Christian Dubé s’en prend aux jeunes médecins : un projet de loi liberticide dénoncé


IAN SÉNÉCHAL | Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a récemment déposé un projet de loi qui impose des contraintes sévères aux jeunes médecins formés au Québec. Cette nouvelle législation obligerait les nouveaux diplômés en médecine à travailler dans le secteur public pendant au moins cinq ans, sous peine d’amendes salées pouvant atteindre 200 000 $. Les contrevenants pourraient même se voir imposer ces pénalités à chaque infraction.

Cette mesure, présentée comme une réponse à la pénurie de médecins dans le réseau public, a provoqué un tollé, notamment de la part de Joanne Marcotte, analyste politique et ancienne membre du Comité Castonguay sur la santé. Marcotte a vivement critiqué cette approche, la qualifiant de « liberticide » et d’échec flagrant de la gestion du système de santé par le gouvernement.

« Pourquoi imposer une telle contrainte aux jeunes médecins? Parce que, nous dit-on, il manque de médecins dans le public. Mais cette pénurie résulte directement de la gestion déficiente de notre modèle de financement des études post-secondaires et du système de santé au grand complet », a-t-elle écrit, soulignant que ni le gouvernement ni les corporations médicales ne veulent former davantage de médecins, invoquant des limites budgétaires.

Dubé justifie son projet de loi en affirmant que trop de jeunes médecins choisissent le privé dès le début de leur carrière, bien que le gouvernement n’ait fourni aucune donnée pour soutenir cette affirmation. Pour Marcotte, ce manque de preuves crédibles illustre une stratégie gouvernementale basée sur la frime et le populisme. « Je ne serais pas étonnée que cette merde politique soit motivée par des sondages de Québécois tellement insatisfaits du gouvernement qu’ils ne savent même plus que ce sont eux qui ont créé tous les problèmes qu’ils subissent », déplore-t-elle.

Un gouvernement qui préfère contraindre plutôt que réformer

Joanne Marcotte va plus loin dans sa critique, en remettant en question la gestion globale du modèle québécois. Elle souligne l’incapacité de la classe politique à envisager des réformes structurelles profondes. « On a un gouvernement qui façonne la gouvernance à coups de décrets et de clauses dérogatoires, et ils adorent ça », observe-t-elle. Selon elle, une solution durable passerait par une révision complète du financement des études post-secondaires, en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs au Canada. « Désolée, mais on n’a plus les moyens d’être aussi généreux », tranche-t-elle.

Marcotte plaide également pour une refonte du système de santé en introduisant plus de cliniques spécialisées privées et en expérimentant des hôpitaux privés. Elle appelle à encourager, plutôt qu’à interdire, les agences de professionnels de santé dans les régions éloignées. Une telle modernisation, estime-t-elle, offrirait une véritable alternative à un système étouffé par les contraintes bureaucratiques et financières.

Un projet de loi mal avisé

Ce projet de loi, en plus d’être perçu comme une attaque directe contre la liberté des jeunes professionnels, reflète, selon Marcotte, l’échec idéologique des gouvernements québécois. « Les temps sont durs et même dangereux pour la liberté quand les gouvernements sont dans un cul-de-sac. La seule solution qu’il leur reste est de faire payer par les citoyens, la note de leurs erreurs et de leur idéologie. C’est le cas du Québec et du Canada », conclut-elle.

Pour Marcotte, ce n’est pas seulement une question de liberté individuelle : ce sont les fondements mêmes du modèle québécois qui sont en jeu. Avec cette loi, Christian Dubé s’attaque aux symptômes tout en évitant soigneusement de traiter les causes profondes du problème. Une fois de plus, le gouvernement privilégie la contrainte à la réforme, au grand dam des citoyens et des professionnels.



Inscription à notre infolettre

Aidez-nous en partageant