des prochaines élections, le Nouveau Parti Démocratique pourrait subir une énorme défaite. Cette formation politique progressiste a de la difficulté à performer même dans ses forteresses. Par exemple, lors de la partielle 16 septembre 2024, le NPD a remporté une victoire par une faible marge, 48% contre 44% pour les conservateurs. Donc, le NPD a eu de la misère à conserver Elmwood-Transcona qui est un château fort néo-démocrate au Manitoba. Lors des élections de 2021, le NPD avait facilement remporté ce comté, 50% contre 28% pour le PCC. Donc, la chute de Jagmeet Singh va se poursuivre.»

Comment expliquer que ce parti n’a jamais réussi à se démarquer sur la scène fédérale?

André Lamoureux : «Depuis sa fondation en 1961, ce parti de gauche n’a jamais réussi à former le gouvernement à Ottawa. Il demeure un tiers parti. La seule fois qu’il a été aux portes du pouvoir c’était en 2011. Le 2 mai 2011, le NPD a fait élire 103 députés (59 au Québec) et il a formé l’Opposition officielle pour la première fois de son histoire. Or, la vague orange fut éphémère, car il est redevenu un tiers parti en 2015. Je veux aussi mentionner que ce parti a bien performé sous le leadership d’Ed Broadbent. Celui-ci a obtenu 19.8%, 18,8% et 20.4% des voix lors des élections générales de 1980, 1984, et de 1988.

La stagnation des appuis du NPD est une tendance historique lourde qui risque de continuer dans le futur.

La stratégie du NPD a toujours été axée sur un programme politique social-démocrate proche du PLC, mais avec plus de programmes sociaux. Il a toujours cherché à s’entendre avec les libéraux afin que ceux-ci mettent en place certains éléments de son programme sur le plan social.

Le NPD a fait cela lors des mandats minoritaires de Pierre Elliot Trudeau (1972 à 1974) et de Justin Trudeau (2021 à 2025). Lors des élections de 1974, les électeurs ont préféré voter pour l’original au lieu de la copie. Le même scénario va se concrétiser lors des prochaines élections.

Le problème du NPD est le fait qu’il défend les mêmes positions politiques que le PLC. Ces deux partis sont de gauche et partagent la même vision du fédéralisme : la centralisation. C’est pour cela qu’il n’a jamais réussi à se présenter comme un gouvernement en attente.»

Est-ce que le virage communautariste de Jagmeet Singh peut expliquer la chute de sa popularité à travers le pays?

André Lamoureux : «Sous le leadership du chef actuel, le NPD a abandonné ses racines progressistes traditionnelles. Ce parti ne défend plus les intérêts du travailleur moyen. Les classes populaires ne se reconnaissent plus dans ce parti. De plus, il se battait pour les principes républicains et avait le soutien du mouvement syndical.

Cette version du NPD n’existe plus. Ce dernier est multiculturaliste, monarchiste, communautariste et victimaire. Il est devenu le véhicule politique des communautés culturelles et de la diversité. Il est proche de la mouvance islamique qui est présente et influente au Canada. Il a appuyé la nomination d’Amira Elghawaby comme représentante spéciale chargée de la lutte contre l’islamophobie. Cette dernière est une militante de l’islam radical. Elle mène une lutte acharnée devant les tribunaux contre la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois. Il défend le concept du racisme systémique et soutien les revendications du lobby transgenre. Le NPD est woke sur le plan identitaire. Également, le NPD a toujours été hostile aux aspirations de la nation québécoise. Sa lutte farouche contre la laïcité et son fédéralisme prédateur le prouve bien.

C’est à cause de ce virage identitaire que le NPD a abandonné sa base électorale classique qui est la classe ouvrière. Donc, cela le condamne à la marginalisation politique.

Pour conclure, le NPD va demeurer un acteur politique secondaire dans le paysage politique canadien. À cause de son virage identitaire extrême, ce dernier ne pourra jamais aspirer au pouvoir à Ottawa.»

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Simon Leduc
Simon Leduc
Titulaire d'un Baccalauréat en science politique a l'Université de Montréal. Il est chroniqueur et journaliste pour Libre Média, le Podcast Ian et Frank et de Québec Nouvelles. Vous pouvez le suivre sur Facebook.

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