Dans la nuit du 5 au 6 juin 2025, la Russie a lancé une attaque massive de missiles balistiques et de drones contre l’Ukraine, blessant au moins trois personnes et causant des dégâts considérables dans plusieurs districts de Kiev. Cette offensive nocturne constitue une réponse directe à l’audacieuse opération ukrainienne « Spiderweb » qui avait détruit plus de 40 bombardiers stratégiques russes quelques jours plus tôt.
Une nuit d’explosions dans la capitale ukrainienne
Les habitants de Kiev ont été réveillés par le bruit des explosions et des tirs de défense antiaérienne, forçant de nombreux résidents à chercher refuge dans les stations de métro. Tymur Tkachenko, chef de l’administration militaire de la ville de Kiev, a décrit la situation sur Telegram : « Nos équipes de défense aérienne font tout ce qui est en leur pouvoir. Mais nous devons nous protéger les uns les autres — restez en sécurité ».
Massive missile strike on Lutsk, Volyn oblast tonight
L’attaque a causé des incendies dans plusieurs quartiers de la capitale. Dans le district de Solomyanskyi, un feu s’est déclaré au 11e étage d’un immeuble résidentiel de 16 étages, forçant l’évacuation de trois personnes. Un autre incendie a éclaté dans un entrepôt métallique. Les voies de métro entre deux stations ont également été endommagées, bien qu’aucun incendie ni blessé n’ait été signalé à cet endroit.
🇺🇦💥🇷🇺 #Russian troops launched a massive attack on #Ukrainian infrastructure and military-industrial complex ✔️ According to #Ukrainian sources, more than 100 #Geranium drones were launched at #Kyiv alone. ✔️ Explosions and subsequent detonations were recorded in the area of
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a confirmé que trois personnes avaient été blessées dans ces attaques, deux d’entre elles nécessitant une hospitalisation. Il a exhorté les résidents à rester dans les abris alors que des drones russes entraient dans la ville.
L’opération « Spiderweb » : quand l’Ukraine frappe au cœur de la Russie
Cette attaque russe fait suite à l’opération ukrainienne « Spiderweb », une mission de drones sans précédent qui a visé les bombardiers stratégiques russes sur leurs bases aériennes. L’opération a utilisé 117 drones transportés secrètement en Russie et lancés simultanément près des aérodromes où étaient stationnés les bombardiers.
Les images diffusées par l’Ukraine montraient des bombardiers Tu-95 en flammes, leurs réservoirs de carburant pleins indiquant qu’ils étaient opérationnels au moment de l’attaque. Le Service de sécurité d’État ukrainien (SBU) a informé les médias locaux que 41 avions avaient été touchés, ce que le président Volodymyr Zelenskyy a qualifié de « 34 % des bombardiers stratégiques porteurs de missiles de croisière stationnés sur des bases aériennes ». Les dommages ont été évalués à environ 7 milliards de dollars.
L’opération a visé quatre aérodromes russes : Dyagilevo dans la région de Riazan, Ivanovo dans la région d’Ivanovo, la base aérienne de Belaya dans la région d’Irkoutsk en Sibérie sud-orientale à plus de 4 000 km à l’est de la ligne de front, et la base aérienne d’Olenya dans la région de Mourmansk en Russie, à quelque 2 000 km de la frontière ukrainienne.
Poutine crie au terrorisme, Trump conseille la patience
La réaction du Kremlin ne s’est pas fait attendre. Le président Vladimir Poutine a qualifié le régime de Kiev d' »organisation terroriste », particulièrement après les incidents ferroviaires dans les régions de Koursk et de Briansk qui ont fait sept morts. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : « Le président a qualifié le régime de Kyiv d’organisation terroriste, invoquant la décision délibérée de ses dirigeants d’ordonner la destruction d’un train de passagers. Cela constitue rien de moins qu’un terrorisme d’État ».
Poutine a remis en question la possibilité de négocier avec des « terroristes » et s’est demandé pourquoi la Russie devrait accepter les cessez-le-feu de 30 jours ou plus proposés par l’Ukraine, affirmant que l’Ukraine utiliserait ces cessez-le-feu pour continuer à recevoir des armes occidentales.
Dans un timing pour le moins ironique, cette attaque nocturne s’est produite quelques heures seulement après que le président américain Donald Trump ait suggéré qu’il pourrait être préférable de laisser l’Ukraine et la Russie « se battre un moment » avant d’intervenir pour la paix. Trump s’exprimait lors d’une rencontre avec le nouveau chancelier allemand, qui l’avait appelé la « personne clé dans le monde » capable d’arrêter l’effusion de sang en exerçant une pression sur Poutine.
