Mercredi, mars 26, 2025

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Gabriel Nadeau-Dubois claque la porte : Québec solidaire en pleine crise existentielle

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire (QS), a confirmé le 20 mars 2025 qu’il quittait ses fonctions à la tête du parti et qu’il ne se représenterait pas aux élections de 2026. Il a expliqué être « usé » par les deux dernières années marquées par des conflits internes au sein de la formation politique.

« Je ne suis plus la bonne personne pour unir et animer ce parti-là », a déclaré le député de Gouin, qui a pris cette décision après une longue réflexion pendant son récent congé parental. « Les deux dernières années n’ont pas été seulement dures pour Québec solidaire, elles ont été dures aussi pour moi », a-t-il souligné.

Un parti déchiré de l’intérieur

Les tensions internes qui ont miné QS ces dernières années sont nombreuses. GND a fait référence aux remous provoqués par les départs de Catherine Dorion et d’Émilise Lessard-Therrien. La première, qui ne s’est pas représentée en 2022, a publié un livre en novembre 2023 critiquant sévèrement la gestion de Nadeau-Dubois, tandis que la seconde a abandonné son poste de co-porte-parole féminine au printemps 2024, moins de quatre mois après sa nomination.

« Les crises successives ont laissé des traces », a avoué Nadeau-Dubois. « Je suis usé et je ne peux plus continuer dans ces circonstances-là, maintenant que je suis père de deux enfants ».

Le député a précisé qu’il était davantage épuisé par les luttes internes au sein de Québec solidaire que par ses échanges avec ses adversaires politiques. Cette situation illustre parfaitement le climat toxique qui règne au sein du parti.

Un bilan décevant et des résultats en chute libre

Les problèmes de QS remontent à l’élection générale de 2022, qui a suscité une profonde déception au sein du parti. Alors que les solidaires s’imaginaient devenir l’opposition officielle, ils ont dû se contenter de résultats bien en deçà de leurs attentes.

Plus récemment, lors de l’élection partielle de Terrebonne, la candidate solidaire Nadia Poirier n’a obtenu que 4,55 % des voix, une chute drastique par rapport aux 12,65 % récoltés en 2022. Dans les sondages, QS stagne entre 12 % et 14 % des intentions de vote.

Un avenir incertain pour Québec solidaire

Avec le départ de GND, c’est Ruba Ghazal, députée de Mercier, qui hérite d’un parti fragilisé et rongé par des guerres internes. Tout semble indiquer qu’elle se positionnera comme la figure de proue de QS pour les prochaines élections et qu’elle représentera la formation aux débats des chefs.

L’historien Robert Comeau estime que Québec solidaire restera ingérable : « GND n’a pas pu faire les changements qu’il souhaitait ; un parti plus proche de la population. Québec solidaire n’a pas d’avenir à mon avis ».

Le philosophe Jonathan Durand Folco soutient pour sa part que « la gauche électorale » est dans un piètre état et que « Québec solidaire est à la croisée des chemins ». Pour rebondir, le parti devra réussir à rebâtir des ponts entre sa frange électorale et ses militants implantés dans les mouvements sociaux.

L’ex-candidate solidaire Shophika Vaithyanathasarma estime que le départ de GND doit être le déclencheur d’une réflexion en profondeur au sein du parti. « On est, encore une fois, dans une crise identitaire », a-t-elle déclaré. Elle s’interroge également sur la pertinence du modèle de co-porte-parole : « Est-ce que le modèle de co-porte-parole fonctionne toujours? On revient à ça quand même ».

Un parti incapable de prendre le pouvoir?

Plusieurs observateurs établissent un parallèle entre QS et le NPD fédéral : « QS n’a pas que la couleur orange en commun avec le NPD fédéral, qui n’a jamais gouverné depuis sa fondation en 1961. » En 2026, QS aura 20 ans et n’a jamais fait élire plus que 12 députés, alors que le PQ a mis huit ans entre sa fondation et sa victoire de 1976, et la CAQ sept ans.

Le chroniqueur Jean-Philippe Léger résume la situation en des termes crus : « Gabriel Nadeau-Dubois voulait réformer QS. QS l’a plutôt broyé ». Selon lui, la carrière politique de GND aura été « celle d’un homme menotté », tiraillé entre dogme et compromis nécessaire, entre radicalité et réforme institutionnelle.

Alors que Nadeau-Dubois souhaitait faire de QS un « parti de gouvernement », il a plutôt été accusé de trahir les idéaux de gauche et de vouloir transformer QS en un parti comme les autres. Ces conflits de fond n’ont jamais été résolus, et les départs fracassants au sein du parti en sont les symptômes les plus visibles.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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