Les négociations de paix dans l’impasse
Les pourparlers de paix à Istanbul semblent avoir atteint un point mort. Lors du deuxième round de discussions, la Russie a présenté une proposition de cessez-le-feu exigeant que l’Ukraine renonce formellement à tous les territoires capturés dans les oblasts de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, ainsi qu’aux régions non encore saisies.
Le mémorandum russe demandait également des restrictions sur la taille de l’armée ukrainienne et un engagement de l’Ukraine à s’abstenir de rejoindre des alliances militaires étrangères ou de permettre à des troupes étrangères sur son territoire. De plus, il exigeait que l’Ukraine organise des élections dans les 100 jours suivant la signature de l’accord de cessez-le-feu, reflétant l’objectif de Moscou de remplacer Zelenskyy à Kiev.
Les négociateurs ukrainiens, qui avaient vu le mémorandum russe avant leur arrivée pour les pourparlers, sont repartis après environ une heure. Un troisième round de pourparlers est prévu pour les dix derniers jours de juin.
La guerre d’usure continue sur le terrain
Pendant que les diplomates échangent des ultimatums, la guerre d’usure se poursuit sur le terrain. En mai 2025, les forces russes ont saisi 449 kilomètres carrés de territoire ukrainien, selon le projet analytique OSINT DeepState. La route Pokrovsk-Kostiantynivka est la zone où la Russie a occupé le plus de terrain en mai : près de 200 kilomètres carrés.
Dans l’oblast de Soumy, les forces russes ont avancé d’au moins 110 kilomètres carrés. Les forces russes ont également progressé de 45 à 50 kilomètres carrés près de la frontière des régions de Donetsk et de Dnipropetrovsk.
Un sergent opérant dans une compagnie ukrainienne dans la direction de Soumy a déclaré que les forces russes ont changé de tactique et lancent des assauts d’infanterie en escouades d’environ 8 à 10 personnes, comparativement aux équipes de combat d’environ quatre personnes qu’elles utilisaient en mai 2025. Les forces russes utilisent des motos, des véhicules et des véhicules tout-terrain pour avancer rapidement, établir des positions et accumuler des forces pour d’autres attaques.
Le coût humain astronomique
Les chiffres des pertes humaines donnent le vertige. Selon les estimations, la Russie devrait atteindre le cap du million de victimes à l’été 2025. Au total, plus de 950 000 victimes russes ont été recensées, dont 250 000 morts. Pour mettre ces chiffres en perspective historique, la Russie a subi environ cinq fois plus de morts en Ukraine que dans toutes les guerres russes et soviétiques combinées entre la deuxième guerre mondiale et février 2022.
Du côté ukrainien, le président Zelenskyy a estimé en janvier 2025 que 400 000 soldats ukrainiens avaient été tués ou blessés. Les forces russes subissent en moyenne 1 140 victimes par jour selon les rapports.
L’escalade technologique
Cette guerre a également révolutionné l’usage des drones dans les conflits modernes. En mai 2025 seulement, la Russie a lancé 3 973 drones, 44 missiles balistiques et 75 missiles de croisière, tandis que l’Ukraine a intercepté 1 918 drones, 8 missiles balistiques et 57 missiles de croisière.
L’attaque ukrainienne sur les bombardiers russes soulève des questions importantes sur la vulnérabilité des systèmes de livraison d’armes nucléaires aériennes et navales face aux drones dans les pays qui possèdent de telles armes.
Conclusion : quand les dirigeants jouent, les peuples paient
Alors que Poutine et Zelenskyy s’échangent des coups spectaculaires – bombardiers en flammes d’un côté, missiles sur des immeubles résidentiels de l’autre – ce sont les populations civiles qui continuent de payer le prix fort. Les trois blessés de Kiev, les sept morts des incidents ferroviaires russes, les centaines de milliers de soldats tombés des deux côtés : autant de vies sacrifiées sur l’autel de l’orgueil géopolitique.

Cette escalade mutuelle, où chaque camp répond à l’attaque de l’autre par une riposte encore plus forte, illustre parfaitement l’impasse dans laquelle se trouvent les deux nations. Pendant que Trump suggère de les laisser « se battre encore un peu », les familles ukrainiennes et russes continuent de pleurer leurs morts dans une guerre qui semble n’avoir d’autre issue que l’épuisement total des deux camps.